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mercredi 9 juillet 2025

Patrimoine de Tunisie - Bijoux ethniques en Argent – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec divers pendeloques et monnaies

Mise à jour en date de 2025.07.28 : adjonction des figures A et B relatives à des Khors de même type à plusieurs chainettes dont l'un garde son pendentif à crochet.
Fig.A - Patrimoine de Tunisie – Bijoux ethniques en argent – Khors à chainettes avec pendentif à crochet, pendeloques et monnaies – Période beylicale du 18è et 19è siècles – Réf. ARTmedina-tounes.
Fig.01 - Patrimoine de Tunisie – Bijoux ethniques en argent – Khors à chainettes avec amulette cylindrique, pendeloques et monnaies – Période beylicale du 18è et 19è siècles – Réf. ARTmedina-tounes.

Fig.01 - Patrimoine de Tunisie – Bijoux ethniques en argent – Khors à 8 chainettes avec pendeloques et monnaies – Période beylicale du 18è et 19è siècles – Réf. ARTmedina-tounes.

Le Khors est vraisemblablement une terminologie Berbéro Loubique* pour désigner une boucle à chainettes, un bijou faisant partie d’une vaste panoplie de bijoux pour parer l’habit de la Melia de la berbéro bédouine de Tunisie. Il est utilisé en tant qu’anneau d’oreille suspendu à une chaine au-dessus de la tête (ou accroché à un pendentif à crochet-épingle qui vient s'accrocher directement au tissu de la Melia) et venant se balancer au niveau de l’oreille. De diamètre aux environs de 10 cm, Monhel, dans son cahier artistique n°04 intitulé : « Bijoux berbères de Tunisie » (1), en dénombre plusieurs modèles berbéro-bédouins avec photos et leur consacre tout un chapitre.

*Les Loubiques, ancêtres des berbères, sont les contemporains des pharaons et premiers habitants de l’Afrique du nord. Les tribus Loubiques (des Gamarantes jusqu’aux Numides) se sont confrontés aux Puniques carthaginois, puis aux romains, qu’ils considéraient comme colonisateurs de leur territoire.(Pour désigner les ancêtres des berbères, le terme Loubique est plus approprié que Libyque).

Le Khors en figure 01 est assez original par sa conception et par le nombre impressionnant de chainettes et pendeloques qu’il comporte. Ses diverses pendeloques spécifiques ; rares modèles (œuvres d’art) décrits ci-après ; s’éloignent des pendeloques de mains et ronds caractéristiques des bijoux en argent de la berbéro bédouine de Tunisie. La plupart des monnaies est d’origine espagnole du 17è et 18è siècles. Les chainettes sont de type n°04 (1) classées par Monhel parmi les 4 chaines utilisées pour la conception des bijoux berbéro bédouins de Tunisie.

Avec ces trois indications, pendeloques, monnaies et chainette de type 4**, on peut dire que ce bijou Khors de Tunisie fait partie des bijoux élaborés par l’ethnie tunisienne composée des immigrés juifs ayant fui l’inquisition catholique d’Espagne/Portugal notamment du 17è siècle et qui ont pu s'intégrer à côté des ethnies locales nomades, berbéro -bédouines et sédentaires des villes. chaque ethnie veillant à ses propres traditions religieuses et coutumes ancestrales  dans le respect mutuel. 

**La chainette classée par Monhel de type 4, chaine classique élaborée par l'assemblage de petits anneaux ronds les uns aux autre sans soudage, n'entre pas dans le processus d'élaboration des chaines (types 1, 2 et 3) employées pour la fabrication des bijoux berbéro bédouins de Tunisie (1). Ces dernières chaines sont élaborées avec le principe de soudure de l'ensemble des anneaux les uns aux autres.  

Des immigrés juifs et mauresques accueillis chaleureusement et à bras ouverts par des Deys et Beys clairvoyants*** pour acquérir leur savoir-faire technique qui a contribué au grand essor économique de la régence de Tunis des siècles durant. Le développement des techniques innovantes a touché l’ensemble des secteurs économiques de la régence, de l’agriculture à l’artisanat en passant par le cuir et textile.

*** Othman Dey 1594 – 1610 ; Youssef Dey 1610 – 1637 ; Mourad 1er Bey (1613- 1631) et son fils Hammouda Pacha Bey (1631- 1666).

Fig.02 - Patrimoine de Tunisie – Bijoux ethniques en argent – Khors à 8 chainettes de conception originale ne faisant pas appel à la soudure – Période beylicale du 18è et 19è siècles – Réf. ARTmedina-tounes.

L’exemple du présent Khors nous révèle une technique de fabrication ne faisant pas appel à la soudure. Une technique qui remonte bien avant l’antiquité, employée notamment par l’Egypte des pharaons, les grecs (Boucles en figure 03) , les romains et autres byzantins. Reprise par les artisans immigrés juifs dès le 17è pour enrichir la panoplie de bijoux en argent de l'habit de la Melia de la berbéro bédouine et des différentes ethnies, musulmanes, juives et chrétiennes, cohabitant en harmonie dans la régence beylicale.

Fig. 03 – Bijoux en or de l’antiquité – Boucles d’oreilles  – Musée d’Athènes – Réf. Web sur X.

La conception du Khors en figure 01 est assez ingénieuse à partir de simples composants : fils ronds de différents diamètres (2 et 0.8 mm), chainettes, boules et divers pendeloques dont des monnaies en argent de l’époque de l’inquisition catholique du 17è et 18è siècles que les immigrés juifs ont vraisemblablement ramené avec eux d’Espagne :

Une monnaie de Léopold d’Autriche frappée en 1629 :

Fig.04 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent de Léopold d’Autriche frappée en 1629 – Réf. ARTmedina-tounes 8AB.

Quatre monnaies en argent d’Espagne frappées sous les Philippes :

Fig.05 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent d’Espagne frappée en …sous Philippe …– Réf. ARTmedina-tounes 9AB.

Fig.06 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent d’Espagne frappée en (..)26 sous Philippe …– Réf. ARTmedina-tounes 12AB.

Fig.07 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent d’Espagne frappée en …sous Philippe …– Réf. ARTmedina-tounes 16AB.

Fig.08 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent (famille des Ryales) d’Espagne frappée en 1721 sous Philippe 5 (1700-1746) – Réf. ARTmedina-tounes 21AB.

Le reste des monnaies sont deux beylicales tunisiennes sous les ottomans et une beylicale sous les français.

La première sous le sultan Mahmoud 1 (1730-1754) (nom lisible) :

Fig.09 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent de la régence de Tunis frappée sous le sultan ottoman Mahmoud 1 (1730-1754) – Réf. ARTmedina-tounes 18A.

La deuxième n’indique pas lisiblement le nom du sultan alors que la date est indiquée par trois chiffres 114…AH. Elle est frappée soit sous Ahmed 3 (1703-1730) si la date limite lue est 1140 AH (1728 AD), soit sous Mahmoud 1 (1730-1754) si la date limite lue est 1149 AH (1737 AD) :

Fig.10 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie en argent frappée à Tunis (lisible sur le revers). Elle n’indique pas lisiblement le nom du sultan alors que la date est indiquée au revers par trois chiffres 114…AH (le prolongement de la lettre arabe « Fi » peut induire en erreur en le considérant comme un chiffre 1 supplémentaire pour lire la date de 1114 AH). Elle est frappée soit sous Ahmed 3 (1703-1730) si la date limite lue est 1140 AH (1728 AD), soit sous Mahmoud 1 (1730-1754) si la date limite lue est 1149 AH (1737 AD) – Réf. ARTmedina-tounes 32AB.

La 8ème et dernière monnaie est la plus récente. Une monnaie d’Ali 3 Bey (1882-1902) frappée sous le Protectorat français en 1891, l’année de mise en place dans la régence de Tunis du nouveau système monétaire français du Franc et du centime, avec écartement définitif du système monétaire du Ryal tunisien (équivalent à la Piastre espagnole).

Fig.11 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes avec pendeloques – Pendeloque/Monnaie de 50 centimes en argent du Bey Ali 3 (1882-1902) frappée à Tunis en 1891 sous le Protectorat français– Réf. ARTmedina-tounes 25AB.

Quant au reste des pendeloques, au nombre de cinq, ce sont des modèles assez originaux, de rares œuvres d’Art :

Fig.12 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes - Pendeloque en argent – Réf. ARTmedina-tounes 01AB.

Fig.13 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes - Pendeloque en argent – Réf. ARTmedina-tounes 02AB.

Fig.14 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes - Pendeloque en argent – Réf. ARTmedina-tounes 03AB.

Fig.15 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes - Pendeloque en argent – Réf. ARTmedina-tounes 04AB.

Fig.16 - Bijoux ethniques en argent de Tunisie – Khors (Anneau d’oreille) à 8 chainettes - Pendeloque en main d’ivoire (ou os) – Réf. ARTmedina-tounes 05AB.

(1(1) Cahier artistique n°04 ARTmedina-tounes intitulé : « Bijoux berbères en argent de Tunisie », Monhel, 2023, Amazon (https://www.amazon.fr/Bijoux-berb%C3%A8res-en-argent-Tunisie/dp/B0BSWY5XH1/ref=sr_1_1?dib=eyJ2IjoiMSJ9.bJBVHX0QM7vbg940Q )

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samedi 5 juillet 2025

Patrimoine de Tunisie - Dougga – Les arcs de Triomphe des Sévères, Septime (193-211) et Alexandre (222-235)

 


Fig 01 – Monnaies romaines – Sesterce en bronze de Septime sévère (193-211AD) – ARTmedina-tounes plc71 27mm Web.

Le site antique de Dougga (Thugga) en Tunisie se distingue par deux arcs de triomphe en l’honneur de deux empereurs romains de la famille des Sévères. Le fondateur Septime sévère (193-211), Général originaire d’Afrique du nord, né en 145 à Leptis Magna en Libye actuelle, et Alexandre sévère (222-235), le dernier de la dynastie.


Fig.02 – Patrimoine de Tunisie – Dougga - Arc de triomphe de Septime sévère érigé en 205 AD à l’entrée de la ville au sud – est – ARTmedina-tounes.

L’arc de Septime sévère se dresse majestueusement à l’entrée de la ville venant de Carthage. Sous cet arc passe la voie qui descendait dans la plaine et rejoignait le grand axe routier de Carthage à Théveste, l’actuelle Tebessa en Algérie.

Il fut élevé en 205 pour célébrer l'accession de Dougga (Thugga) au rang de Municipe. Ce n’est qu’en 261, sous Gallienus (253-268), que la ville accède au rang de Colonie.


Fig 0 – Monnaies romaines – Sesterce en bronze de Gallienus (253-268 AD) – ARTmedina-tounes plc98 24mm Web.

Obs : Les sesterces de Gallienus sont les derniers sesterces frappés sous l’autorité du Sénat (SC). Une monnaie en bronze emblématique de l’apogée de l’empire romain qui sera définitivement écartée après Gallienus.


Fig.03 – Patrimoine de Tunisie - Arc de triomphe d’Alexandre sévère érigé en position diamétrale à celui de Septime sévère. Il est situé sur la voie qui, depuis le forum, se dirige vers l'ouest à l’opposé de la direction de Carthage – ARTmedina-tounes.


Fig.04 – Monnaies de l’empire romain - Sesterce d’Alexandre sévère (222-235) – ARTmedina-tounes plc69 30mm Web.

Dougga est le site antique qui regroupe en un seul lieu des monuments des différentes civilisations qui se sont succédé en Afrique du nord : loubique, numide, punique, romaine, byzantine, arabe…Les vandales, semble-t-il, ne se sont pas intéressés à Dougga alors que le grand nombre de monuments romains présents sur le site indique un plein essor de la ville sous l’empire romain.


Dougga – Carte des monuments sur le site antique – Référence Wikpédia - Observation : Le Mausolée numide est indiqué « punique » tout en bas sur la carte : à corriger en sachant que le numide de la Numidie n’est pas le punique de Carthage.

A Dougga, il est intéressant de constater que l’autorité impériale romaine n’a pas saccagé en entier les vestiges numides de la ville antique, comme elle le faisait pour les vestiges puniques de Carthage. Le temple punique érigé par les Carthaginois en l’honneur de leur déesse Tanit (Ashtart) a été réaménagé par Septime sévère en l’honneur de la déesse Caelestis, parèdre du Saturne « africain ».


Patrimoine de Tunisie – Dougga – Temple Caelestis aménagé par Septime Sévère en 205 sur les fondements du temple punique de Tanit – ARTmedina-tounes - Photo Unesco.

Ainsi donc et curieusement, les romains d’habitude hégémoniques, ont laissé miroiter en hauteur de plus de 21 mètres le majestueux Mausolée numide datant de la période d’avant la conquête romaine de l’Africa.


Patrimoine de Tunisie- Dougga – Mausolée numide construit sur une base carrée et une hauteur de plus de 21 mètres, situé en périphérie à l’entrée sud-est de la ville du côté de l’Arc de Septime sévère – ARTmedina-tounes.

En préservant le Mausolée  Numide-Loubique (meilleure traduction que Libyque à notre sens), on doit une fière chandelle aux romains puisque les inscriptions Loubiques traduites en Puniques sur le monument ont permis de déchiffrer la langue Loubique  des premiers habitants de l’Afrique du nord, ancêtres des Numides et des Berbères.

Lorsqu’enfin Dougga est élevée en 261 du rang de Municipe en Colonie les indices de la décadence économique de la ville commencent déjà à apparaitre. La faillite pointe son nez sous l’anarchie militaire durant la deuxième moitié du 3ème siècle sous drame de religion. Le 4è siècle annoncera le début officiel du christianisme avec Constantin. Au virage du 5ème siècle, le paganisme et le puissant dieu Sol synonyme de sommité militaire de l’empire romain durant trois siècles est supplanté par le christianisme, dorénavant seule religion de l’empire par la grâce de Théodose. Sous l’époque Valentinienne est entamée la réparation des monuments prestigieux de Dougga laissés presqu’en ruine tout le long du 4è siècle. Suivra la construction de l'église Victoria, seul monument chrétien de la ville et dont les traces sont encore visibles aujourd’hui. Sous la Tunisie ouverte et multiculturelle, un Masjed (lieu de culte musulman) a été bâti à l’intérieur de l’enceinte à côté des locaux administratifs du site.


Patrimoine de Tunisie – Dougga – Eglise Victoria, état au début 2000 – ARTmedina-tounes, Wiki.

Monhel

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lundi 9 juin 2025

Patrimoine de Tunisie – Amulettes protectrices : mêmes croyances pour les juifs et leurs cousins sémites tunisiens

 

Fig.01 – Patrimoine de Tunisie – Médaille amulette juive élaborée en or pour la protection contre le mauvais œil. Conçue au 19ème siècle sous la période de Mohamed 3 Sadok Bey (1859-1882) et consacrée par le Rabbin pour les juifs Lili fille de Torfi dont les noms figurent sur la médaille - Réf. Maison numismatique MDC, lot 1223, auction 9 - https://mdc.bidinside.com/fr/cat/450/0/tunisie/2/.

Les juifs Touansa enracinés en Tunisie depuis déjà plus de 2000 ans, à l’inverse des juifs Grana immigrés d’Europe, d’Espagne ou d’Italie, notamment depuis le 17è siècle, ont partagé multitudes de spécificités et coutumes ancestrales avec leurs cousins sémites tunisiens.

Surtout, la croyance au mauvais œil.

Pour s’y opposer, ils ont imaginé multitudes de symboles-objets protecteurs dont le plus connu est la main adoptée aussi bien par les juifs, les chrétiens ou les musulmans.

Au-delà des symboles-objets, ils ont imaginé des écrits protecteurs consacrés religieusement par le Rabbin. Plusieurs supports ont été utilisés pour ces écrits, de la feuille papier, au cuir ou aux médailles comme celle présentée en figure 01.

Leurs cousins sémites tunisiens musulmans prêtent le nom de Herz à ces écrits protecteurs. Toutes sortes de supports ont été également adoptés notamment par les femmes berbères et bédouines qui les ont inclus parmi leurs bijoux en argent de la Melia, l’habit millénaire qui a vêtu l’ensemble des maghrébines, juive, chrétienne et musulmane*.

*Réf. 1. « La fibule berbère, la Melia et le voeu de la paix », cahier 01 ARTmedina-tounes, Monhel, 2017, Amazon.

2. « Les bijoux berbères en argent de Tunisie », cahier 04 ARTmedina-tounes, Monhel, 2023, Amazon.

Patrimoine de Tunisie – Bédouine de Tunisie vêtue de la Melia parée de ses multitudes de bijoux dont le médaillon protecteur contre le mauvais œil. Réf. ARTmedina-tounes.

Juifs et musulmans ont cohabité en harmonie durant des siècles en Tunisie. Et ce, malgré le statut particulier de Dhimmi qui a « collé » aux juifs depuis le 3è calife Omar en terre arabo-musulmane. Le statut de Dhimmi n’a été aboli en Tunisie que tardivement au 19è siècle. Ce sera un évènement premier dans le monde arabe traduit par la législation de Ahd Al Amane beylicale liée aux deux frères  Mohamed 2 Bey (1855-1859) et Mohamed 3 Sadok Bey (1859-1882). Influencés en cela diplomatiquement, voire obligés, par les ambassadeurs des puissances coloniales montantes de l’époque, la France et l’Angleterre.

Bijoux berbéro bédouins en argent de Tunisie – Pendentif amulette constitué d’un cylindre ouvrant et chainettes pendantes connectées à  de petites mains et ronds lunaires. Le cylindre permet d’y inclure le Herz protecteur (écrit sur papier ou autre) contre le mauvais œil. Réf. ARTmedina-tounes.

Monhel

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samedi 4 janvier 2025

Les Tabarquins et le corail rouge de Tunisie , 2è édition du 9.2.2023 chez Amazon.

 

Ci-après une partie de la note de description publiée chez Amazon:

"Le corail rouge spécifié dans les bijoux en argent des berbéro bédouines de Tunisie fait l’objet de ce deuxième numéro. Quant à la réflexion artistique, entremêlée de faits historiques, elle va à la rencontre des Tabarquins, cette communauté tunisienne d’origine génoise d’Italie qui a rejoint en 1542 le minuscule ilot de Tabarka pour exploiter le corail rouge, jadis assez prolifère au large des côtes nord de la Tunisie.

La saga prospère des Tabarquins en Tunisie s’étalera durant deux siècles avant de subir l’esclavage à deux reprises, en 1741 et en 1798. Une saga perpétuée à travers l’histoire émotionnelle de la jeune esclave Tabarquini, Francesca Rosso, dont la destinée la conduira en 1835 sur la plus haute marche du trône du Bey de Tunisie.
L’auteur fait ressurgir, en quelques lignes, des thèmes originaux du patrimoine multiethnique de Tunisie, comme la sauvegarde officielle de la langue «tuniso- génoise» de la minorité Tabarquine immigrée en Sardaigne ou la déperdition totale de la langue judéo-arabe des Tunes, les juifs de Tunisie immigrés pour la plupart en Israël...".

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lundi 27 mai 2024

Foudhat Lahlioui – Filigrane et gravure au repoussé (bombage)

 Pour l’imaginaire populaire dans le Souk de Tunis, Foufhat Lahlioui est associée aux bijoux en argent selon la technique du filigrane. 


Fig.01 – Bijoux ethniques en argent de Tunisie - Foudhat Lahlioui. – Ghabara (élément boitier pour contenir la poudre à joue) façonnée selon la technique du filigrane – Fait à la main - Création Ahmed Helioui (Hauteur: 9 cm, Diamètre: 7cm) - Réf. ARTmédina-tounes – Musée virtuel  Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

En réalités, Foudhat Lahlioui est le fruit de deux techniques aussi superbes sur le plan artistique : le filigrane, technique héritée du patrimoine punique (voir rares pièces au musée du Bardo) nécessitant assez d’adresse et de temps de soudure, et la gravure au repoussé (bombage) multiculturelle, appliquée par les Helioui aux motifs de la rose et ses feuilles, de bonheur et de glamour.

Fig.02 – Bijoux ethniques en argent de Tunisie - Foudhat Lahlioui. – Ghabara (élément boitier pour contenir la poudre à joue) façonnée selon la technique au repoussé de type bombage aux motifs floraux de la rose – Fait à la main - Création Ahmed Helioui (Hauteur: 11cm, Diamètre: 10cm) - Réf. ARTmédina-tounes – Musée virtuel Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

Il est utile aussi de rappeler une autre technique de gravure ciselure sur argent aussi réputée que celle au repoussé  de Foudhat Helioui.

Au début du 20ème siècle plein d’évènements historiques sur la place artistique du Souk de Tunis, Foudhat Lahlioui à la gravure au repoussé de la rose sur argent s’est retrouvée en cohabitation avec la technique de gravure ciselure. Une gravure au trait sur argent dont l’imaginaire populaire l’associe à l’artisan tunisien juif Moshé Nemni* (Lemni pour la plupart) dont les motifs reproduisent l’étoile, le croissant, le poisson, la colombe et les feuilles et que Monhel*, dans son cahier artistique ARTmedina-tounes n°01*, l’interprète comme un appel à la paix éternelle entre les différentes communautés jusque-là s’entredéchirant.

Les produits innovants de Foudhat Lahlioui ont été induits du patrimoine identitaire tunisien. En effet, dans une période coloniale où les sentiments de nationalisme et d’indépendance se faisaient de plus en plus ressentir, les Helioui Ahmed et Mokhtar, ont choisi de se démarquer des concurrents européens en concevant une argenterie spécialisée dans le « trousseau de Laroussa »: le panier de la mariée citadine de Tunis.

Ainsi est née Foudhat Lahlioui, avec les Mrash (lance parfum), Mabkhara (encensoir), Ghabara (élément boitier pour contenir la poudre à joue), Mokhala (flacon à poudre noire des yeux), Anjassa (poire), Teffaha (pomme), Rommana (grenadine), Mraya (miroir), Taffala (tasse à shampooing d’argile»), Khallass (peigne)...

Les bijoux de Foudhat Lahlioui, au filigrane, pour les plus aisés, ou en métal d’argent gravé aux motifs de la rose selon la technique du repoussé (bombage), sont offerts par le futur époux à la mariée dans le Knastrou Laroussa (panier de la mariée).

Le tout accompagné par la Kanaouita, coffre en bois recouvert de feuille d’argent ciselée ou gravée au repoussé. Pour les plus riches, une Kanaouita, entièrement en argent, destinée à renfermer les bijoux en or et en pierres précieuses également identitaires confectionnés par Ahmed, le cadet des Helioui**, à l’exemple de la Yabnouza, bracelet conçu en bois noir décoré d’or et serti de diamants, émeraudes, rubis et saphirs pour faire le bonheur de ces princesses friandes des belles oeuvres.

*Cahier artistique ARTmedina-tounes n°01, intitulé : « La fibule berbère, la Melia et le vœu de Moshé Nemni », par Monhel, 2015 Rév.2017, Amazon. 

https://www.amazon.fr/fibule-berb%C3%A8re-cahiers-artistiques-dARTm%C3%A9dina-tounesd-ebook/dp/B06W2J7LX4/ref=sr_1_9?dib=eyJ2IjoiMSJ9.bJBVHX0

**Note sur Ahmed Helioui annexée au Cahier artistiqie ARTmedina-tounes n°04, intitulé : « Bijoux berbères en argent de Tunisie », par Monhel, 2024, Amazon. 

https://www.amazon.fr/Bijoux-berb%C3%A8res-en-argent-Tunisie-ebook/dp/B0BT4K622K/ref=sr_1_1?dib=eyJ2IjoiMSJ9.bJBVHX0QM7vbg940QvMn6O

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mardi 30 avril 2024

Patrimoine beylical de Tunisie - L' ordre du Nichan Eddam offert au Duc de Montpensier

 

Figure 01 - Arrivée au port de La Goulette à Tunis en Juin 1846 du Duc de Montpensier, fils du dernier roi de France Louis Philippe (1830-1848) – Accueil solennel devant le palais beylical Essrarfia en face de la citadelle de La Goulette – Palais malheureusement démoli après l’indépendance, ainsi que le Faubourg de la « Petite Sicile » le juxtaposant, par un despote éclairé qui a laissé tomber en ruine durant un règne sans partage de plus de 25 ans l’ensemble du patrimoine beylical de Tunisie – Réf. ARTmedina-tounes.

Lors de sa visite à Tunis en juin 1846, le Duc de Montpensier a reçu du Bey Ahmed 1er la décoration du Nichan Eddam, la plus haute distinction du Beylicat de Tunis, entièrement sertie de diamants et pierres précieuses.

Figure 02 - Décoration du Nichan Eddam beylical sertie de diamants et pierres précieuses – C’est Ahmed 1er Bey (1837-1855) qui, en plus de la réorganisation de l’ordre du Nichan El Iftikhar créé par son père Mustapha Bey (1835-1837), créa un deuxième ordre d’une seule classe: le Nichan Eddam attribué uniquement aux princes de la famille beylicale et aux personnalités royales étrangères – Réf. ARTmedina-tounes.

L’ordre du Nishan Eddam, ou ordre du Sang, a été fondé en 1839 par Ahmed Ier Bey pour distinguer les princes de la famille beylicale qui avaient vocation au pouvoir. Il ne fut conféré à titre étranger qu’à de très hautes personnalités comme le duc de Montpensier (offert par le Bey Ahmed 1er) ou, beaucoup plus tard, au général de Gaulle (offert par le « Protectorat français » en Tunisie).

Figure 03 - Portrait du Duc de Montpensier réalisé en 1846 par le peintre Franz Xaver Winterhalter (1805-1873) montrant  la décoration beylicale tunisienne de l’ordre du Nichan Eddam - Huile sur toile: 80 cm X 52,5 cm - Commandé en double et offerts, en souvenir de la visite du duc de Montpensier en Tunisie en juin 1846, par le roi Louis-Philippe au Bey Ahmed 1er et à Mahmoud Ben Ayed, ministre du Bey et ami intime du Duc - Le portrait offert au Bey devrait être conservé dans les collections nationales tunisiennes. Celui de Mahmoud Ben Ayed, propriété privée, a été vendu aux enchères. On ignore le nouveau propriétaire – Réf. ARTmedina-tounes.

Au retour à Paris du Duc de Montpensier et en guise d’estime et de reconnaissance au Bey, Louis Philippe commanda deux portraits de son fils arborant le Nichan Eddam qu’il offra au Bey Ahmed 1er et à son bras droit Mahmoud Ben Ayed, ami intime du Duc et initiateur de sa visite à Tunis en juin 1846 pour préparer celle du Bey à Paris qui eut lieu en novembre 1846. Une visite mémorable en France d’un souverain arabo-musulman, la première en son genre sans l’aval de la porte sublime ottomane, déterminante pour l’avenir des relations entre Orient et Occident, entre la France et la Tunisie.

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mardi 23 avril 2024

Bijoux berbères en argent de Tunisie – Amulette ronde de conception creuse et en plaque (28)

 Amulette ronde de conception creuse

Figure 01 – Bijoux berbères en argent de Tunisie -  Pendentif amulette de forme circulaire et de conception creuse permettant de renfermer le Herz protecteur (écriture) et autres objets censés apporter protection et plénitude - Réf. ARTmedina-tounes ; Musée Helioui Ahmed des arts et de l’argenterie-

Figure 02 – Bijoux berbères en argent de Tunisie – Pendentif amulette de forme ronde et de conception creuse. Cette amulette se distingue par ses pendentifs originaux qui semblent caractériser la croyance chrétienne de sa propriétaire. En effet, au lieu et place des mains de fatma et des croissants lunaires caractérisant la croyance musulmane (fig.01), figurent tout d’abord un pendentif à l’effigie de la vierge Marie et deux autres pendentifs de formes et gravures assez originales en formes de cœur ou de poire - Réf. ARTmedina-tounes ; Musée Helioui Ahmed des arts et de l’argenterie-

Amulette ronde en plaque gravée

Figure 03 – Bijoux berbères en argent de Tunisie –Amulette pendentif suspendue à la fibule ronde de la Melia, conçue en plaque ronde gravée par des signes et écritures censés apporter protection et plénitude - Réf. ARTmedina-tounes. Photo de berbère sur carte postale orientaliste. Œuvres tombées dans le domaine public.

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dimanche 3 octobre 2021

Bijoux ethniques en argent de Tunisie- La parure de poitrine d’Alia, la bédouine d’Alexandre Roubtzoff.


Figure 01 – Dessin d’Alexandre Roubtzoff: «Alia la bédouine », 1923, Tunis – Réf.ARTmedina-tounes-

Alexandre Roubtzoff, le plus tunisien des orientalistes russes, figure parmi les rares peintres orientalistes, voire l’unique, qui a reproduit sur ses toiles l’ensemble des bijoux berbères en argent liés à l’habit de la Melia adopté par les berbères et les bédouines de Tunisie.

Ils sont superbes ses tableaux peints sous le reflet flamboyant et tendre des oasis. Alexandre Roubtzoff en connait l’effet chaleureux et mystique bienfaisant sur son être imbibé de ce rayonnement. Séduit, il a éternisé des scènes magnifiques sur ses toiles, de valeurs artistiques, aujourd’hui identitaires.

Figure 02 - Dessin d’«Alia la bédouine» d’Alexandre Roubtzoff, 1923, Tunis – Parure de poitrine constituée de 2 chaines en parallèle reliées à 2 fibules rondes et présentant des pendentifs en ronds lunaires fermés tel que le rond lunaire figurant à droite, propriété du Musée virtuel Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts – Réf.ARTmedina-tounes-

La mélancolique Alia exhibait avec fierté sa parure de poitrine de la Melia dont les deux extrémités sont reliées à deux fibules rondes permettant de nouer l’habit de la Melia. Une parure originale car doublée de 2 chaines en parallèle et ne présentant que des pendentifs en ronds lunaires fermés tels que le rond lunaire situé à droite de la figure 02, propriété du Musée virtuel Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

Sur le même dessin, Alexandre Roubtzoff ne résista pas à dessiner dans les petits coins une parure également originale constituée de triple chaines en parallèle dont la médiane porte la main de Fatma en plaque ciselée (fig.03), une fibule berbère à extrémité triangulaire (fig.04) et un dessin que je n’arrive pas à lire.

Figure 03 – Parure originale de poitrine de la Melia constituée de 3 chaines en parallèle dont la médiane porte un pendentif de main de Fatma en plaque ciselée tel que celui figurant à droite, propriété du Musée virtuel Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts - Réf.ARTmedina-tounes- Dessin d’Alexandre Roubtzoff: «Alia la bédouine », 1923, Tunis –

Sur un même Dessin, le sensuel Roubtzoff a reproduit deux parures originales de poitrine de la Melia à chaines rangées en parallèle tout en présentant les fibules berbères ronde et à extrémité triangulaire, la main de Fatma en plaque ciselée et les ronds lunaires fermés contribuant ainsi à la sauvegarde du patrimoine multiculturel de Tunisie.

Figure 04 – Tableau de peinture d’«Alia la bédouine » d’Alexandre Roubtzoff, 1923, Tunis – Sur un des coins du tableau est dessinée une fibule bédouine à extrémité triangulaire telle que la fibule de droite de la collection du musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts - Réf.ARTmedina-tounes-

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Article reproduit de https://heliouiahmedmuseum.blogspot.com/

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