Dimension réelle -
Diamètre : 14 mm, poids : 2 g
Figure 0 - Monnaies beylicales de Tunis – Fals (Bourbe) en cuivre de la période du 16è et 17è siècles similaire aux Fals en figures 1 et 2 - Diamètre : 14 mm, poids : 2 g, Flanc 1.6 mm, date illisible – Réf. ARTmedina-tounes.
Mise à jour du 19.9.2023 relative au paragraphe * en bas du chapitre "Distinction visuelle entre Fals Mouradite et Fals Husseinite".
En fait, selon A.Fenina (3), la reprise de l'émission du Fals depuis la fin du 17è siècle s'est réalisée en 1759 JC sous le règne de Mohamed 1er Rachid Bey (1756-1759) qui est en même temps l'année de son décès. A.Fenina confirme que le Fals (Bourbe) n'a pas été frappé sous les deux premiers beys Husseinites Hussein 1er Bey (1705-1735) et Ali 1er Bey (1735-1756). Ce dernier a réformé le système du Fals (Bourbe) en le rendant divisionnaire par la création du Qafsi (Bourbine) de valeur égale à 1/6 Fals. Le KM (3) signale deux autres divisions dont le double du Qafsi de valeur 1/3 Fals. Pour Monhel (3), le système divisionnaire du Fals (Bourbe) comporte le 1/3 Fals et le 1/6 Fals (Qafsi ou Bourbine dénommé également Fals Rekik).
Introduction:
Les monnaies beylicales en cuivre de la régence de Tunis durant la période 1574 à 1891 (1) englobent les systèmes du Fals (Bourbe) en circulation de 1574 à 1837, du Nasry* de 1837 à 1858/1859 et du Kharoub** de 1858/1859 à 1891.
*à ne pas confondre avec le Nasri en argent d’origine Hafside (Partie A)
**à ne pas confondre
avec la Kharouba en argent créée par
Ali 1er Bey (1735-1756) (Partie A)
La Partie A, déjà
publiée en date du 7 4 2023 sur le blog ARTmedina-tounes, s’est intéressée aux
monnaies beylicales en argent. La Partie C s’intéressera aux monnaies en or.
Quant à la présente Partie B01, elle spécifie les caractéristiques du Fals (Bourbe) en cuivre de la période du 16è - 17è (1574 à 1703), en plus d’une méthode visuelle de sa distinction par rapport au Fals Husseinite du 18è - 19è (Partie B02), ainsi que sa cotation Monhel. En sous Partie B01.01 sera présenté un Fals inédit de cette période attribué à Othman Dey (1594-1610) et en sous Partie B01.02, un autre Fals encore plus inédit attribué à Ibrahim Chérif (1703-1705) dont on ne connait aucune pièce.
Le Fals Husseinite de
1705 à 1837 sera présenté en Partie B.02. Le Nasry de 1837 à 1858/1859 en
Partie B.03 et le Kharoub de 1858/1859 à 1891 en Partie B.04
………………………………………….
En
raison de la rareté de monnaies de la régence de Tunis durant la période du
16è-17è siècles (1574-1703) (2), il est impossible à l’état actuel de dresser
une liste des monnaies frappées par chaque gouvernant de cette période caractérisée
par un pouvoir tripartite dirigé par le Pacha (représentant du Sultan), le Dey
(chef militaire) et le Bey (chef chargé de la collecte des impôts) [Voir listes dans le cahier n°03
d’ARTmedina-tounes (5)].
A
partir de Mourad 1er (1613-1631), les Beys Mouradites ont pu imposer une dynastie monarchique à la tête
de la régence de Tunis. Dirigée avec brio par Hamouda Pacha Bey (1631-1668),
fils de Mourad 1er le fondateur, et vite éteinte par la mort tragique
du cruel Mourad 3 (1698-1702), au contraire de la dynastie des Beys Husseintes, trois fois centenaires
(1705-1956).
Malgré
la diversité des gouverneurs ayant frappé des monnaies durant cette période, peu
d’études s’y sont intéressées. Que dire alors du monnayage en cuivre en général
si peu intéressant, voire délaissé par une large partie des numismates.
Les
rares Fals (Bourbe) en cuivre de cette période tels que recensés par A.Fenina (2)
(3) ne dépassent pas la vingtaine, c’est-à-dire extrêmement rare (A.Fenina n’en dénombre que 18 à travers
l’ensemble des médailliers qu’il a consulté lors de la préparation de sa thèse).
Leur attribution n’est pas aisée. La plupart se trouvent dans un mauvais état
de conservation. Leur identification est rendue difficile du fait de
l’illisibilité de la date de l’ensemble de ces monnaies rescapées.
Voilà
que l’analyse de Monhel de ces Fals (Bourbe) du 16è - 17è s’attarde sur deux
symboliques iconographiques remarquables, représentés par le croissant (figure 1A) et la Khanfoussa (figure 1B), une signature
sous forme de multi anneaux liée vraisemblablement à la titulature du Sultan.
En
exemple, le Fals en figure 1 montrant le symbolique du croissant sur sa face et
celui de la Khanfoussa sur son revers.
Dimension réelle -
Diamètre : 14 mm, poids : 2, 8 g
Figure 1 - Monnaies beylicales de Tunis – Fals en cuivre de la
période Mouradite du 17è siècle similaire à celui de la figure 2 - Frappé sous
le sultan ottoman Mohamed 4 Ibn Ibrahim (1648-1687), il est caractérisé par l’indication
du croissant sur la face (figure 1A) et de la Khanfoussa sur le revers (figure
1B) que l’on ne retrouve pas sur le Fals de la période Husseinite du 18è et 19è
(Figure 4) – Poids : 2.8 g, diamètre : 14 mm, Flan : 2mm - Réf.
ARTmedina-tounes.
Face =
Indication en arabe de: «/ Sultan / Mohamed Ibn (Fils) / Ibrahim»/, croissant
avec un globule au centre.
Figure
1A : Croissant avec globule centré situé sur la face.
Revers
= Indication en arabe de: «/… (Izza Nasrou : illisible, voir figure 3) /
Fi (à) / Tunis / Sanet (année : seulement une ligne visible) /… (Date
illisible)) » ; Symbolique Khanfoussa (signature sous forme de multi
anneaux liée vraisemblablement à la titulature du Sultan /».
Figure 1B : Khanfoussa (signature sous forme de multi
anneaux) située au revers.
D’autres exemples des symboliques de la Khanfoussa et du croissant figurent sur deux Fals exceptionnels du musée de la monnaie à Tunis (4) (Collection de la Banque centrale de Tunisie). Nous les reproduisons ci-après en figures 2 et 3.
Dimension réelle -
Diamètre : 16 mm, poids : 2,58 g
Figure 2 - Monnaies beylicales de Tunis – Fals (Bourbe) en
cuivre du 17è siècle frappé sous la période du sultan Mohamed 4 Ibn Ibrahim
(1648-1687) dont la période de règne correspondant à la gouvernance à Tunis de
plusieurs Beys Mouradites : Hamouda Pacha Bey El Mouradi (1631-1668),
Mourad 2 Bey (1666- 1675 JC)… et Ali Bey (1676-1688) – Fals caractérisé par les
deux symboliques iconographiques particulières du 17è représentées par le
croissant sur la face et la Khanfoussa (signature sous forme de multi anneaux)
sur le revers – Poids : 2.58 g, diamètre : 16 mm - Réf. Musée de la
monnaie de Tunis (Collection de la Banque centrale de Tunisie BCT (2) (4).
Face= indications en arabe en 3 lignes de : « Sultan /
Mohamed Ibn (fils) / Ibrahim » ; croissant avec globule au centre.
Figure 2A: Indication en arabe du terme « Ibrahim »
situé en bas de la face.
Revers = Indication en arabe de: «(Izza Nasrou : illisible,
voir figure 3) / Fi (à) / Tunis) / Sanet (année)/ (Date illisible) » ;
symbolique Khanfoussa (signature sous forme de multi anneaux liée vraisemblablement
au Sultan /».
Si
le croissant est un symbolique pilier de la religion musulmane, la Khanfoussa,
moins réputée, est comme mentionné ci-dessus une signature sous forme de multi
anneaux liée vraisemblablement à la titulature du sultan. Il est à noter qu’en l’absence et/ou sans connaissance de la
terminologie adéquate ottomane, le terme Khanfoussa dans le présent texte émane
de Monhel. En sachant que ce terme est utilisé par les anciens notaires en
Tunisie qui se sont inspirés du système de la Khanfoussa ottomane comme
signature officielle de leur acte notarié perdurant jusqu’à la fin du 20è
siècle.
L’attribution
des Fals (Bourbe) en figures 1 et 2 n’est pas possible à partir de la date de
frappe à cause d’illisibilité. C’est la mention du nom du sultan ottoman
Mohamed (4) Ibn Ibrahim (1648 à 1687) lisible sur la face, notamment pour le
Fals en figure 2, qui a permis de situer la période de frappe équivalente à
celle du règne du sultan. Une période assez longue de 39 ans correspondant au
règne de plusieurs Beys Mouradites de Tunis : Hamouda Pacha Bey El Mouradi
(1631-1668), Mourad 2 Bey (1666- 1675JC)…et Ali Bey Mouradi (1676-1688).
Dimension réelle -
Diamètre : 13 mm, poids : 1,76 g
Figure 03 – Monnaies beylicales de Tunis du 17ème –
Fals (Bourbe) frappé en 1033 de l’Hégire équivalent à 1634 JC sous la
période du sultan ottoman Mourad 4 (1623-1640)
Ibn Ahmed 1 (1603-1617) correspondant à la période du Dey de Tunis Youssef
(1610-1637) et du Bey Mouradite Hamouda Pacha (1631-1666) – Poids : 1.76 g,
Diamètre : 13 mm – Réf. Collection de la BCT (Banque centrale de Tunisie),
Tome 2, n°412.
Face = « Sultan/ Mourad (1623-1640) Ibn Ahmed (1603-1617) /
Khan (Titre honorifique)»; Khanfoussa (Signature en forme de multi
anneaux).
Revers= « Izza Nasrou (Titre honorifique)/ Dhuriba (Frappé)
/ Bi Tounes (à Tunis) / Sanet (année) / 1033 Hégire (1634 JC)
Le
Fals exceptionnel en figure 3, dont la date est lisible, est frappé en 1033 de
l’Hégire (1634 JC) sous les périodes du sultan
ottoman Mourad 4 (1623-1640), du Dey
de Tunis Youssef (1610-1647) ainsi que des Beys Mouradites Mourad 1er
(1613-1631), fondateur de la dynastie Mouradite, et son fils Hamouda Pacha Bey (1631-1666).
Il montre deux Khanfoussa, l’une sur la face (à la place du symbolique du
croissant mentionné sur le Fals en figure 1), l’autre sur le revers.
Il
montre aussi, en même temps et de façon assez lisible, deux titres du sultan
ottoman : « Khan » situé sur la face en bas et « Izza
Nasrou », titre honorifique (« honneur à sa victoire »), sur le
revers en haut.
Ce
Fals est exceptionnel car il peut servir de référence pour la lecture en arabe généralement
assez difficile de l’ensemble des Fals (Bourbe). Notamment la lecture du titre
honorifique « Izza Nasrou » (honneur à sa victoire). Ainsi que des
termes « Dhuriba » (frappé), Bi-Tounes (à Tunis) et surtout « Sanet »
(année) à la limite de lisibilité (exprimée simplement en une ligne avec légère
courbure signifiant les lettres en arabe « sa », le
« noun » ou le « ta » en style calligraphique, certes assez
difficile à lire).
Distinction visuelle
entre Fals Mouradite et Fals Husseinite
Pour
Monhel, les deux symboliques du croissant et de la Khanfoussa sont des
indications permettant la distinction visuelle entre le Fals (Bourbe) du 16è - 17è
[période de 1574 à 1703 englobant celle
des Beys Mouradites entamée en 1613 par le fondateur Mourad 1er
(1613-1631)] (figures 1, 2, et 3) et le Fals (Bourbe) Husseininte du 18è -
19è siècles* qui ne les reproduit
pas (Figure 4). L’iconographie de la face de ce dernier n’est caractérisée que
par 3 termes : Sultan, Nom du sultan et titre du sultan (Khan) comme
indiqué ci-après en figure 4. (La Partie
B03 sera consacrée au Fals Husseinite).
Dimension réelle -
Diamètre : 22 mm, poids : 3,1 g
Figure 4 – Monnaies beylicales de Tunis - Fals (Bourbe)
Husseinite en cuivre frappé en 1187 de l’Hégire correspondant à 1774 JC sous la
période du Sultan ottoman Mustapha 3 (1757-1774) et du Bey Ali 2 (1759-1782) –
Poids de 3.1 g, diamètre : 22 mm – Réf. ARTmedina-tounes.
Face = Indication en arabe en 3 lignes de: «/ Sultan / Mustapha
/ Khan /»,
Revers = Indication en arabe de: « /Date de l’Hégire 1187 (1774
JC) / Dhuriba Fi (Frappé à) / Tunis / ».
*La première période
Husseinite s’étalant de 1705 à 1759 correspond à la circulation de la quantité
importante du Fals (Bourbe) hérité d’Ibrahim Chérif (1703-1705) résultant de la fusion
du Fals du 16è-17è dont on ne recense actuellement qu’une vingtaine de pièces rescapées
(2). (La Partie B01.02 lui sera
consacrée). En sachant que durant cette longue période, les successeurs
d’Ibrahim Chérif, Hussein 1er Bey (1705-1735) et Ali 1er
Bey (1735-1756) n’ont point
frappé de Fals (Bourbe) en cuivre. Ce dernier a introduit le Qafsi (Bourbine) dénommé également Fals rekik (Fals fin), de valeur égale à 1/6 Fals.
En fait, ce qui s’est passé pour le Fals (Bourbe) du 16è-17è de poids moyen de 1.6g (6) refondu par Ibrahim Chérif (1703-1705), s’est reproduit pour le Fals (Bourbe) de ce dernier de poids amoindri mais gardant sa valeur (6). En effet, le Fals d'Ibrahim Chérif a été refondu en 1759 par Mohamed 1er Rachid Bey (1756-1759) puis par Ali 2 Bey (1759-1882) pour lui redonner sa grandeur d’origine arabe de poids moyen d’environ 3 à 4 g. Aucun exemplaire du Fals d’Ibrahim Chérif ne nous est parvenu, sauf peut-être celui suggéré par Monhel (La Partie B01.02 lui sera consacrée). Un exemplaire du Fals (Bourbe) émis en 1759 figure dans la collection de la BCT, monnaie 727 - Musée de la monnaie de Tunis (2).
Cotation Monhel
Sur
la base de la rareté des Fals (Bourbe) de la régence de Tunis du 16è - 17è siècles
(1574-1703) dont le nombre ne dépasse pas la vingtaine en référence aux études
d’A. Fenina (2) (3), Monhel situe leur cotation à 10 fois supérieure à celle
des Fals Husseinites du 18è-19è siècles (1703-1837) beaucoup plus disponible. Il
est à noter que les cotations actuelles sur le marché, notamment européen, ne tiennent
pas compte de cette distinction.
(1) Ensemble des
monnaies en cuivre de la régence de Tunis pour la période 1574-1891:
Période
1574-1847
Période 1574-1703 : Fals indivisible d’origine
Hafside
Période 1703-1705 : Fals d’Ibrahim Chérif Bey
(1703-1705)
Période 1705-1847 :
Fals Husseinite et ses subdivisions 1/3 Fals et 1/6 Fals (Qafsi)
Période
1847-1858/59
Nasry N et ses multiples 3N et 6N sous Ahmed 1er
Bey (1837-1855), plus 13N sous Mohamed 2 Bey (1855-1858)
Période
1858/59-1882
Kharoub K, ses multiples et ses subdivisions
(2)
Numismatique et histoire de la monnaie en Tunisie - Banque centrale de Tunisie
BCT – Tome 2 : Monnaies islamiques. Partie 6 : La monnaie de la
régence de Tunis au 16è-17è siècles, Abdelhamid Fenina, Université de Tunis,
Page 161
(3) Abdelhamid
Fenina, 2003, « Les monnaies de la régence de Tunis sous les Hussaynides,
études de numismatique et d’histoire monétaire (1705-1891) », Tunis, 456
pages, 12 planches.
(4)
Musée de la monnaie de Tunis (collection de la Banque centrale de Tunisie BCT)
(5)
Cahier artististique n°03 d’ARTmedina-tounes : « Système monétaire de
la régence de Tunis (1574-1891) », Moncef Helioui, 2020, Amazon, 344
pages, 182 figures.
(6) Sebag
Paul. Les monnaies tunisiennes au XVIIe siècle. In: Revue du monde musulman et
de la Méditerranée, N°55-56, 1990. pp. 257-265. http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/remmm_0997-1327_1990_num_55_1_2348
Monhel
ARTmedina-tounes
Copyright