jeudi 14 décembre 2017

Numismatique beylicale de Tunisie - La Kharouba et le Kharoub - Entre nature et numismatique

Mise à jour du 2020.04.15
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       Suite à la déclaration du Ministre tunisien chargé de l'agriculture en date du 2020.04.15 sur la radio Mosaïque FM dans l'émission 7/7, affirmant que la Tunisie n'est pas exportateur de son blé, je me trouve tout de suite dans l'obligation de retirer mes propres affirmations en paragraphe 3 sur l'exportation du blé dur de la Tunisie à la France, tout en m'excusant auprès de mes lecteurs.
       Néanmoins, en tant que chercheur, j'entame de suite la vérification de mes sources qui semblent erronées et je confirmerai.
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Mise à jour du 2020. 06.06

      Malgré sa production céréalière annuelle autour de 15 millions de quintaux, la Tunisie n’atteint toujours pas l'autosuffisance en céréale (autour de 40 millions de quintaux) alors que la bonne moitié de ses terres érables ne sont pas exploitées. D'où l'obligation de l'importation. La France classée parmi les premiers producteurs et exportateurs de blé fournit régulièrement à la Tunisie la plupart de ses besoins vitaux de céréales et autres. 
     Ce qui m'a étonné dans mes premières recherches, c'est de ne pas trouver le détail des importations et des exportations dans les bases de données tunisiennes et à leur tête l'Institut National des Statistiques de Tunisie. Dans ces bases, on considère plutôt les gros chiffres comme pour l'huile d'olive, les dattes, les agrumes..., ceci  pour les produits agroalimentaires exportés, et on se soucie peu des petits chiffres à l'exportation ou à l'importation que l'on "jette" dans la rubrique "autres". 
Dans cette rubrique "autres", qui semble insignifiante pour certains responsables, devrait figurer un petit peu de blé dur de Tunisie, un produit de terroir géographique, dont les spécifications relèvent la qualité de certains produits  comme celles des pâtes alimentaires fabriquées par de grandes marques industrielles qui en importent.  
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Mise à jour du 2021. 03 29

Corrections: 
- Paragraphe précédant la figure 6: Mohamed 2 Bey (1855-1859) au lieu de Mohamed 3 Bey (1855-1859)
- Figure 6: "Monnaie de 6 Nasrys" au lieu de "Monnaie Nasry"; 1853 au lieu de 1854; 11.65 g au lieu de 18.3 g
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Figure 01 - Le Caroubier, Kharouba en dialecte tunisien

Pour beaucoup de Tunisiens, la Kharouba est un arbre géant. Son fruit, le Kharoub, une gousse marron d’une quinzaine de centimètres. L’arbre est majestueux. Complètement délaissé, plutôt déraciné, après l’indépendance, malheureusement.
Figure 02 – Gousse du Caroub (Kharoub en dialecte tunisien), fruit du Caroubier

Grâce à ses gousses, dénommées Kharoubs en dialecte tunisien, le Caroubier est un excellent fournisseur de sucre, en plus de la qualité de son essence de bois.
Figure 03 – Les graines de Caroub sont encastrées en colonne au milieu de la gousse. De part et d’autre se trouve la chaire du Caroub, très riche en sucre. Les graines de Caroub, pesant 0.2 grammes à l’identique, ont été à l’origine de création du Carat, la référence internationale en gemmologie diamantaire.

La Kharouba est un arbre qui a été introduit de manière généralisée en Tunisie par les colons dès le début du 20ème siècle en application d’une vaste stratégie agroalimentaire censée apporter d'excellentes denrées pour la France, comme pour le blé dur, difficile à produire dans le pays gaulois pour des raisons climatiques. Après l’indépendance, le peuple gaulois, toujours féru de blé dur et de ses riches caractéristiques naturelles, importent le blé dur de Tunisie pour lui filer en retour du blé tendre destiné à la fabrication du pain pour le « bon peuple », mais ceci est une autre histoire.
Quant à la stratégie coloniale de plantation d’arbres - à mentionner sur la liste des actions bienfaisantes des français (car il y en a pas mal et cela ne veut pas dire un « blanchissage » des effets néfastes de la colonisation) - a été de planter la colonie, de long et en large, sur les versants de toutes les routes, d’arbres géants et nourriciers, comme le Caroubier, le Mûrier ou l’Eucalyptus, qui s'adaptent fort bien au climat de l’Afrique du nord.
Quelques rescapés de ces arbres témoignent encore de leur implantation majestueuse sur nos routes. Et si ce n’est les bandes d’incultes et de cupides qui ont sévi après l’indépendance pour les abattre, la stratégie adoptée par les colons pour le long terme aurait été plus que bénéfique, rien que pour la production de sucre, sans minimiser l'apport substantiel en essences de Caroubier, de Murier ou d'Eucalyptus.

Figure 04 - Avers
Figure 04 - Revers

Figure 04 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie Kharouba en argent (billon) – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Mahmoud – Indications du revers : frappée à Tunis en 1251de l’hégire (1835 correspondant au règne du bey Mustapha) – Poids = 0.7g et diamètre =14mm – (réf.  TND Clt 07Bis).

En numismatique, les dénominations de Kharouba et de Kharoub correspondent à deux monnaies beylicales assez originales, mal connues et prêtant à confusion de par leurs dénominations rapprochées. Alors qu’elles sont différentes et assez distinguables par la nature de leur métal, l’une en argent et l’autre en cuivre.

Depuis la période des beys Husseinites, le terme Kharouba (monnaie) a été longtemps lié à Zibla (ordures). La « Zibla et Kharouba » est synonyme de taxe municipale. Un lien signifiant le payement d’argent en contrepartie de l’enlèvement des ordures.

La Kharouba est une petite monnaie à base d’argent, créée en 1739 sous le règne d’Ali Bey 1er (1735- 1756).
En subissant la crise économique du 18ème siècle, la Kharouba ayant à l’origine un poids d’environ 1 gramme, un titre d’argent de 440 pour mille (billon) et un diamètre de 12 mm, s’est retrouvée à la fin de son parcours sous Ahmed 1er Bey, une monnaie presque totalement en cuivre tachetée d’argent. Elle aura quand même survécu durant tout un siècle, tout en sachant qu’elle a été retirée périodiquement sous les règnes successifs d’Ali 2 Bey (1759 - 1782), Hamouda Bey El Husseini (1782 - 1814) et Mahmoud Bey (1814 - 1824), puis reprise sous Hussein 2 Bey (1824 - 1835), Mustapha Bey (1835 - 1837) et Ahmed 1er Bey (1837 - 1855) qui l’écartera définitivement suite à la réforme monétaire de 1847.

Figure 05 - Avers
Figure 05 - Revers

Figure 05 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie de 2 Kharoubs en cuivre – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Abdel Aziz Khan, écrits dans un rond entouré de deux palmes – Indications du revers : Période de Mohamed Sadok (bey), à Tunis en 1281de l’hégire (1864), écrits dans un rond entouré de lauriers avec indication du chiffre 2 – Diamètre = 28mm - (réf.  TND).

Quant au Kharoub, il s’agit d’une monnaie à base de cuivre, datant du 19ème siècle, créée sous le règne de Mohammed 2 Bey (1855 - 1859)* en remplacement du monnayage en cuivre dénommé Nasry (à ne pas confondre avec le fameux Nasri en argent des Hafsides), crée sous le règne du Bey Ahmed 1er (1837 - 1855).

Figure 06 - Avers
Figure 06 - Revers
 
Figure 06 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie 6 Nasrys* en cuivre – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Abdel Majid Khan, entourés de deux palmes – Indications du revers : Frappé à Tunis en 1269 de l’hégire (1853* correspondant à la période d’Ahmed 1er Bey -1837/1855-), entourés de feuilles d’oliviers – Diamètre = 28mm et poids = 11.65 g* - (réf.  TND).
*Corrections entreprises suite à la mise à jour du 2021.03.29

 

Figure 07 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie Nasri en argent, de forme carré et d’origine Hafside – (réf. TND).

Si la monnaie Kharouba a survécu de 1739 à 1847, le Kharoub pour sa part, ne dépassera pas la trentaine d’années sous les règnes successifs des beys Mohammed 3, Sadok et Ali 3.

Quant au majestueux arbre Kharouba, il semble reprendre de l’intérêt en ce début de 21ème siècle. Certains pays, comme la Grèce, qui l’ont aussi négligé, ont planifié sa large replantation en 2018, convaincu du profit de ses retombées économiques à l’international. En effet, la farine de ses gousses, reconnue pour ses vertus médicales et ses caractéristiques nutritionnelles élevées, est sans cesse demandée à l’exportation.

Monhel

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