Berbéro bédouine de Tunisie parée de
l’ensemble de ses bijoux et portant la Melia nouée avec deux fibules rondes -
(Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01; Carte postale de Joseph Garrigues)
A
l’occasion du mois du patrimoine en Tunisie (18 Avril - 18 Mai 2017), Monhel reproduit ci-après, l’annexe
A04 relative au photographe orientaliste Joseph Garrigues et publiée dans le
cahier artistique n° 01 d’ARTmedina-tounes, intitulé : «La fibule berbère,
la melia et le vœu de la paix»1 .
Bijoux berbères en argent de Tunisie –
Fibule de forme triangulaire typique de la région de Tunisie, caractérisée par
son design en triangle [longueur: 16 cm, base du triangle: 7cm, poids: 54g]
(Réf. ARTmédina-tounes; Cahier 01)
Les
photographies de Joseph Garrigues et consorts, notamment celles des berbéro
bédouines habillées en melia avec ses merveilleux bijoux en argent, constituent
sans conteste un immense legs identitaire enrichissant du patrimoine de
Tunisie.
Néanmoins,
dans le cahier artistique suscité, Monhel met en relief le concept de la
photographie orientaliste identitaire, celle qui transmet une identité
historique dès l’instant de la prise photographique, et à son opposé, la
photographie de mise en scène à effet commercial ou de propagande colonialiste,
comme pour les photos des bédouines dénudées. Et ils étaient fort nombreux les
photographes et peintres orientalistes à se spécialiser dans les
« nus ». Un débouché commercial fort rémunérant, mais qui a causé en
même temps une atteinte à la dignité du peuple colonisé, atteint à travers la
cible du groupe ethnique le plus pauvre qu’on pouvait facilement acheter et
dénuder.
Berbéro
bédouines dénudées – Carte postale de Joseph Garrigues – (Réf.
ARTmedina-tounes).
Ci-après,
l’annexe A04:
"Joseph Garrigues fait
partie du groupe restreint des premiers photographes ayant opéré en Tunisie
depuis la grande découverte des techniques photographiques et ses débuts
pratiques à partir de 1850.
Curieusement, on ne
connait pas ses origines natales, contrairement à ses concurrents contemporains
comme Jean Geiser (1848-1923), Issac Levy (1833-1913) ou les frères Neurdein, dont la fameuse marque ND, l’une des plus anciennes marques photographiques,
date des années 1880.
Avec ses collègues de
la deuxième vague des photographes orientalistes, comme Rudolphe Lehnert
(1878-1948) ou les frères Pavia et Désiré, il fait partie de la dizaine de
photographes qui ont légué à la Tunisie multiethnique un riche patrimoine
photographique s’étalant sur plus d’un siècle.
Portraitiste, Joseph
Garrigues était le photographe officiel de Sadok Bey (1859-1882) et de son
successeur Ali 3 Bey (1882-1902). Il s’est distingué par son intérêt
particulier à photographier la communauté juive de Tunisie qui représentait
environ le cinquième de la population tunisienne de l’époque.
Joseph Garrigues
était également éditeur de ses cartes postales. A son grand actif, les cartes
postales n° 99 et n°179 - décrites par Monhel dans le cahier artistique n°01
d’ARTmédina-tounes - reproduisant deux remarquables photos de berbéro bédouines
tunisiennes en train d’allaiter. L’une, juive, identifiable par sa symbolique
de l’étoile de David et sa calotte pointue, l’autre, musulmane, portant toutes
les deux la magnifique Melia berbère de Tunisie, trait d’union entre deux
communautés millénaires du désert Maghrébin.
Durant la deuxième
moitié du 19ème siècle, Joseph Garrigues depuis Tunis, Jean Geiser
depuis Alger, François Soler depuis Oran (puis Tunis) et Neurdein et Levy
depuis Paris, figurent parmi les premiers grands photographes et éditeurs de
l’Afrique du nord. Rejoints en début du 20ème siècle par d’autres
techniquement plus performants, comme Rudolphe Lehnert. En plus des scènes de
types, des paysages et des portraits, ils ont été à l’origine du lancement de
la mode de la nudité* sur les cartes postales par le biais des bédouines
indigènes. Etaient-ce pour des raisons commerciales pour rivaliser avec les
peintres orientalistes qui se faisaient déjà du succès avec les nus ? Ou,
étaient-ce pour des visées colonialistes avec comme premier objectif
l’acculturation par la dégradation identitaire des peuples colonisés ?
*NB: Apparemment,
dans une Europe du 19ème siècle encore conservatrice, on ne pouvait pas montrer
facilement des européennes, chrétiennes, nues sur des cartes postales. Avec la
colonisation et un esprit dominateur rampant et hautain, on pouvait se le
permettre avec les indigènes qui se sont même retrouvés exposés derrière des
grilles au même titre que les animaux, dans les expositions coloniales en
France. Pour amuser la galerie, sûrement. Pour se faire de l’argent facile,
certainement. Pour la propagande de la colonisation dominante des peuples
indigènes, surtout. En portant un coup énorme à l’honneur et à la fierté des
groupes ethniques les plus pauvres et les plus faibles qui, un siècle plus
tard, méritent les excuses officielles des responsables colonisateurs.
Fig.116 – Berbéro bédouine dénudée - Carte postale du photographe orientaliste Joseph Garrigues – (Réf. ARTmédina-tounes)
Grand photographe de
renom de la fin du 19ème siècle, Joseph Garrigues a été récompensé
par plusieurs médailles dont celle de l’exposition universelle de Paris en 1889
ou celles de Tunis et de Toulouse en 1898.
A Tunis, son premier studio était situé à la
rue de la Commission avant d’aménager à l’avenue de France, la première avenue
commerçante du centre-ville, en face d’un autre grand photographe orientaliste:
François Soler. Son studio sera repris en début du 20ème siècle par
Rudolphe Lehnert et celui de François Soler par les frères Pavia et Désiré.
Si son studio a été
repris par Rudolphe Lehnert, sa succession commerciale est aussi obscure que
ses origines et semble être assurée dès 1908 par le photographe Marichal, déjà
installé à la rue Al Djazira et connu pour ses clichés depuis 1882.
Devant le manque
d’informations et le silence complet entourant les origines de Joseph
Garrigues, Monhel, en comparant les œuvres de ce dernier avec celles de Jean
Geiser, est tenté de croire que ces deux photographes, portant les mêmes
initiales J.G, ne font qu’un seul: celui dont les origines sont connues, celles
de Jean Geiser. Tous les deux sont reconnus pour avoir opéré durant la deuxième
moitié du 19ème siècle, l’un à Tunis et l’autre à Alger et tous les
deux, reconnus pour avoir photographié la communauté juive et les officiels des
deux pays.
Il semblerait que
l’usage de la double identité s’appliquerait également à Rudolphe Lehnert
depuis Tunis et Rudolphe Neuer depuis Tanger. Une supposition déjà avancée par
les spécialistes de Rudolphe Lehnert."
ARTmedina-tounes
Copyright
1 Cahier artistique n°
01 d’ARTmedina-tounes, intitulé : « La fibule berbère, la melia et le
vœu de la paix » ; Monhel; édition n°2 de janvier 2017 ; édité
chez Amazon sous formes papier et ebook Kindle (https://www.amazon.fr/fibule-berb%C3%A8re-Melia-voeu-paix/dp/1507820151)
Table des matières:
Avant- propos
Note relative à la deuxième édition
Chapitre 1 - Bijoux ethniques de Tunisie - La fibule
berbère, partie intégrante de la parure de la Melia
Chapitre 2 - Fibules et bijoux berbères de Tunisie -
Introduction sur l’origine et l’évolution.
Chapitre 3 - La Melia, trait d’union entre communautés juives
et musulmanes de Tunisie.
Chapitre 4 - La fibule en croissant et la «gravure de la
paix» - Les argenteries «Nakshet Nemni» et «Foudhat Lahlioui»
Chapitre 5 - Le Vœu de la paix de Nemni - Entre réalités
et fictions.
Chapitre 6 - La sauvegarde du patrimoine - Cas des
fibules de Tunisie.
ANNEXES
A 01 - Monhel
A 02 - Les libyques
A.03 – Le peintre orientaliste Alexandre Roubtzoff
A 04 – Le photographe orientaliste Joseph Garrigues
A 05 – Le Professeur ethnologue Gabriel Camps
A 06 – L’orfèvre graveur Moshé Nemni
A 07 – Le corsaire Dargouth Pacha allias Dragut
A 08 – Le Docteur ethnologue Ernest Gustave Gobert
A.09 – L’orfèvre bijoutier Ahmed Helioui
A 10 – Le peintre Albert Louis Aublet
A 11 – Le photographe orientaliste Jean Geiser
A 12 - Liste des cahiers artistiques d’ARTmédina-tounes
A 13 - Droits d’auteur et Copyright
A 14 – Terminologie
A 15 - Autres fibules de la collection privée
d’ARTmédina-tounes
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