Affichage des articles dont le libellé est Développement et actualités. Afficher tous les articles
Affichage des articles dont le libellé est Développement et actualités. Afficher tous les articles

mardi 7 mai 2024

Théodose et l’interdiction des jeux olympiques durant 17 siècles

Monnaies romaines – Monnaie en bronze à attribuer soit à Théodose 1er (379-395 JC) ou à Théodose 2 (408-450 JC). Pb182 lt 11.

Rappelez-vous que c'est l’empereur romain Théodose 1er (379-395 JC) qui fût à l'origine de l'interdiction du paganisme dans l'empire romain.

Par son édit d'interdiction* des cultes non monothéistes (paganisme) et d'instauration du catholicisme comme religion d'état de l'empire romain, Théodose 1er a cimenté en 380 JC la relation ETAT-RELIGION pour une longue période calamiteuse pour l'humanité.

Déjà, sous l'influence de l'évêque Ambroise de Milan, il supprima les dernières manifestations officieles du paganisme dans l'empire en interdisant les jeux Olympiques accusés de diffuser les religions païennes.Il publia également une loi interdisant l'homosexualité et punissant de mort les homosexuels.

Il aura fallu 17 siècles d'endurance pour que le monde civilisé puisse enfin séparer un tout petit peu l'ETAT de l'EGLISE. Avec beaucoup de mal et de sang. Les Français arrivent les premiers en 1789 à la déclaration universelle des droits de l'homme. Des droits bafoués pendant des siècles non pas par les concepts de la religion monothéiste mais par les "religieux politiques" qui se sont donné le droit de les appliquer en s'impliquant dans la gouvernance. Pendant des siècles, l'homme n'avait plus le Droit de penser, innover, créer, s'épanouir, construire...en dehors des commandements du créateur.

D'Hypathie la mathématicienne directrice de la bibliothèque d’Alexandrie, exécutée par ordre de l'église de Théodose, jusqu'à Galilée qui a osé affirmer que la terre tourne, que de calamités et d'endurance pour l'esprit humain provoqués par l'ingérence du religieux dans le pouvoir temporel. Alors que le créateur recommande dans ses trois livres saints de penser, d'innover, de créer, de s'épanouir, de construire...librement, sans aliénation.

Il aura fallu un autre Français, Pierre de Coubertin, deux siècles après la déclaration universelle des droits de l'homme, pour rétablir les jeux Olympiques dans leurs droits. Depuis, la flamme olympique ne cesse d’illuminer et d’unir « sportivement » l’ensemble des humains, sans discrimination de races ou de religions. Quoi que, soyons toujours vigilants, car les démons Théodosiens ne ratent aucune occasion pour assombrir la flamme.

*Le Code de Théodose ou Code théodosien (en latin : Codex Theodosianus) est un recueil de décisions impériales romain promulgué en 438 par Théodose 2 (408-450 JC). Il renferme en son sein, l’édit de Thessalonique de 380 JC prononcé par l’empereur Théodose 1er imposant le Catholicisme comme religion d’Etat de l’empire romain.

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright

 

dimanche 30 avril 2023

Mahmoud Ben Ayed: Escroc ou victime ?

 Ou, Khayria Bint Mahmoud Ben Ayed, premier discours féministe du monde arabo-musulman

Référence : paragraphe « 03.01.02 - Mahmoud Ben Ayed: Escroc ou victime ? », tiré du  cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 : « Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 », Monhel, 2020, Amazon.

«… 03.01.02 - Mahmoud Ben Ayed: Escroc ou victime ?

Figure 120 - Le Caïd et Général Mahmoud Ben Ayed en tenue de commandant de cavalerie - Né à Tunis en 1805 et décédé à İstanbul en 1880 – «Ministre du commerce» en 1837 dès l’intronisation de son ami Ahmed 1er Bey (1837- 1855) - «Fondateur –Directeur» en 1847 de la banque Al Amal, première banque dans le monde arabo-ottoman – Fondateur de la vallée industrielle d’El Battan El Medjerda - Le seul Caid nommé en même temps à la tête de deux Caïdats stratégiques sur le plan économique, celles de Djerba et de Bizerte – Portrait réalisé par le peintre orientaliste Eugène Delacroix - Réf. ARTmedina-tounes.

Il a été taxé d’escroc, par l’histoire actuelle.

Et s’il en était la victime ? Les deux à la fois ?

Un bâtisseur et un richard qu’on voulait abattre à tous prix, avec son mentor Ahmed 1er Bey (1837- 1855), pour des raisons de jalousie, de pouvoir et de modernité.

Plutôt, un génie. Un dignitaire du Makhzen, les services administratifs territoriaux de la régence beylicale. Un homme d’affaires cultivé, de grande famille historique. Fils de l’armateur et corsaire Mohamed Ben Ayed.

C’est sur ce reflet relevant de la fiction du complot, en contradiction avec l’Histoire « officielle », que le présent cahier s’attarde si peu.

En ne s’arrêtant pas sur le fait incriminé de l’escroquerie, plusieurs indices* militent pour un complot dépassant la propre personne de Mahmoud Ben Ayed (1805-1880). *Voir au paragraphe 03.01.03

Un complot pour écarter Ahmed 1er Bey (1837- 1855), dit le Bey Sarde, le tolérant, ouvert aux religions, au Christianisme et au Judaïsme. Un Bey cultivé, le plus grand réformateur politico-économique qu’a enfanté la régence de Tunis.

Un complot dont Mahmoud Ben Ayed, le bras droit et l’homme de confiance d’Ahmed 1er Bey, a su dévier juste à temps pour sauver sa propre tête en se réfugiant en France en 1852. L’Histoire le qualifie toujours d’escroc fuyard. S’il a pu sauver sa tête, il n’a pas pu malheureusement sauver celle de son mentor le Bey lui-même «décédé» en 1855, de mort naturelle diront la plupart. Ni celle de son bras droit technique, l’ingénieur Charles Benoit assassiné juste avant en 1854.

Avec son sens des affaires, axé sur le développement économique de la régence, une nuance à souligner, Mahmoud Ben Ayed a amassé une grande fortune, de façon légale puisqu’il pratiquait le Fermage (sous-traitance – Voir en Partie 03.04) des entreprises de l’Etat, une option politico-économique légale. En faisant surement profiter son ami le Bey des richesses récoltées.

Caïd et Général, incriminé d’escroc et sous la menace de mort, aucun homme intelligent n’aurait déguerpi à l’étranger, le temps d’organiser sa défense, sans prendre les mesures nécessaires pour assurer sa vie et celle de sa famille. En transférant son argent et en se naturalisant par décret français du 23 septembre 1852. Sa défense devant les tribunaux de Tunis et de France a nécessité beaucoup de temps et d’argent. Elle a donné lieu, entres-autres, à un arrêté favorable de Napoléon 3, mais culpabilisé en longueur dans la régence de Tunis.

En fait, le tort incriminé à Mahmoud Ben Ayed a été sa modernité.

Celle-là même qu’il partageait avec Ahmed 1er Bey (1837- 1855) pour assurer le développement économique de la régence de Tunis au diapason de la révolution industrielle en Europe,  avec l’appui de la France de Louis Philippe 1er et de son fils le Duc de Montpensier.

Culpabilisé non seulement de la part des conservateurs et des cheikhs, mais également de la part de son propre père, entré en conflit avec lui à cause de la création de la banque Al Amal et surtout, à cause de son partenariat avec le juif tunisien, le Caïd Nassim Schemama, qui, selon Jean Ganiage (18), le trahira en 1852 pour le pousser à l’exil et prendre sa place.

En quittant sa Tunisie pour la France, sa vision moderniste l’a bien suivie et il l’a entretenue au sein de sa seconde famille. Une famille qui s’est distinguée au début du 20ème siècle par la conférence de sa fille Khayria présentée à Vienne en langue Allemande et intitulée: «la femme et la question de l’émancipation sociale dans le monde musulman au début du XXème siècle». Une première pour le monde musulman et arabe. Une longue conférence sur le thème du féminisme (conférence traduite en arabe en 116 pages - ISBN 9789973084187) précédant d’une trentaine d’années l’évènement féministe du 20ème siècle en  Tunisie provoqué par l’écrit de Tahar Hadad sur l’émancipation de la femme. Khayria Bint Mahmoud Ben Ayed enfantera une autre grande féministe Nazli qui répercutera la tradition moderniste de la famille entre Orient et Maghreb.

N’ayant pas eu gain de cause suite à ses plaintes contre Nassim Schemama et ses neveux, appuyés par les Beys successifs Mohamed 2 (1855- 1859) et Mohamed 3 Sadok (1859- 1882), qui lui ont extorqués ses biens, et sentant venir les bouleversements de la colonisation française, Mahmoud Ben Ayed ne se sentait plus en sécurité en France et a préféré s’exiler à İstanbul où il mourût en 1880 entouré de ses enfants, dont ses deux fils qui épousèrent des princesses égyptiennes de la dynastie de son ami et modèle le grand réformateur Mohamed Ali.

On ne peut quitter Mahmoud Ben Ayed sans parler de sa grandeur de vivre, que ce soit dans son pays natal ou celui d’accueil où il s’appropria l’hôtel Collot sur le quai Anatole France à Paris, le château de Bouges dans l’Indres ou encore la galerie Mandar (actuelle Galerie Kugel) situé au 25 Quai d’Orsay, célèbre par le récit de Victor Hugo dans « Choses vues » qui rapporte les évènements dramatiques qui y ont lieu en 1832 suite à l’enterrement du Général Lamarque et les émeutes réprimées dans le sang.

Fig. 121 - Château de Bouges dans l'Indres acquis en 1856 par Mahmoud Ben Ayed, l'une de ses résidences en France après son départ définitif de Tunisie en 1852– Réf. ARTmedina-tounes –

De belles résidences qui lui ont permis d’inviter et de côtoyer les plus nobles d’Europe et du monde oriental, guidé toujours par cet esprit des affaires et de création de richesses. Il ne sera ni le premier, ni le dernier tunisien à fuir son pays natal pour des raisons de…réussite, de jalousie et de rancunes.

»…

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright



jeudi 9 mars 2023

La Melia, l’habit unique de la berbère nomade

 Le présent article est une reprise du paragraphe n°02 des « Généralités » du cahier artistique ARTmedina-tounes intitulé : « Bijoux berbères en argent de Tunisie » publié par Monhel le 24.01.2023 chez Amazon. Publié également sur le blog Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

« …

Fig.G01 - Patrimoine de Tunisie.  Femmes berbères habillées de la Melia originale de couleur bleu indigo et parées d’un ensemble de bijoux dont la Hadida, bracelet de main en argent, brillant en contraste avec le ton bronzé d’une peau tabassée par le soleil – Réf. ART medina-tounes. Photo de carte postale orientaliste. Annexe sur le copyright et les œuvres tombées dans le domaine public.

La Melia est l’habit porté durant des siècles de façon unique et indémodable par la femme berbère nomade d’origine Libyque, judaïsée ou christianisée, ainsi que par la bédouine arabe musulmane intégrée au Maghreb après son arrivée d’Arabie au 8ème siècle.

Les preuves identitaires matérialisées de la Melia et de ses bijoux nous sont parvenues assez tard notamment depuis la naissance de la photographie à partir de 1850 et de la période des peintres orientalistes. Durant cette période, multitudes de photos et de tableaux identitaires montrent la femme berbère et la bédouine arabe intégrée au Maghreb habillées en Melia.

Au départ, les bijoux en argent de la nomade berbère sont conçus en étroite liaison avec l’habit de la Melia et se distinguent par leur poids impressionnant. Un investissement garanti dans le métal mystique des berbères nomades alors que l’or était l’attraction des citadins des villes. Fibules, chaînes et pendentifs étaient à l’origine conçus en argent massif. Plus les bijoux en argent de la Melia étaient lourds et plus le sentiment de bien-être s’emparait du corps de la femme berbère active et battante pour la survie de la communauté. Une activité rythmée à chaque démarche dorlotée par le soleil en plein désert et dans les oasis. Depuis les deux bouts des seins écrasés par les Khlel (Fibules), au fin fond du corps et de l’esprit. Synchronisée par la grâce de ce mystique métal en argent dont la blancheur éclatante se marie à merveille avec la peau brunâtre tabassée par le soleil de la belle des oasis.

Avant leur intégration au Maghreb, les bédouins arabes arrivés au 8ème siècle en Afrique du nord avaient leurs propres habits, bijoux et coutumes spécifiques à la région d’Arabie. (Les bédouines d’Arabie s’habillaient en Djellabia ne nécessitant pas l’emploi de fibule, l’indispensable outil de la Melia). Ils avaient pour langue l’arabe et pour religion l’Islam. Ils se sont confrontés aux Libyco berbères originaires de l’Afrique du nord qui leur étaient différents par la langue (Berbère descendant du Libyque qui a évolué actuellement en langue Tamazighte écrite en Tifinagh), la religion (Croyances solaire et animale, judaïsme et christianisme) et les coutumes (Habits dont la Melia et ses bijoux en argent).

Pour se distinguer, ces communautés diverses ont introduit à leurs bijoux en argent d’origine berbère des symboliques propres à leur croyance religieuse telles que la croix de David à 8 branches ou la main de Shaba à 7 doigts pour les femmes juives (main inédite rapportée et dénommée par Monhel), la croix de Jésus pour les chrétiennes, la main de Fatma à 5 doigts ou les ronds lunaires avec ou sans croissant pour les bédouines arabes musulmanes (Voir en chapitre 08-05).

… ».

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright


jeudi 2 mars 2023

« Bijoux berbères en argent de Tunisie »

 

C’est le titre du n°4  des cahiers artistiques ARTmedina-tounes.

Récemment publié, il est disponible chez Amazon en versions ebook et papier.https://www.amazon.fr/Bijoux-berb%C3%A8res-en-argent-Tunisie/dp/B0BSWY5XH1/ref=sr_1_5?qid=1677806339&refinements=p_27%3AMoncef+Helioui&s=books&sr=1-5 

Ci-après sa note de description telle que présentée par Amazon:

« C’est un héritage heureux qui a fait bénéficier l’auteur d’un ensemble de bijoux berbères en argent et que très tôt, l’idée de les collectionner a germé dans sa tête jusqu’à aboutir à ce 4ème cahier artistique. Un document voulu pour laisser une trace contribuant soit peu à la sauvegarde du patrimoine multiethnique de Tunisie.

Pour lui, l’important pour cette première étape de publication est de répertorier le maximum de bijoux originels permettant une première sauvegarde de référence.

Une sauvegarde permettant aussi de sortir de l’oubli de merveilleux bijoux méconnus et inédits. Comme la boucle de ceinture de la Melia en argent de conception creuse, propre à la Tunisie, tombée dans l’oubli (Chapitre 14). Ou l’inédite «Main de Shaba» à 7 doigts, signe distinctif juif, rapportée et dénommée de la sorte par Monhel en allusion à une célèbre reine juive africaine (Chapitre 8.4.2).

Fig.101* Berbéro bédouine portant l’habit Melia et ses bijoux en argent, prise en photo par  l’orientaliste J. Garrigues connu pour avoir photographié la communauté juive de Tunisie et d’Alger. La main de Shaba à 7 doigts, symbolique juive, figure parmi les pendentifs de la parure de poitrine de la Melia. Réf. ARTmedina-tounes - Musée virtuel Helioui Ahmed de l’argenterie du patrimoine et des arts.

A côté de la référence matérielle du patrimoine de bijoux berbères en argent, l’auteur souligne l’importance de la référence identitaire constituée par les œuvres des photographes et peintres orientalistes. Un legs orientaliste de valeur immense par sa richesse artistique et culturelle qui a contribué à comprendre et conforter la signification de chaque bijou berbère en argent de par son emplacement sur l’habit de la Melia. Un legs redevable d’estime et de reconnaissance d’autant plus que l’ensemble de ces œuvres ayant dépassé pour la plupart les soixante-dix années d’existence, relève désormais du domaine public.

Quant à l’habituelle réflexion d’artiste pour ce cahier, elle est traitée cette fois-ci dans la partie «Généralités». Une réflexion liée au gâchis énorme observé durant la 2ème moitié du 20ème siècle engendrant la perte irrémédiable de la plupart des bijoux berbères en argent passés par le four de fusion des artisans bijoutiers des souks pour en faire des bijoux à la mode, comme ils disent…. »

L'auteur, né en 1952 à Tunis, est chercheur universitaire, diplômé en 1981 de l'université des sciences et techniques de Villeneuve d'Ascq à Lille en France. Collectionneur de bijoux berbères en argent, numismate et peintre, il œuvre pour la sauvegarde et la promotion du patrimoine multiethnique du «Maghreb africain», selon sa propre désignation. »

*La figure 101 mentionnant la main de Shaba ne fait pas partie de la note de description. Elle figure en page 87 du cahier artistique n°04 d'ARTmedin-tounes

 ARTmedina-tounes

            Copyright


dimanche 15 août 2021

Patrimoine beylical de Tunisie: Palais Essrarfia et Al Ahmedia

 Voici d’abord la présentation du palais Essrarfia telle que publiée en figure 118 du cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 intitulé : « Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 », édité en 2020 et distribué par Amazon.

En fait, cette photo sur carte postale du Palais Essrarfia, tombée dans le domaine public, mémorise l’arrivée solennelle en présence de troupes en Juin 1846, sur invitation d’Ahmed 1er Bey (Règne: 1837-1855), du Duc de Montpensier, fils de Louis Philippe 1, Roi des Français (Règne : 1831-1848)-

Si je parle de ces deux palais beylicaux c’est, d’abord, parce que la photo du palais Essrarfia n’apparaissait pas dans l’intéressant article de Mohamed El Aziz Ben Achour publié chez Leaders le 24.7.2021, intitulé : « Tunisie - La villégiature au temps des Beys » .

Ensuite, parce que la dénomination du palais Mohammedia, telle que citée dans l’article ci-dessus, est à mon sens une dénomination erronée, voire usurpée depuis Mhammad Bey (1855-1859), puisqu’il s’agit en fait du palais bâti par Ahmed 1er Bey (1837-1855) et qu’il devrait être dénommé plutôt Al Ahmedia. Je profite de cette occasion pour lancer un appel aux historiens et aux responsables concernés pour corriger cette « usurpation » historique qui dure depuis plus d’un siècle et demi.

Revenons à notre historien Mohamed El Aziz Ben Achour et à son article attrayant par ses multiples photos de belles demeures beylicales, dont voici la référence « https://www.leaders.com.tn/article/32191-tunisie-la-villegiature-au-temps-des-beys » et à qui j'adresse ci-après de saines remarques non désobligeantes, car loin de la polémique.

De par ma formation scientifique, je ne peux qu’assimiler les propos de notre éminent historien universitaire M. Ben Achour. Toutefois, il est toujours utile de débattre de vues différentes, d’autant plus que l’Histoire n’est pas une science exacte.

M. Ben Achour, vous semblez toujours irrité par le point de vue qui dit que le palais d’Ahmed 1 Bey (1837/1855) à Al Ahmedia (non Al Mohammadia et ceci est un autre point de vue) est d’inspiration architecturelle européenne à la Versailles : «  la chronologie est là pour démentir une soi-disant volonté d’Ahmed Bey d’imiter le Roi-Soleil. La Mohammedia a été achevée et 1842, c’est-à-dire quatre ans avant le voyage du prince tunisien en France »

L’argument de la chronologie de la date d’édification du palais en 1842 précédant le voyage d’Ahmed 1 Bey en France en 1846 ne tient pas debout. Pour la simple raison qu’il n’est pas nécessaire de visiter Versailles pour s’en inspirer.

Versailles a été édifié deux siècles auparavant et ses merveilleuses fontaines émerveillaient les grandes monarchies du monde. Ses plans architecturaux et la technologie de ses fontaines s’étudiaient déjà dans les grandes écoles.

Ahmed 1er Bey, dit le Bey Sarde, n’avait pas besoin d’y aller sur place pour pouvoir édifier son palais à la  « Versailles ». Il a fait appel à l’ingénieur Charles Benoit recruté en 1837 pour se charger de son édification (1) et de l’ensemble des réalisations industrielles tout près des sources d’El Medjerda qui ont duré jusqu’à 1854, date du décès de Charles Benoit, une année avant celle d’Ahmed 1er Bey.

A la mort de ce dernier, le cousin successeur Mohamed 2 Bey (1855-1859), dit Mhammad Bey, rancunier et débauché, déjà jaloux de la capacité d’entreprendre du Bey réformateur dit le Bey Sarde, a entrepris une autre politique de « destruction » des acquis du plus grand réformateur des beys de Tunisie et de son bras droit Mahmoud Ben Ayed, le bâtisseur de la vallée industrielle d’El Battan sous la supervision technique de l’ingénieur Charles Benoit (1, 2).

D’ailleurs vous confirmez indirectement en disant « à la mort du pacha, son successeur et cousin Mhammad fit transporter le mobilier et démonter l’essentiel des éléments d’architecture et de décor pour le palais de La Marsa. Ce qui subsista ne tarda pas à tomber en ruine ».

Mhammad Bey n’a pas uniquement dévalisé le palais d’Al Ahmedia, mais également les biens de la famille Mahmoud Ben Ayed dont le palais de son père Mohamed Ben Ayed situé à Gammarth et que vous avez cité en tant que propriété du fils Mahmoud. Le palais de ce dernier est la résidence actuelle de l’ambassadeur d’Angleterre. Un superbe palais et jardin confisqués par Mhammed Bey et offert à l’Angleterre de la reine Victoria, gratis.

Sur ce point, il est bon de rappeler aux lecteurs que Mahmoud Ben Ayed [dont je me demande s’il était escroc, victime ou les deux à la fois (2) (3) ] était assez aisé avant sa nomination par Ahmed 1er Bey, grâce à la fortune colossale de son père Mohamed, grand corsaire au service des Beys successifs Mahmoud (1814-1824), Hussein 2 Bey (1824-1835) et Mustapha Bey (1835-1837). Hussein 2 Bey n’a pas hésité à nommer Mohamed Ben Ayed, corsaire mais lettré, ambassadeur à Paris suite à l’arrêt imposé de la Course après 1927.

Ahmed 1er Bey est connu pour son admiration de la civilisation européenne, sans pour cela nier la grandeur de l’héritage arabo islamique que ce soit en science, en philosophie ou en architecture. Les merveilleux palais andalous aussi majestueux que le palais de Versailles en témoignent.

En fin de compte, sans faire appel à l’argument de la chronologie, il suffisait de s’adresser à un architecte d’Art pour confirmer la conception architecturale, arabe ou européenne, du palais d’Al Ahmedia.

Laissons à côté cet aspect formel sur l’architecture, car ce qui importe le plus est l’aspect lié à la sauvegarde de notre patrimoine. Vous l’avez bien dit en conclusion : « "----Au plan du patrimoine national, cette époque nous a légué de superbes témoignages d’architecture de plaisance, ainsi que de l’art des jardins. A nous de les conserver et de les exploiter à bon escient. ».

A ce propos, permettez-moi quelques observations :

-Vous avez eu l’opportunité d’agir vigoureusement pour la « conservation » et « l’exploitation » de ce patrimoine lorsque les occasions se sont présentées à vous en tant que haut cadre de Bourguiba et surtout de Ben Ali qui voulait valoriser les Beys par pique à Bourguiba.

En fait, même en tant que Ministre chargé de la Culture durant plus de 4 ans, nous n’avons vu ni exploitation, ni restauration des demeures beylicales restées en ruine à ce jour. Ni conservation, ni liste transparente publiée des objets des Beys (Tableaux, Bijoux, Mobilier,…), même ceux dont vous parlez dans un article précédent (Référence : «https://www.leaders.com.tn/article/31079-mohamed-el-aziz-ben-achour-un-palais-emblematique-du-despotisme-oriental-al-qasr-al-said   ») et que vous avez sortis de dépôts lugubres et de garages à l’abandon pour les restaurer et les emmagasiner à Ksar Said.

Permettez-moi de dire que votre restauration du carrosse du Bey est une calamité de mauvais goût et d’un manque de savoir-faire artistique. Un carrosse peint au blanc avec apparemment de la peinture usuelle, sans dorure, n'est pas digne du prestige beylical et ne peut servir qu’à transporter les touristes de plage.

A travers vos propos, vous avez parlé de négligence et d’un laisser tomber en ruine des demeures beylicales….et à aucun moment vous n’avez éclairé les lecteurs sur les responsables historiques de la destruction de ces palais et du vol de leurs mobiliers. En l’occurrence, la politique rancunière vis à vis des Beys de la part du despote éclairé Habib Bourguiba qui, nous le reconnaissons, a fait beaucoup mieux en politiques de santé, d’éducation, de planning familial et de libération de la femme.

-Vous avez présenté un ensemble bien vaste de palais des Beys et demeures de villégiature, mais vous avez omis, dommage, de parler du Palais ou Dar Ben Achour de Marsa Ville, héritage de votre ancêtre maternel Bouatour dont vous portez le prénom Mohamed Aziz grâce, sans doute, à votre père Abdelmalek, frère de notre illustre Uléma Mohamed Fadhel Ben Achour.

Ministre de la plume de Sadok Bey (1859-1882) de 1864 à 1882, puis Grand Vizir de 4 Beys successifs de 1882 à 1907, Mohamed Aziz Bouatour a battu les records de longévité à la gouvernance beylicale grâce sans doute à ses compétences et… selon les langues fourchues, à sa soumission au Résident Général de France.

Votre ancêtre maternel est né dans la maison familiale des Bouatour de la rue du Pacha à Tunis, l'actuelle bibliothèque Dar Ben Achour et il est décédé à la Marsa au palais rebaptisé Dar Ben Achour, propriété initiale du médecin italien de Sadok Bey et qu’il a racheté lorsque le Bey Ali 3 (1982-1902) s’est installé à la Marsa.

Terminons avec le palais Al Ahmedia avec une photo sur carte postale prise en 1878, tombée dans le domaine public, dont voici la présentation en figure 119 du cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 ci-dessus mentionné (3):

(1)          Anne Marie Planel, 2004, « Les ingénieurs des beys de Tunis : experts des réformes du 19ème siècle ? http:// books.openedition.org/irmc/1575 #ftn30 p.143-152

(2)          Observation : La source du grand historien Ibn Dhiaf contemporain des Beys Mohamed 2 et Mohamed 3 ne peut pas être une source fiable en ce qui concerne le conflit de ces Beys avec leurs prédécesseurs Ahmed 1er Bey et Mahmoud Ben Ayed

(3)       Cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 intitulé : « Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 », Monhel, édité en 2020 et distribué par Amazon.

N.B : Une coquille s’est glissée dans l’article à propos de la date de fin de règne d’Hussein 1er Bey: 1735 au lieu de 1740.

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright





jeudi 10 septembre 2020

Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 – Répertoire des monnaies beylicales en images

 

Le N° 3 de mes cahiers artistiques ARTmedina-tounes vient de paraître chez Amazon: «Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 – Répertoire des monnaies beylicales en images» https://www.amazon.fr/dp/B08GLQXMPD


Ci-après, la note de description:

«Le numéro 03 des cahiers artistiques ARTmedina-tounes est un répertoire de monnaies beylicales en or, en argent et en cuivre de la régence de Tunis, depuis l’annexion ottomane en 1574 à fin 1891, l’année de mise à l’écart définitif du système monétaire du Ryal (Piastre) et l’entrée en application effective du système monétaire du Franc.

La clarification du système monétaire beylical et des dénominations des monnaies ainsi que l’harmonisation entre les termes de vocabulaire locaux et européens ont été à l’origine de son élaboration. Sa Partie 01 leur sera amplement consacrée. Le but étant de lever les confusions véhiculées par certaines sources documentaires et autres catalogues de numismatique.

Son objet, à ne pas confondre avec un catalogue de numismatique listant les monnaies et fixant leur cote marchande, est d’abord la promotion et la sauvegarde du patrimoine numismatique de Tunisie.

Le répertoire de monnaies, traité en Partie 02, est accompagné d’innombrables photos de la plupart du monnayage en or, en argent et en cuivre de la régence de Tunis. Des photos, certes, pas au top de la qualité, mais d'utilité pratique pour la reconnaissance de visu des différentes monnaies. Le manque de monnaies beylicales à cause de leur déperdition et leur rareté, même dans les musées de Tunisie et dans le monde, a fait que la plupart des photos proviennent de collections privées et autres inédites anonymes.

Quant à la réflexion d’artiste, particularité des cahiers artistiques ARTmedina-tounes, traitée en Partie 03, elle va à la rencontre de personnages influents ayant côtoyé le Bey réformiste Ahmed 1er (1837-1855), dit le Bey Sarde, initiateur de la réforme monétaire de 1847. A leur tête, Mahmoud Ben Ayed, l’ami intime et insoupçonné du Bey, le bâtisseur chargé des réformes économiques et qui, sous la menace, réprimé pour sa modernité et ses réformes, s’est vu obligé de se réfugier en France en 1852. Est-il vraiment un escroc comme l’ont taxé les historiens ? Une victime ? Y a-t-il eu un complot contre sa personne et son mentor Ahmed 1er Bey ?

Parmi les intrigues entourant Mahmoud Ben Ayed, le présent cahier divulgue pour la première fois l’existence d’un somptueux monument qu’il a bâti dans la banlieue sud de Tunis au bord de la plage et qui est passé inaperçu aux yeux des historiens et des archéologues. Ce monument aurait-il abrité une partie de ses trésors ? La partie 03.01.04 s’y intéresse.

En parlant de Mahmoud Ben Ayed, le bâtisseur de la vallée industrielle située à El Battan d’El Medjerda à une vingtaine de kilomètres de Tunis, on ne peut ne pas parler de son maître d’œuvre, le jeune ingénieur français Charles Benoit, dont la destinée l’a vite amené à la réalisation des plus grandes réformes de la régence de Tunis dès l’intronisation d’Ahmed 1er Bey en 1837. En plus de ses réalisations industrielles et ses manufactures de haute technologie de l’époque, Charles Benoit sera le concepteur de la réforme monétaire de 1847 et l’architecte du nouvel hôtel des monnaies Dar Essika du Bardo. Sans oublier le nouveau palais beylical d’Al Ahmedia et non Mohamedia comme usurpé par son successeur Mohamed 2 Bey (1855- 1859). Al Ahmedia est un palais de prestige et de grandeur à la «Versailles» comme l’a rêvé son initiateur Ahmed 1er Bey (1837-1855), aménagé de 1844 à 1854 et abandonné par un successeur « débauché », « rancunier » et « jaloux », avant d’être gommé par le despote éclairé de 1957. 

Quant aux annexes, elles présentent des informations culturelles originales liées au patrimoine. Comme l’annexe 14 relative à la médaille d’or de notre maître artisan bijoutier joaillier Ahmed Helioui, obtenue en 1925 à Paris pour la conception de la dentelle en argent. Ou encore l’annexe 15, plutôt actuelle, liée au traitement des collections familiales par l’Administration et qui appelle à l’élaboration d’une nouvelle stratégie de gestion du patrimoine axée sur la rentabilité économique et le partenariat Public – Privé, gagnant-gagnant. »

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright


vendredi 7 août 2020

Monique Mueller Barbier – Paix à son âme

 

Elle nous a quittés le 7 août 2019 à l’âge de 90 ans dans sa ville chérie Genève.

Paix à son âme.

Fig. 01 – Monique Mueller la souriante

La vie durant, elle a baigné dans l’Art depuis sa venue au monde. Avec un père collectionneur de tableaux contemporains de Picasso, Matisse…, elle suit le même chemin avec, aussi, la même attirance vers l’art Africain.

Fig.02 – Art Africain – Sculpture sur bois -

Avec un mari collectionneur d’arts « lointains », termes préférés à arts « primitifs », elle se retrouve à la tête de la plus grande collection au monde de provenance africaine, asiatique ou sud-américaine. Le Musée et la Fondation créés à Genève aux noms de Mueller-Barbier garderont leurs âmes vivantes au grand bonheur des visiteurs proches et lointains

Fig.03 – Musée Barbier-Mueller à Genève

On ne peut oublier la sensible et la grande mécène.

L'amoureuse des Arts.

Ni elle, ni son père Joseph Mueller, ni son mari Jean Paul Barbier à qui nous avons consacré un article publié le 01.05.2019 sur notre blog ARTmedina-tounes.

Fig. 04 - La jeune Monique Mueller en 1953 avec Jean-Paul Barbier au temps des fiançailles - Réf. Musée Barbier-Mueller à Genève -

On ne peut pas les oublier, car ils ont consacré leur vie "contre l’oubli" des  déconsidérés. Les ethnies gommées, oubliées, parfois massacrées. En récoltant leurs infimes traces et objets, délaissés dans le monde, notamment en Afrique et en Asie, pour faire revivre leurs âmes dans les expositions et les musées.

Salut l’artiste.

Avec un brin de jasmin de la Medina de Tunis.

De la part de Monhel qui a adopté la devise de « Contre l’oubli », si chère à J.P.Barbier.

ARTmedina-tounes

Copyright

jeudi 6 février 2020

Rudolf Lehnert – Berbéro-bédouines dénudées: Contre l’oubli


Photographe orientaliste de renommée mondiale, Rudolf Lehnert est né en 1878 en Autriche. Mort en 1948 en Tunisie, son pays de cœur.
Figure 01 – Rudolf Lehnert (1878- 1948) et son appareil photographique de haute technologie de l’époque - (Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01).
Sa technicité remarquable, il la détient grâce à sa formation dans la première école de photographie au monde créée en 1888 à Vienne en Autriche.
Il s’installe en 1904 à Tunis avec son associé Allemand Ernest Landrock chargé de la gestion commerciale de leur entreprise photographique. Entre 1904 et 1914, il photographie la Tunisie, l’Algérie et la Lybie.
A la veille de la première guerre mondiale (1914-1918), il est arrêté pour espionnage, emprisonné et ses œuvres confisquées, avant de se retrouver réfugié en suisse durant la guerre.
En 1924, il s’installe avec son associé au Caire pour photographier l’Egypte et la Palestine. Sa nostalgie et sa passion pour la Tunisie l’incita à s’y réinstaller en 1930 pour ne plus la quitter jusqu’à sa mort en 1948 où il est enterré au côté de son épouse au cimetière de Carthage.
Ses œuvres photographiques couvrent la ville arabe, les rues, les souks, les oasis, les portraits et les métiers sous toutes ses formes dont le plus vieux au monde.
Monhel les classe en deux catégories: les «photos orientalistes identitaires» et les «photos orientalistes de mise en scènes».
Les photos orientalistes identitaires constituent un legs culturel et une référence historique de grande valeur pour le patrimoine multiethnique de Tunisie. Une empreinte identitaire depuis la deuxième moitié du 19ème siècle, coïncidant avec la naissance de la photographie, jusqu’à la fin de la première moitié du 20ème siècle. Des photos permettant de retrouver durant cette période les habits originaux des différents groupes ethniques, leurs bijoux, les métiers, les ustensiles de cuisine, l’architecture…
Figure 02 - Rudolf Lehnert – Bédouine sur carte postale portant l’habit de la Melia de Tunisie, parée de ses bijoux typiques en argent:
- deux fibules rondes en argent liées par une chaine à trois pendentifs, deux mains de Fatma et un rond lunaire, et un talisman
- Collier du raz du cou à trois chaines avec pendeloques à chainettes
- Double foulards retenus avec une chaine au-dessus de la tête dont les extrémités portent deux grandes boucles pendantes en face des oreilles
- Deux bracelets de main, de petite et moyenne largeur
La bédouine est assise sur un banc à coude couvert par une couverture en laine, à côté d’une Charbia (gargoulette) à eau - Carte postale 867 de la marque LL: Lehnert et Landrock - (Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01).
Pour les photos orientalistes de «mise en scène», non identitaires selon la distinction de Monhel, R.Lehnert s’est avéré un scénariste hors pair en produisant une photographie érotique au décor et aux personnages orientalistes.
Les photos de nus de R.Lehnert ont circulé sur cartes postales dans le monde entier et se sont révélé un grand succès commercial. On dit qu’elles ont été mises en scène avec des modèles professionnels issus de maisons closes de Tunis, Alger ou Tanger. Toujours est-il qu’elles ont été produites à but lucratif encouragées par la propagande colonialiste.
Rudolph Lehnert a été parmi les talentueux photographes orientalistes, à côté de Joseph Geiser, Léon et Levy…, qui mettront en scène des berbéro-bédouines dénudées, femmes et enfants, dont les photos à but lucratif serviront à garnir les cartes postales de la France colonialiste. Une France qui a laissé faire lorsqu’il s’est agi de groupes ethniques, musulmans et juifs, indigènes comme ils disent, berbéro bédouines, filles et garçons. Une France qui ne l’a pas permis pour les français chrétiens, filles et garçons… puritains.
Figure 03 - Rudolf Lehnert – Photo d’enfants complètement dénudés – (ARTmedina-tounes)
La question la plus embarrassante a trait à la mise en scène d’enfants nus. Beaucoup de critiques trouvent ces photos et ces cartes postales osées, provocantesde haute qualité technique, mais aussi, offensantes à l’identité arabo-musulmane.
Figure 04 - Rudolf Lehnert – Chef d’œuvre photographique en noir et blanc mettant en relief l’ombre d’une bédouine nue au centre de son Sefsari à voile, à l’entrée du Ouist Ed Dar (Centre à ciel ouvert de maison typique arabe) – Réf. ARTmedina-tounes -
Sans nul doute, Rudolf Lehnert est l’un des plus brillants photographes orientalistes qui ont exercé en Tunisie et qui, par ses œuvres notamment identitaires, a gravé une empreinte artistique multiethnique et inestimable pour le patrimoine de la Tunisie lors de sa période orientaliste.
Figure 05 - Rudolf Lehnert – Photo d’enfant de bédouine dénudée montrant la moitié du sein, parée de deux bracelets en argent à la main et de Khors (Boucles d’oreilles) à tête de serpent aux oreilles fleuries – (ARTmédina-tounes).
Ses cartes postales sont reconnues par la marque L.L, initiales de Lehnert et son associé Landrock, à ne pas confondre avec la célèbre marque plus ancienne L.L de Léon et Levy installés en France.
Figure 06. - Rudolf Lehnert – Photo de type identitaire, selon la classification de Monhel, montrant un tunisien en habit traditionnel et accessoires typiques:
- Djebba de couleur ocre en tissu Stakrouda (Lin), brodée de motifs Naouaras (double motifs de fleur ronde placés en position de poitrine) en fil de coton vert olive, au-dessus d’une chemise blanche et couverte à moitié par un Burnous (Cape) en laine blanche porté sur les épaules
- Chechia rouge sur la tête enroulée par une Kechta (multitude de fils tressés en laine blanche) –
-Fleur Kronfol rouge et un Mechmoum en Jasmin blanc retenus par la Chechia au-dessus des oreilles - 
Réf.Carte postale LL 530 de Lehnert et Landrock (ARTmédina-tounes).
Aujourd’hui, la cote artistique de R.Lehnert est sans cesse croissante. Ses photos traduisent la haute qualité technique du photographe et du metteur en scène. Outre l’aspect technique des photos de R.Lehnert, leur contemplation apporte pour beaucoup, de la passion et du rêve bienfaisant, nostalgique. 
Loin des polémiques causées par l’utilisation des photographies de nus entreprises à une époque donnée, faisant partie de l’Histoire, les œuvres orientalistes, photos et peintures, pourraient constituer une formidable plateforme de communication artistique et culturelle entre les deux rives de la méditerranée, de retombées culturelles et économiques rentables pour la Tunisie diverse et multiculturelle.
Figure 07 – Photo de tunisienne juive aux seins nus, portant la coiffe triangulaire de symbolique juive au-dessus de la tête - Réf. Carte postale orientaliste anonyme (ARTmedina-tounes).
Ceci est pour l’aspect technique et de promotion du patrimoine.
L’aspect négatif, à classer, mais à ne point oublier, est le mal causé aux groupes ethniques des berbéro bédouins, musulmans et juifs, dits indigènes, vulnérables par la pauvreté économique subie et favorisée par la France colonialiste.


Figure 08 – Rudolph Lehnert – Photo d’enfant berbéro-bédouine, complètement nue, parée uniquement de ses bijoux typiques en argent:
-Collier en argent de poitrine avec un rond massif ouvert à chainettes et pendeloques
- Collier en agent du raz du cou à chainettes et pendeloques à moitié caché par un autre collier à perles
– Bracelets de moyenne largeur aux mains
– Khors (Boucle d’oreilles) retenu sur les cheveux –
La musicienne brandit entre ses deux mains le Tar (outil de musique arabe constitué de la peau de chameau étirée et retenue par un rond cylindrique en bois fin d’épaisseur environ 10 cm, troué 5 fois en positions hexagonales; chaque trou retenant 2 à 3 ronds en cuivre, permettant de provoquer au moindre mouvement le son caractéristique du Tar – Réf. Carte postale de R.Lehnert - (ARTmedina-tounes).
Le reproche à ces talentueux photographes et peintres orientalistes est d’avoir profité de la misère des gens pour les dénuder à but commercial et de prostitution, surtout lorsqu’il s’est agi d’enfants, en contradiction avec les concepts de leur culture et en bafouant leur dignité, leur respectabilité. Aidés en cela par l’effet pervers du colonialisme et sa propagande.
Les dénuder pour vendre leur chaire sur les cartes postales partout dans le monde, en leur incrustant en même temps une image de marque irrémédiable de miséreux, au su et vu des autorités coloniales qui laissaient faire lorsqu’il s’est agi « d’indigènes ». Des actes de nudité et de prostitution plus que condamnable lorsqu’il s’agit d’enfants.

Figure 09 - Rudolf Lehnert – Photo d’enfant à moitié dénudé - (ARTmédina-tounes).
Justement, c’est contre l’oubli, pour que cela ne se reproduise plus, qu’il faudrait constamment remémorer ces actes bafouant la dignité et la respectabilité d’autres groupes ethniques, petits ou grands, qui, à un moment donné de l’Histoire, malgré leur passé glorieux, se sont retrouvés vulnérables.
Ce qui s’est passé avec les enfants des berbéro bédouins dénudés sur les cartes postales, tout comme les groupes ethniques africains montrés dans des cages à zoo à Vincennes sous les autorités coloniales françaises, est de la même ampleur intentionnelle de ce qui s’est passé avec le groupe ethnique juif qui a subi la même indignité et, circonstances aidant, le plus pire jusqu’à l’extrême horreur de l’holocauste.
Figure 10 – Photo de femmes et enfants dénudés et exposés sur la Revue Voila du 16 Janvier 1932, avec comme slogan révélateur« Comme il vous plaira - Vierges noires de Djibouti » - (ARTmedina-tounes)
Dans ses cahiers artistiques ARTmedina-tounes n°01 et n°02, intitulés: «La fibule berbère, la Melia et le vœu de la paix» et «Les Tabarquins et le corail rouge de Tunisie», publiés en 2015 et en 2017 et distribués sur Amazon.fr, l’auteur demande* aux autorités françaises  qu’il est temps de présenter des excuses officielles aux groupes ethniques colonisés, femmes et enfants, pour le mal causé par la France colonialiste en laissant publier leurs photos nus sur les cartes postales françaises.
Car, sans excuses, nul pardon.
«Contre l’oubli, pour le pardon» est le slogan affiché dans les cahiers artistiques suscités de l’auteur qui renouvelle par la présente sa demande* à qui de droit pour que la France, le pays de la déclaration des droits de l’Homme, fasse le geste noble de s’excuser pour les torts subis par les berbéro bédouins et les dits indigènes, maltraités et offensés dans leur dignité.
Le « Contre l’oubli » sera toujours dans nos mémoires et le doigt toujours pointé sur l’Hexagone colonialiste pour que l’infâme indignité ne se reproduise plus.
Nous avons parlé de la manipulation malsaine à travers les cartes postales française de nus des berbéro-bédouins, femmes, hommes et enfants.
Nous n’avons pas encore parlé des objets d’Arts détournés par la France colonialiste et toujours exposés dans ses musées, sans honte et sans dignité.
Monhel
ARTmedina-tounes
Copyright

*Lors de la visite d'Emmanuel Macron à Tunis en 2018, et toujours dans sa démarche de «Contre l’oubli, pour le pardon», l’auteur a renouvelé sa demande par mail au cabinet présidentiel de l’Elysée et à l’Ambassade de France à Tunis, restée toujours sans réponse.