jeudi 14 décembre 2017

Numismatique beylicale de Tunisie - La Kharouba et le Kharoub - Entre nature et numismatique

Mise à jour du 2020.04.15
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       Suite à la déclaration du Ministre tunisien chargé de l'agriculture en date du 2020.04.15 sur la radio Mosaïque FM dans l'émission 7/7, affirmant que la Tunisie n'est pas exportateur de son blé, je me trouve tout de suite dans l'obligation de retirer mes propres affirmations en paragraphe 3 sur l'exportation du blé dur de la Tunisie à la France, tout en m'excusant auprès de mes lecteurs.
       Néanmoins, en tant que chercheur, j'entame de suite la vérification de mes sources qui semblent erronées et je confirmerai.
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Mise à jour du 2020. 06.06

      Malgré sa production céréalière annuelle autour de 15 millions de quintaux, la Tunisie n’atteint toujours pas l'autosuffisance en céréale (autour de 40 millions de quintaux) alors que la bonne moitié de ses terres érables ne sont pas exploitées. D'où l'obligation de l'importation. La France classée parmi les premiers producteurs et exportateurs de blé fournit régulièrement à la Tunisie la plupart de ses besoins vitaux de céréales et autres. 
     Ce qui m'a étonné dans mes premières recherches, c'est de ne pas trouver le détail des importations et des exportations dans les bases de données tunisiennes et à leur tête l'Institut National des Statistiques de Tunisie. Dans ces bases, on considère plutôt les gros chiffres comme pour l'huile d'olive, les dattes, les agrumes..., ceci  pour les produits agroalimentaires exportés, et on se soucie peu des petits chiffres à l'exportation ou à l'importation que l'on "jette" dans la rubrique "autres". 
Dans cette rubrique "autres", qui semble insignifiante pour certains responsables, devrait figurer un petit peu de blé dur de Tunisie, un produit de terroir géographique, dont les spécifications relèvent la qualité de certains produits  comme celles des pâtes alimentaires fabriquées par de grandes marques industrielles qui en importent.  
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Mise à jour du 2021. 03 29

Corrections: 
- Paragraphe précédant la figure 6: Mohamed 2 Bey (1855-1859) au lieu de Mohamed 3 Bey (1855-1859)
- Figure 6: "Monnaie de 6 Nasrys" au lieu de "Monnaie Nasry"; 1853 au lieu de 1854; 11.65 g au lieu de 18.3 g
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Figure 01 - Le Caroubier, Kharouba en dialecte tunisien

Pour beaucoup de Tunisiens, la Kharouba est un arbre géant. Son fruit, le Kharoub, une gousse marron d’une quinzaine de centimètres. L’arbre est majestueux. Complètement délaissé, plutôt déraciné, après l’indépendance, malheureusement.
Figure 02 – Gousse du Caroub (Kharoub en dialecte tunisien), fruit du Caroubier

Grâce à ses gousses, dénommées Kharoubs en dialecte tunisien, le Caroubier est un excellent fournisseur de sucre, en plus de la qualité de son essence de bois.
Figure 03 – Les graines de Caroub sont encastrées en colonne au milieu de la gousse. De part et d’autre se trouve la chaire du Caroub, très riche en sucre. Les graines de Caroub, pesant 0.2 grammes à l’identique, ont été à l’origine de création du Carat, la référence internationale en gemmologie diamantaire.

La Kharouba est un arbre qui a été introduit de manière généralisée en Tunisie par les colons dès le début du 20ème siècle en application d’une vaste stratégie agroalimentaire censée apporter d'excellentes denrées pour la France, comme pour le blé dur, difficile à produire dans le pays gaulois pour des raisons climatiques. Après l’indépendance, le peuple gaulois, toujours féru de blé dur et de ses riches caractéristiques naturelles, importent le blé dur de Tunisie pour lui filer en retour du blé tendre destiné à la fabrication du pain pour le « bon peuple », mais ceci est une autre histoire.
Quant à la stratégie coloniale de plantation d’arbres - à mentionner sur la liste des actions bienfaisantes des français (car il y en a pas mal et cela ne veut pas dire un « blanchissage » des effets néfastes de la colonisation) - a été de planter la colonie, de long et en large, sur les versants de toutes les routes, d’arbres géants et nourriciers, comme le Caroubier, le Mûrier ou l’Eucalyptus, qui s'adaptent fort bien au climat de l’Afrique du nord.
Quelques rescapés de ces arbres témoignent encore de leur implantation majestueuse sur nos routes. Et si ce n’est les bandes d’incultes et de cupides qui ont sévi après l’indépendance pour les abattre, la stratégie adoptée par les colons pour le long terme aurait été plus que bénéfique, rien que pour la production de sucre, sans minimiser l'apport substantiel en essences de Caroubier, de Murier ou d'Eucalyptus.

Figure 04 - Avers
Figure 04 - Revers

Figure 04 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie Kharouba en argent (billon) – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Mahmoud – Indications du revers : frappée à Tunis en 1251de l’hégire (1835 correspondant au règne du bey Mustapha) – Poids = 0.7g et diamètre =14mm – (réf.  TND Clt 07Bis).

En numismatique, les dénominations de Kharouba et de Kharoub correspondent à deux monnaies beylicales assez originales, mal connues et prêtant à confusion de par leurs dénominations rapprochées. Alors qu’elles sont différentes et assez distinguables par la nature de leur métal, l’une en argent et l’autre en cuivre.

Depuis la période des beys Husseinites, le terme Kharouba (monnaie) a été longtemps lié à Zibla (ordures). La « Zibla et Kharouba » est synonyme de taxe municipale. Un lien signifiant le payement d’argent en contrepartie de l’enlèvement des ordures.

La Kharouba est une petite monnaie à base d’argent, créée en 1739 sous le règne d’Ali Bey 1er (1735- 1756).
En subissant la crise économique du 18ème siècle, la Kharouba ayant à l’origine un poids d’environ 1 gramme, un titre d’argent de 440 pour mille (billon) et un diamètre de 12 mm, s’est retrouvée à la fin de son parcours sous Ahmed 1er Bey, une monnaie presque totalement en cuivre tachetée d’argent. Elle aura quand même survécu durant tout un siècle, tout en sachant qu’elle a été retirée périodiquement sous les règnes successifs d’Ali 2 Bey (1759 - 1782), Hamouda Bey El Husseini (1782 - 1814) et Mahmoud Bey (1814 - 1824), puis reprise sous Hussein 2 Bey (1824 - 1835), Mustapha Bey (1835 - 1837) et Ahmed 1er Bey (1837 - 1855) qui l’écartera définitivement suite à la réforme monétaire de 1847.

Figure 05 - Avers
Figure 05 - Revers

Figure 05 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie de 2 Kharoubs en cuivre – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Abdel Aziz Khan, écrits dans un rond entouré de deux palmes – Indications du revers : Période de Mohamed Sadok (bey), à Tunis en 1281de l’hégire (1864), écrits dans un rond entouré de lauriers avec indication du chiffre 2 – Diamètre = 28mm - (réf.  TND).

Quant au Kharoub, il s’agit d’une monnaie à base de cuivre, datant du 19ème siècle, créée sous le règne de Mohammed 2 Bey (1855 - 1859)* en remplacement du monnayage en cuivre dénommé Nasry (à ne pas confondre avec le fameux Nasri en argent des Hafsides), crée sous le règne du Bey Ahmed 1er (1837 - 1855).

Figure 06 - Avers
Figure 06 - Revers
 
Figure 06 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie 6 Nasrys* en cuivre – Indications de l’avers : sultan (ottoman) Abdel Majid Khan, entourés de deux palmes – Indications du revers : Frappé à Tunis en 1269 de l’hégire (1853* correspondant à la période d’Ahmed 1er Bey -1837/1855-), entourés de feuilles d’oliviers – Diamètre = 28mm et poids = 11.65 g* - (réf.  TND).
*Corrections entreprises suite à la mise à jour du 2021.03.29

 

Figure 07 – Numismatique beylicale de Tunisie – Monnaie Nasri en argent, de forme carré et d’origine Hafside – (réf. TND).

Si la monnaie Kharouba a survécu de 1739 à 1847, le Kharoub pour sa part, ne dépassera pas la trentaine d’années sous les règnes successifs des beys Mohammed 3, Sadok et Ali 3.

Quant au majestueux arbre Kharouba, il semble reprendre de l’intérêt en ce début de 21ème siècle. Certains pays, comme la Grèce, qui l’ont aussi négligé, ont planifié sa large replantation en 2018, convaincu du profit de ses retombées économiques à l’international. En effet, la farine de ses gousses, reconnue pour ses vertus médicales et ses caractéristiques nutritionnelles élevées, est sans cesse demandée à l’exportation.

Monhel

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mardi 14 novembre 2017

Numismatique beylicale de Tunisie - Les Nasrys en cuivre d’Ahmed 1er Bey, très vite remplacés par les Kharoubs

Note du 04.11.2020

Article en cours de mise en conformité avec les nouvelles données mentionnées dans le cahier artistique ARTmedina-tounes n°03, intitulé: " Système monétaire de la régence de Tunis 1754 - 1891" (https://www.amazon.fr/Syst%C3%A8me-mon%C3%A9taire-r%C3%A9gence-Tunis-1574-1891/dp/B08GLQXMPD).


ARTmedina-tounes


samedi 28 octobre 2017

Judée et Samarie - Deux citadelles réputées imprenables

Fig.01 - Citadelle de Massada sur les hauteurs du « grand rocher » près de Jerusalem, reliée par la « rampe route » construite en 73 J.C par les romains pour pouvoir y accéder et la faire tomber. Les vaincus de Massada, à leur tête Ben Yair, ont préféré la mort au lieu de se livrer.

Deux citadelles distantes l’une de l’autre d’à peine une centaine de kilomètres. La première, située en Judée. La seconde, en Samarie.

Elles ont été le théâtre de grands évènements historiques qui ont bouleversé la destinée des trois religions monothéistes.

La citadelle juive de Massada, tout près de Jérusalem, prise en l’an 73 après J.C par le général romain Flavius Silva sous les ordres de Titus, mettant fin ainsi à la première grande révolte juive contre le colonisateur romain.

Une citadelle bâtie sur un emplacement stratégique, sur les hauteurs impressionnantes de l’immense rocher de Massada près de Jérusalem. Une citadelle quasiment imprenable qui a servi comme dernier refuge au chef de la révolte Ben Yair et ses compagnons solidaires dans la vie et dans la mort.

Malgré le très long siège imposé par les romains, la citadelle de Massada est restée imprenable. Il aura fallu d’une idée ingénieuse, d’ampleur pharaonique pour y accéder et la faire tomber, et en même temps, faire entrer sa légende dans l’histoire. Une légende de bravoure des vaincus qui ont choisi le suicide collectif au lieu de se livrer à l’ennemi.

L’idée ingénieuse des romains a été d’ensabler le vide séparant le rocher de la citadelle à la plus proche colline d’en face. Les nombreux esclaves juifs ramenés par les romains de toutes les régions de la Judée et Samarie ont dû verser des tonnes et des tonnes de sable et de… sueur, pour pouvoir dresser une route praticable jusqu’au niveau du mur supérieur de la citadelle, permettant ainsi d’y accéder. Une route savamment construite puisqu’elle a pu surmonter les siècles jusqu’à nos jours (figure 01).



Fig.02 - Citadelle des chevaliers hospitaliers (Krak des chevaliers / Kalaat Salah Eddine), située actuellement à Homs en Syrie( en antique Samarie) et classée en 2006 en tant que patrimoine mondial de l’Unesco - Située près de la frontière nord du Liban, supplantant en hauteur la plaine stratégique de la Bukeia -

L’autre citadelle réputée imprenable, située en Samarie, chrétienne cette fois-ci, a été détenue et défendue par les chevaliers hospitaliers depuis 1142 en pleine période des croisades.

Si, douze siècles auparavant, la citadelle juive de Massada a basculé aux mains des païens romains, la citadelle chrétienne des chevaliers hospitaliers a basculé dans le camp musulman en 1271 sous le commandement de Baybars le Mamelouk, sultan d’Egypte et de Syrie de 1260 à 1277.

Elle a basculé également par la ruse.

Par un faux messager rapportant un ordre du grand maître des Templiers à l’intention des derniers assiégés de la citadelle pour se rendre contre la vie sauve.

Par une simple ruse de communication, plutôt, un mensonge diplomatique qui a permis d’ouvrir ses portes toutes grandioses à l’ennemi, alors que sa prise par la force a échoué même devant les deux redoutables chefs musulmans qui ont été Nourreddine et Saladin.

A la veille de sa mort en 1193, la plus grande tristesse de Saladin l’Ayoubite, a été de ne pas avoir pu déverrouiller la « Citadelle des chevaliers », symbole de la grandeur des croisés en orient. En face de ses murailles et avant Saladin, en 1163, le grand Nourreddine s’est fait également rejeter.

Ce que Saladin et Nourreddine n’ont pu réaliser par la force, Baybars le Mamelouk l’a donc fait par la ruse et ce, malgré les fortifications immenses apportées par le Saint Louis 9 lors de sa 8ème croisade entamée en 1250. Une croisade terminée en désastre sur les terres des pharaons, justement suite à l’ingéniosité du jeune officier Mamelouk Baybars en pleine ascension militaire. Le roi de France, capturé et emprisonné sera bien traité par les Mamelouks. Il sera délivré contre rançon de guerre. Depuis, l’humiliation, puis la vengeance, ne cesseront de ronger Louis 9. Lorsqu’en 1270, il arrivera enfin à mener la croisade vengeresse, le jeune officier Baybars qui l’humilia par la défaite de la 8ème croisade, est désormais le Sultan d’Egypte. Le Saint Louis n’atteindra pas les terres saintes et la mort le frappera à mi-chemin en voulant s'emparer de Tunis la Hafside, l'alliée de Baybars.

C’est ainsi que depuis la date fatidique de sa prise en 1271, la citadelle des chevaliers hospitaliers est demeurée musulmane jusqu’à l’avènement de la colonisation du 20ème siècle. Durant toute cette longue période, Baybars, réputé pour sa férocité guerrière et son emblème à la symbolique du lion brandissant l’épée, est resté la coqueluche des musulmans durant des siècles, tout comme ses illustres modèles Nourreddine et son lieutenant Saladin.
De nos jours, l’emblème de Baybars, le lion vainqueur arborant le sabre, est resté vivace sur les murailles de la Citadelle des Chevaliers hospitaliers, située dans l’actuelle Syrie.

Fig.03 - Le lion de Baybars sculpté sur le mur de la tour sud-est de la Citadelle des Chevaliers hospitaliers, après sa prise par les musulmans en 1271.

De même, Baybars a osé faire figurer le lion sur son monnayage alors que la pratique musulmane a toujours interdit la figuration sur les monnaies. En plus d’un grand stratège militaire, il s’est avéré un propagandiste par le biais des monnaies, comme l’ont été, mieux que quiconque, les empereurs romains.

Fig.04 - Monnayage arabe sous la souveraineté de Baybars le Mamelouk (1260 - 1276) - Dinar en or indiquant sur sa face l’emblème du Lion.

Son monnayage propagandiste a perduré durant un siècle et demi. Ce n’est qu’avec l’avènement des Ottomans que la figuration sur le monnayage musulman va disparaitre de nouveau. Malgré tout, le mythe et l’attraction pour les monnaies au lion de Baybars ont persisté et les romans ont amplifié la légende du vainqueur des croisés. Durant de longues années, les mythiques monnaies musulmanes au lion vont constituer l’élément de choix préféré pour la confection des bijoux musulmans.

Mythes, croyances et retournements de situations ont marqué les peuples et les religions. Les deux citadelles de Judée et Samarie, réputées imprenables par leurs bâtisseurs, ont été prenables non par la force, mais par l'ingéniosité et la ruse. Elles ont changé de mains maintes fois. Juives, païennes, chrétiennes ou musulmanes et autant de mythes et de croyances. Aujourd’hui, l’une est en possession juive et l’autre musulmane. Elles font partie de l’histoire des peuples. Du patrimoine universel à sauvegarder.

Monhel

ARTmedina-tounes
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vendredi 20 octobre 2017

Monnaies beylicales en cuivre de Tunisie – Le Fals et le Qafsi

Mise à jour du 12.10.2023
L'article du 3.10.2023 publié sur le présent blog [ https://art-tounes.blogspot.com/2023/10/monnaies-beylicales-en-cuivre-de-la.html   ] , relatif au Fals (Bourbe) d'Ibrahim Bey (1703-1705), apporte de nouvelles données sur sa valeur monétaire, sur les trois composantes du système monétaire du Fals composé de 1 Fals (Bourbe), 1/3 Fals (2 Bourbine) et 1/6 Fals (Qafsi ou Bourbine) et sur leur  distinction par la méthode visuelle de Monhel publiée sur ARTmedina-tounes le 3.10.2023 [ https://art-tounes.blogspot.com/2023/10/monnaies-beylicales-en-cuivre-de-la.html   ].
Par ailleurs, le présent texte tient compte du fait que suite à la refonte du Fals du 17è siècle par Ibrahim Cherif et l'émission d'un Fals diminué de la moitié de son poids antérieur, sa valeur monétaire est resté la même et non égale à  1/2 Fals. Ci-après, une note relative au Fals d'Ibrahim Cherif:

Note tirée de l’article « Monnaies beylicales en cuivre de la régence de Tunis – Partie B01 – Le Fals (Bourbe) du 16è et 17è siècles (1574-1703) », publié le 16.09.2023 sur ARTmédina-tounes https://art-tounes.blogspot.com/2023/09/monnaies-beylicales-en-cuivre-de-la.html  ] :

*La première période Husseinite s’étalant de 1705 à 1759 correspond à la circulation de la quantité importante du Fals (Bourbe) hérité d’Ibrahim Chérif (1703-1705) résultant de la fusion du Fals du 16è-17è dont on ne recense actuellement qu’une vingtaine de pièces rescapées (2). (La Partie B01.02 lui sera consacrée). En sachant que durant cette longue période, les successeurs d’Ibrahim Chérif, Hussein 1er Bey (1705-1735) et Ali 1er Bey (1735-1756) n’ont point frappé de Fals (Bourbe) en cuivre. Ce dernier a introduit le Qafsi (Bourbine) dénommé également Fals rekik (Fals fin), de valeur égale à 1/6 Fals.

En fait, ce qui s’est passé pour le Fals (Bourbe) du 16è-17è de poids moyen de 1.6g (6) refondu par Ibrahim Chérif (1703-1705), s’est reproduit pour le Fals (Bourbe) de ce dernier  de poids amoindri mais gardant sa valeur (6). En effet, le Fals d'Ibrahim Chérif a été refondu en 1759 par Mohamed 1er Rachid Bey (1756-1759) puis par Ali 2 Bey (1759-1882) pour lui redonner sa grandeur d’origine arabe de poids moyen d’environ 3 à 4 g. Aucun exemplaire du Fals d’Ibrahim Chérif ne nous est parvenu, sauf peut-être celui suggéré par Monhel (La Partie B01.02 lui sera consacrée). Un exemplaire du Fals (Bourbe) émis en 1759 figure dans la collection de la BCT, monnaie 727 - Musée de la monnaie de Tunis 


Les mises à jour du 29.3 2021 et du 4.11.2020 sont incluses dans le texte de l'article. 
Celle du 30.10.2018 est reportée en annexe.
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fig.01 face
fig.01 revers

Figure 01- Monnayage beylical de Ali 2 Bey (1759 - 1782) - Fals en cuivre (Bourbe) : 3,5 g ; 20 mm  – Indications de la face : Sultan Mustapha Khan – Indications du revers : frappé à Tunis en 1173 de l’Hégire (1760) – Réf. TND 4A -

A la veille de l’avènement des Beys Husseinites, Ibrahim Cherif dont le règne ne durera que trois brèves années de 1703 à 1705, a procédé à une grande arnaque monétaire en faisant retirer l’ensemble de la monnaie en cuivre dénommée Fals (Bourbe), qui constituait la principale monnaie marchande de la population, pour la faire fondre et frapper à sa place une quantité énorme de Fals diminué de son poids original de 3.5 g tout en gardant sa valeur monétaire.

L’opération a ainsi rapporté des gains énormes pour le dictateur en herbe qui s’est vite accaparé, pour la première fois dans la régence de Tunis, les trois titres officiels de Pacha (représentant du sultan ottoman), de Dey (chef de la milice armée des janissaires turcs) et de Bey (chef de la collecte des impôts).

Vaincu en 1705 grâce à une coalition du Dey d’Alger qui ne recevait plus son tribut annuel, Ibrahim Cherif sera décapité par le malin Hussein Ben Ali qui, lui, se contentera du seul titre de Bey tout en fondant la dynastie des beys husseinites dont les règnes successifs s’étaleront sur une longue durée de deux siècles et demie.
En prenant le pouvoir, Hussein Ben Ali 1e, dont le règne s’étalera de 1705 à 1735, ne frappera plus la monnaie en cuivre du fait que le marché a été déjà inondé par l’énorme quantité de Fals d’Ibrahim Cherif.

La monnaie en cuivre sera refrappée par son successeur Ali 1e Bey (1735 – 1756) qui reproduira le Fals dévalué d’un poids de 2 à 1.5 g et de diamètre d’environ 15 mm, mais en plus, émettra une nouvelle monnaie en cuivre, dénommée Qafsi (Bourbine) , plus petite en diamètre et en poids (10 mm pour 1g en moyenne) et qui, très vite, ne dépassera plus 0.5g.


fig.02 face

Figure. 02 - Monnayage beylical de Ali 2  Bey (1759 - 1782) - Qafsi en cuivre : 0,45 g ; 10 mm – Indications du revers : 1176 de l’hégire (1763 JC), Fi (à), Tunis – Indications de la face : Dhuriba (Frappé), Symbolique à 5 points (peut être en rapport avec le Sultan) – Réf.TND 1A -

La fin de règne d’Ali 1e Bey, assez mouvementée sur les plans militaire et économique, verra le Fals dévalué jusqu’à 0.9g (aurait-il été  admis comme un demi Fals?), le Qafsi ne pesant alors que 0,4 g.


fig.03 face

Figure. 03 - Monnayage beylical de Ali 2 Bey (1759 - 1782) – Qafsi en cuivre : 0,8 g ; 14 mm – Indications du revers :1173 de l’Hégire (1760 JC), Fi (à), Tunis – Indications de la face : Dhuriba (Frappé), Symbolique à 5 points (peut être en rapport avec le Sultan) – Réf.TND 28A -

Dans cet article de 2017, mis à jour une première fois le 30.10.2018 (Voir en annexe), l’auteur écarte l’existence du ½ Fals comme 3ème subdivision du système monétaire divisible du Fals en cuivre, l’unité de compte de ce système, puisqu’il ne parle que du Fals (Bourbe) et du Qafsi (Bourbine).

Par contre dans son cahier artistique n°03 publié sur Amazon en 2020, intitulé: «Système monétaire de la régence de Tunis – 1574/1891» (https://www.amazon.fr/Syst%C3%A8me-mon%C3%A9taire-r%C3%A9gence-Tunis-1574-1891/dp/B08GLQXMPD), l’auteur opte pour l’éventualité d’une 3ème subdivision en soumettant l’existence du 1/3 Fals et non pas du ½ Fals.

De ce fait, il contredit le catalogue KM des monnaies mondiales de Krause Mischler qui fait référence à l’existence simultanée du ½ Fals et du 1/3 Fals, tout en rappelant le manque de documents officiels et d’archives apportant la preuve de leur existence.

Pour précision et correction en fonction des nouvelles données avancées dans le cahier artistique ARTmedina-tounes n°03 suscité, le dernier paragraphe: 

"Le Fals dévalué sera écarté sous Mohamed 2 Rachid Bey (1756 - 1759) qui émettra un Fals à son poids original d’environ 3,5 g, alors que le Qafsi est refrappé au début du règne d’Ali 2 Bey (1759 - 1882). Le Fals continuera à être frappé jusqu’à la réforme de 1847 d’Ahmed 1er Bey  qui l’écartera définitivement au profit d’un monnayage en cuivre dénommé Nasry (subdivisions de 13 Nasrys, 6 Nasrys, 3 Nasrys, 1 Nasry), à ne pas confondre avec le fameux Nasri Hafside en argent. Les Nasrys en cuivre ne dépasseront pas la période de Mohamed 3 Bey (1855 - 1859) qui changera la dénomination du monnayage de cuivre en Kharoub."

est modifié comme suit :

«Le système monétaire divisible du Fals en cuivre (1 Fals, 1/3 Fals, 1/6 Fals) continuera jusqu’à la réforme monétaire de 1847 d’Ahmed 1er Bey (1837- 1855) qui l’écartera définitivement au profit du système monétaire multiple du Nasry en cuivre (1 Nasry, 3 Nasrys, 6 Nasrys).

A ces 3 monnaies du système du Nasry, Mohamed 3 Bey (1855- 1859) ajoutera en 1856 la monnaie de 13 Nasrys avant de créer en 1858 la monnaie de 2 Kharoubs équivalente à 13 Nasrys. Une équivalence fixée par décret sur la base de la formule monétaire: 16 Kharoubs = 1 Piastre (1 Ryal) [La Piastre (Ryal) étant l’unité de compte principale du système monétaire].

Par ailleurs, suite au décès de Mohamed 3 Bey en 1859, le système monétaire du Kharoub en cuivre entamé par la création de la monnaie de 2 Kharoubs en vue de remplacer le système monétaire du Nasry, n’a pu être achevé par ce Bey.

C’est ainsi que la monnaie de 1 Kharoub, ses multiples et ses subdivisions (8, 4, ½, 1/4) n’ont été émises qu’en 1864 sous Mohamed 4 Sadok Bey (1859- 1882). Quant aux monnaies en cuivre des Nasrys (13, 6, 3, 1), elles ont été écartées définitivement en 1860 avec l’avènement de Mohamed 4 Sadok Bey (1859- 1882)».

Monhel

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Annexe

Mise à jour en date du 30.10.2018

Est-ce que le Fals dévalué d’Ibrahim Chérif (1703-1705), diminué de plus de la moitié de son poids et de son diamètre par rapport au Fals antérieur, pourrait être considéré comme une monnaie à part, comptée pour un ½ Fals ?

Dans le précédent article du 20 octobre 2017, j’ai été tenté d’attribuer la monnaie en figure 3 (bien que frappée sous Ali 2 Bey) à un ½ Fals, en me basant sur les spécificités de son diamètre de 14 mm, pour ne pas l’attribuer à un Qafsi dont le diamètre est plutôt inférieur à 10mm. 
En fait, en l’absence des données spécifiques (photo et analyse iconographique) du Fals dévalué d’Ibrahim Chérif (frappé entre 1703 et 1705), et sur la base de l’iconographie semblable au Qafsi en figure 2 (frappé également sous Ali 2 Bey), il semble plus adéquat d’attribuer la monnaie en figure 3 à un Qafsi (Bourbine).

Pour la parité, le Fals (Bourbe) équivaut 6 Qafsi (Bourbine, appelé également Fals rekik).

lundi 14 août 2017

Israël - Pays arabes : La paix d’abord, puis la normalisation


La normalisation avec l’Etat d’Israël est du seul ressort du peuple palestinien. Elle n’aura lieu que suite à la réalisation de la paix entre Israël et la Palestine.
Le chemin de la paix a été tracé depuis fort longtemps sous l’égide de l’ONU. Il est actuellement accepté par les Palestiniens en grande majorité. Refusé par une légère moitié d’Israéliens, actuellement au pouvoir. L’autre moitié d’Israéliens est pour la paix.

Netanyahou est aujourd’hui au pouvoir avec une légère majorité assez fâcheuse, sa tête étant coincée sous l’épée toujours menaçante des extrêmes religieux juifs rêvant du grand Eretz biblique et de la reconstruction du temple et non de réaliser la paix des braves. Il a une peur bleue de tout ce qui fait bouger le spectre de la paix en Israël et surtout de l’extérieur. Ainsi, il ne recule pas au printemps 2017 pour annuler une visite officielle en Allemagne programmée de longue date, tout en affichant sa fureur contre l’accueil par le ministre allemand des affaires étrangères d’organisations israéliennes militantes pour la paix.

Les mouvements pour la paix à l’intérieur et à l’extérieur d’Israël font peur à Netanyahou. Ce qu’il redoute, c’est le réveil de l’ensemble des juifs du monde qui pensent à la paix. Ce sera alors le « printemps juif » qui se fera par les urnes en Israël. Un printemps qui aboutira à la paix entre les deux états d’Israël et de Palestine. Une paix dont la conséquence est la normalisation entre Israël et les états arabes.

Gravure de la paix de Moshé Nemni sur une fibule berbère en argent de Tunisie, mentionnée dans le cahier artistique n°01 d’ARTmédina-tounes : « La bibule berbère, la Melia et le vœu de la paix »*.

Ce schéma pour la paix est décrit par Monhel dans le chapitre n° 05 de son cahier artistique intitulé : « La fibule berbère, la Melia et le Vœu de la paix »*.
Monhel va encore plus loin dans sa vision. Après la paix et la normalisation, il y voit, à court et à long terme, le « retour migratoire inverse » des juifs et des arabes qui ont abandonné leurs biens dans le grand « Maghreb Oriental », censé redevenir une puissance régionale grâce à la collaboration économique entre l’étoile de David et le croissant lunaire.

A ce sujet, Monhel vous invite à lire ci-après une partie de la note introductive de la deuxième édition de la « Fibule berbère, la Melia et le vœu de la paix », éditée par Amazon sous forme numérique Kindle et sous forme papier*:

« … C’est la colossale fibule en forme de croissant portant la gravure de la paix de Nemni qui a incité l’auteur à rédiger le cinquième chapitre pour aborder sa vision sur la paix entre juifs et arabes et sa conception de la «migration inverse», jugée utopique par certains.
Justement, la paix n’est pas possible avec la gouvernance actuelle d’Israël qui néglige les résolutions du droit international et pratique l’expansionnisme en territoires occupés. Une gouvernance qui lorgne ces temps-ci du côté des pays arabes, en œuvrant juridiquement et par diplomatie intermédiaire, non pas pour une éventuelle «migration inverse», mais pour réclamer les biens abandonnés après 1967 et demander à la communauté internationale des contreparties rémunératrices pour les torts provoqués par le départ obligé des juifs. Tout en reléguant aux oubliettes le droit de retour des arabes expulsés et leurs biens confisqués. Cette gouvernance qui va à l’encontre de la paix est demeurée en place dans la durée grâce aux apports annuels extérieurs pour la soutenir. Ces apports, dont environ les 30** milliards de dollars annuels du contribuable américain, ont faussé les règles de la gouvernance en Israël. Puisque cette dernière ne se fait plus de soucis pour sa «survie économique» et persiste dans la vision guerrière expansionniste, survoltée par l’extrémisme religieux, impliquant pour le peuple juif, l’état perpétuel d’insécurité, l’état de ni paix, ni guerre.
 Le peuple juif n’ayant pas connu la paix de l’âme ni la sécurité physique depuis qu’il a été chassé des terres de ses ancêtres par Hadrianus, voilà plus de 18 siècles, se trouve aujourd’hui sur une partie de ses terres «règlementées» en 1948 et à la merci des milliards de dollars des marchands d’armes et d’immobiliers dont les gains ne sont assurés qu’avec les conflits imposés aux peuples. Des conflits impliquant  des consommations énormes en machines de guerre et en constructions immobilières dont les exemples à la mode sont les murs de séparation, comme en Palestine et bientôt au Mexique. Des conflits juteux pour leurs initiateurs et horribles pour leurs acteurs: les peuples qui vont endurer  peur et insécurité.
Le peuple juif n’est pas dupe et sa majorité n’est pas constituée de milliardaires. Plutôt, de gens modestes et de bons vivants. Il saura rétablir le chemin de la paix qui n’est pas celui des milliardaires.
La vision de la paix de l’auteur est justement celle qui éliminerait le sentiment de peur et d’insécurité perpétuels pour le peuple juif en assurant une économie florissante viable, sans tierce assistance, ni machines de guerre. Une paix, loin des conflits, qui permettrait, à long terme, la conquête économique des immenses territoires riches, encore inexploitées du grand «Maghreb Oriental Africain», en provoquant le «mouvement migratoire inverse».
Cette vision de la paix, préconisée dans le chapitre 5, vraisemblablement futuriste mais non utopique, n’est réalisable qu’avec une nouvelle gouvernance d’Israël issue des urnes et dont le programme, clair et net, est d’appliquer la paix sur la base du consensus international, celle rêvée par tant de juifs et,… gravée depuis belle lurette par l’artiste juif tunisien Moshé Nemni sur sa fibule colossale en forme de croissant.
La stratégie pour la concrétisation de cette paix est d’œuvrer, de l’intérieur et de l’extérieur, à aider le clan de la paix à remporter les prochaines urnes. Ce sera le «printemps juif».
* « La fibule berbère, la Melia et le vœu de la paix », 2ème édition mise à jour en février 2017 – Référence : https://www.amazon.fr/fibule-berb%C3%A8re-Melia-voeu-paix/dp/1507820151
** Erreur de frappe, il s’agit plutôt de 3 Milliards de dollars

Monhel
ARTmédina-tounes
Collection privée Copyright

mercredi 19 avril 2017

Patrimoine de Tunisie – De quelques legs des photographes orientalistes

 Berbéro bédouine de Tunisie parée de l’ensemble de ses bijoux et portant la Melia nouée avec deux fibules rondes - (Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01; Carte postale de Joseph Garrigues)


A l’occasion du mois du patrimoine en Tunisie (18 Avril - 18 Mai 2017), Monhel reproduit ci-après, l’annexe A04 relative au photographe orientaliste Joseph Garrigues et publiée dans le cahier artistique n° 01 d’ARTmedina-tounes, intitulé : «La fibule berbère, la melia et le vœu de la paix»1 .
 

Bijoux berbères en argent de Tunisie – Fibule de forme triangulaire typique de la région de Tunisie, caractérisée par son design en triangle [longueur: 16 cm, base du triangle: 7cm, poids: 54g] (Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01)

Les photographies de Joseph Garrigues et consorts, notamment celles des berbéro bédouines habillées en melia avec ses merveilleux bijoux en argent, constituent sans conteste un immense legs identitaire enrichissant du patrimoine de Tunisie.
Néanmoins, dans le cahier artistique suscité, Monhel met en relief le concept de la photographie orientaliste identitaire, celle qui transmet une identité historique dès l’instant de la prise photographique, et à son opposé, la photographie de mise en scène à effet commercial ou de propagande colonialiste, comme pour les photos des bédouines dénudées. Et ils étaient fort nombreux les photographes et peintres orientalistes à se spécialiser dans les « nus ». Un débouché commercial fort rémunérant, mais qui a causé en même temps une atteinte à la dignité du peuple colonisé, atteint à travers la cible du groupe ethnique le plus pauvre qu’on pouvait facilement acheter et dénuder.
Berbéro bédouines dénudées – Carte postale de Joseph Garrigues – (Réf. ARTmedina-tounes).

Ci-après, l’annexe A04:


"Joseph Garrigues fait partie du groupe restreint des premiers photographes ayant opéré en Tunisie depuis la grande découverte des techniques photographiques et ses débuts pratiques à partir de 1850.
Curieusement, on ne connait pas ses origines natales, contrairement à ses concurrents contemporains comme Jean Geiser (1848-1923), Issac Levy (1833-1913) ou les frères Neurdein, dont la fameuse marque ND, l’une des plus anciennes marques photographiques, date des années 1880.
Avec ses collègues de la deuxième vague des photographes orientalistes, comme Rudolphe Lehnert (1878-1948) ou les frères Pavia et Désiré, il fait partie de la dizaine de photographes qui ont légué à la Tunisie multiethnique un riche patrimoine photographique s’étalant sur plus d’un siècle.
Portraitiste, Joseph Garrigues était le photographe officiel de Sadok Bey (1859-1882) et de son successeur Ali 3 Bey (1882-1902). Il s’est distingué par son intérêt particulier à photographier la communauté juive de Tunisie qui représentait environ le cinquième de la population tunisienne de l’époque.
Joseph Garrigues était également éditeur de ses cartes postales. A son grand actif, les cartes postales n° 99 et n°179 - décrites par Monhel dans le cahier artistique n°01 d’ARTmédina-tounes - reproduisant deux remarquables photos de berbéro bédouines tunisiennes en train d’allaiter. L’une, juive, identifiable par sa symbolique de l’étoile de David et sa calotte pointue, l’autre, musulmane, portant toutes les deux la magnifique Melia berbère de Tunisie, trait d’union entre deux communautés millénaires du désert Maghrébin.
Durant la deuxième moitié du 19ème siècle, Joseph Garrigues depuis Tunis, Jean Geiser depuis Alger, François Soler depuis Oran (puis Tunis) et Neurdein et Levy depuis Paris, figurent parmi les premiers grands photographes et éditeurs de l’Afrique du nord. Rejoints en début du 20ème siècle par d’autres techniquement plus performants, comme Rudolphe Lehnert. En plus des scènes de types, des paysages et des portraits, ils ont été à l’origine du lancement de la mode de la nudité* sur les cartes postales par le biais des bédouines indigènes. Etaient-ce pour des raisons commerciales pour rivaliser avec les peintres orientalistes qui se faisaient déjà du succès avec les nus ? Ou, étaient-ce pour des visées colonialistes avec comme premier objectif l’acculturation par la dégradation identitaire des peuples colonisés ?
*NB: Apparemment, dans une Europe du 19ème siècle encore conservatrice, on ne pouvait pas montrer facilement des européennes, chrétiennes, nues sur des cartes postales. Avec la colonisation et un esprit dominateur rampant et hautain, on pouvait se le permettre avec les indigènes qui se sont même retrouvés exposés derrière des grilles au même titre que les animaux, dans les expositions coloniales en France. Pour amuser la galerie, sûrement. Pour se faire de l’argent facile, certainement. Pour la propagande de la colonisation dominante des peuples indigènes, surtout. En portant un coup énorme à l’honneur et à la fierté des groupes ethniques les plus pauvres et les plus faibles qui, un siècle plus tard, méritent les excuses officielles des responsables colonisateurs.
Fig.116 – Berbéro bédouine dénudée - Carte postale du photographe orientaliste Joseph Garrigues – (Réf. ARTmédina-tounes)

Grand photographe de renom de la fin du 19ème siècle, Joseph Garrigues a été récompensé par plusieurs médailles dont celle de l’exposition universelle de Paris en 1889 ou celles de Tunis et de Toulouse en 1898.
 A Tunis, son premier studio était situé à la rue de la Commission avant d’aménager à l’avenue de France, la première avenue commerçante du centre-ville, en face d’un autre grand photographe orientaliste: François Soler. Son studio sera repris en début du 20ème siècle par Rudolphe Lehnert et celui de François Soler par les frères Pavia et Désiré.
Si son studio a été repris par Rudolphe Lehnert, sa succession commerciale est aussi obscure que ses origines et semble être assurée dès 1908 par le photographe Marichal, déjà installé à la rue Al Djazira et connu pour ses clichés depuis 1882.
Devant le manque d’informations et le silence complet entourant les origines de Joseph Garrigues, Monhel, en comparant les œuvres de ce dernier avec celles de Jean Geiser, est tenté de croire que ces deux photographes, portant les mêmes initiales J.G, ne font qu’un seul: celui dont les origines sont connues, celles de Jean Geiser. Tous les deux sont reconnus pour avoir opéré durant la deuxième moitié du 19ème siècle, l’un à Tunis et l’autre à Alger et tous les deux, reconnus pour avoir photographié la communauté juive et les officiels des deux pays.
Il semblerait que l’usage de la double identité s’appliquerait également à Rudolphe Lehnert depuis Tunis et Rudolphe Neuer depuis Tanger. Une supposition déjà avancée par les spécialistes de Rudolphe Lehnert."

ARTmedina-tounes
Copyright

1 Cahier artistique n° 01 d’ARTmedina-tounes, intitulé : « La fibule berbère, la melia et le vœu de la paix » ; Monhel; édition n°2 de janvier 2017 ; édité chez Amazon sous formes papier et ebook Kindle (https://www.amazon.fr/fibule-berb%C3%A8re-Melia-voeu-paix/dp/1507820151)

Table des matières:

Avant- propos
Note relative à la deuxième édition

Chapitre 1 - Bijoux ethniques de Tunisie - La fibule berbère, partie intégrante de la parure de la Melia
Chapitre 2 - Fibules et bijoux berbères de Tunisie - Introduction sur l’origine et l’évolution.
Chapitre 3 - La Melia, trait d’union entre communautés juives et musulmanes de Tunisie.
Chapitre 4 - La fibule en croissant et la «gravure de la paix» - Les argenteries «Nakshet Nemni» et «Foudhat Lahlioui»
Chapitre 5 - Le Vœu de la paix de Nemni - Entre réalités et fictions.
Chapitre 6 - La sauvegarde du patrimoine - Cas des fibules de Tunisie.

ANNEXES

A 01 - Monhel
A 02 - Les libyques
A.03 – Le peintre orientaliste Alexandre Roubtzoff
A 04 – Le photographe orientaliste Joseph Garrigues
A 05 – Le Professeur ethnologue Gabriel Camps
A 06 – L’orfèvre graveur Moshé Nemni
A 07 – Le corsaire Dargouth Pacha allias Dragut
A 08 – Le Docteur ethnologue Ernest Gustave Gobert
A.09 – L’orfèvre bijoutier Ahmed Helioui
A 10 – Le peintre Albert Louis Aublet
A 11 – Le photographe orientaliste Jean Geiser
A 12 - Liste des cahiers artistiques d’ARTmédina-tounes
A 13 - Droits d’auteur et Copyright
A 14 – Terminologie
A 15 - Autres fibules de la collection privée d’ARTmédina-tounes