Écu de Séville:« IOANA ET KAROLVS » - Rois d’Espagne et de Sicile -
[… HISPANI.ARVM REGES SIC...]-
Réf. (Au 2) 3,3 g 2,4 cm.
La magnifique pièce en or à l’honneur de Jeanne de
Castille (IOANA) et de son fils (KAROLUS), plus connu par son homonyme de
Charles Quint fait partie des « escudos » les plus célèbres de Séville, frappés
en début du 16ème siècle. Rarissime et tant convoitée par les collectionneurs
numismates, les nostalgiques conquistadores, les dramaturges, les radicaux
catholiques... Une monnaie chargée d’histoires, pleine d’énigmes liées au pouvoir,
à l’amour, à l’infidélité, à la folie de l’amour, corporel et spirituel, à la
triste histoire de l’Inquisition espagnole intimement liée à l’église
catholique…
La folie de l’amour a joué de mauvais tours à JEANNE,
fille de la grande ISABELLE de Castille (1451-1504), la fameuse reine
catholique qui a fait chasser les musulmans et...les juifs en dehors d’Espagne
à la fin du 15ème siècle.
La folie du pouvoir s’est emparée du père de JEANNE, le roi FERDINAND II (1452-1516), roi d’Aragon, en faisant emprisonner sa fille afin de lui confisquer le royaume de Castille, hérité de sa mère par testament.
Radicale sera la folie religieuse qui a engendré l’inquisition espagnole sous le règne des rois catholiques, les parents de Jeanne. Sous leur règne, environ 2000 marranes et morisques -juifs et musulmans reconvertis- furent condamnés au bûcher des flammes par le tribunal de l’inquisition.
Les parents de Jeanne ont été surnommés « les rois
catholiques » pour avoir rendu l’Espagne au catholicisme, en venant à bout du
dernier royaume musulman de Grenade. Pour avoir instauré « l’inquisition
espagnole», un tribunal catholique radical, sur autorisation du pape Sixte IV
en 1478. Pour avoir imposé par la force la religion catholique en persécutant
et en pourchassant les musulmans et les juifs. Pour avoir pratiqué la
purification ethnique par la « propreté du sang » (« limpieza de sangre ») –
bien avant le pouvoir nazi- en identifiant les personnes ne possédant pas
d’ancêtres juifs et musulmans.
JEANNE était très attachée sentimentalement à son mari
PHILIPPE de Habsbourg qu’elle épouse en 1496 à son plus bel âge de 18 ans. Elle
a vécu la belle folie de l’amour. Epanouie durant ses 10 années de mariage,
elle eut six enfants dont CHARLES QUINT marquera profondément l’histoire de
l’Europe et du nouveau monde, l’Amérique, fraîchement découverte par C. COLOMB
en 1492.
Au contraire de sa mère ISABELLE dont la sexualité a été
plutôt complexée depuis son jeune âge passé chez les sœurs, JEANNE était de
nature spontanée et ne cachait nullement son amour vif et extrême pour le plus
beau des maris, dénommé à juste titre « Philippe le beau », descendant des HABSBOURG,
fils de l’empereur Maximilien et de la Duchesse de Bourgogne. Le comportement
naturel et libéral de JEANNE choquait à l’époque une cour conservatrice menée
par la main de fer d’une reine Catholique dont l’émancipation de sa fille est
sûrement un dérangement. Un péché pour les catholiques radicaux. Mais Jeanne ne
pouvait pas cacher ses émotions naturelles et la flamme de son amour passionné.
Malgré toutes les dérives comportementales de sa fille,
la reine catholique ISABELLE, comme toutes les mères, ne pouvait songer qu’à sa
protection. Dans son testament, elle la désignera héritière de son royaume de
Castille et …insistera à « christianiser » l’Afrique du nord. Elle était loin
de se douter que la folie du pouvoir poussera son mari Ferdinand II à ne pas
respecter son testament. De même que son petit fils CHARLES QUINT. Tous les
deux écarteront l’héritière légitime du royaume de Castille.
Quand la mort d’ISABELLE survint en 1504, Jeanne était au plus mal, sentimentalement. La multiple vie amoureuse de Philippe le beau, en réalité un coureur de jupon à succès, dont les femmes ne pouvaient rester indifférentes à son charme et à sa beauté virile, alla la précipiter vers la descente aux enfers. Le calvaire de la jalousie l’emmènera de l’amour fou à la folie amoureuse.
Deux années plus tard en 1506, survint la mort du mari
infidèle que Jeanne continuait malgré tout à adorer dans l’absolue éternité. La
double séparation de deux êtres aussi chers fût un choc doublement terrible
pour une héritière aux déboires. Son père, le roi catholique Ferdinand II,
profita de l’état psychologique de sa fille et de la minorité de ses
petits-fils pour l’écarter du pouvoir en Castille. Taxée de folle, il l’enferma
en 1509 à Tordesillas avec l’approbation d’une cour qui sauta sur l’occasion
tant attendue pour se débarrasser de l’impie.
Le destin tragique de JEANNE fera de sorte qu’elle ne
régnera jamais sur le royaume de Castille. Car même après la mort de son père
en 1516, le véritable gouverneur des royaumes de Castille et d’Aragon sera son
fils CHARLES QUINT qui, plus cupide que son grand père et plus cruel,
maintiendra sa mère prisonnière toute sa vie.
Sous le règne de CHARLES QUINT, la folie religieuse de
l’inquisition espagnole reprendra de plus belle, mais cette fois ci sous la
supervision directe du pape. Elle ne sera abolie officiellement que beaucoup
plus tard, durant le 20ème siècle. Entre temps, l’église radicale catholique se
remplira bien les poches de la confiscation des biens des marranes juifs et des
morisques musulmans,… des pédérastes et de tous ceux pris en déviation des
dogmes radicaux catholiques.
monhel
ARTmédina-tounes
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