mercredi 29 mai 2024

Monnaies beylicales de Tunisie - Monnaies en cuivre d’Ali 3 Bey (1882-1902)

 

Diamètre réel : 25 mm

Figure 01 – Monnaie de 5 Centimes d’Ali 3  Bey (1882-1902) émise en 1892.

Métal : alliage de Cuivre (950), Etain (40) et Zinc (10) de teint rouge.

Diamètre: 25 mm; Poids: 5 g. Tranche lisse.

Face = indications en arabe en 6 lignes : / Ali / Muddat (Période) / Bey / Tunis / 5 Centimes / Sanet (année) 1309 de l’Hégire (1892 JC) /. Indications entourées d’une palme et d’une branche d’olivier.

Revers = indications en français en 5 lignes : / Tunisie / 5 / Centimes / 1892 / A/. Indications centrées, entourées d’un décor composé d’un motif original en relief répétitif sous forme de poire (ou figue) assez remarquable.

Emise de 1891 à 1893.

4.300.000 exemplaires en 1891 (Rareté R1 : courante). 1.191.757 exemplaires en 1892 (Rareté R1 : courante). 1.008.243 exemplaires en 1893  (Rareté R1 : courante).

Les monnaies de cuivre d’Ali 3 Bey (1882-1902) émises à partir de 1891- date annonçant le nouveau système monétaire du Protectorat français basé sur les unités de compte du Franc et du Centime- sont celles qui ont remplacé les monnaies cuivrées du Kharoub de la régence de Tunis sous les ottomans  dont l’émission a été déjà suspendue de 1882 à 1891 à l’avènement du Protectorat français. Seules les monnaies en or et en argent ont été émises durant cette dernière période.

Ces monnaies assez particulières se caractérisent  par leur alliage innovant : Cuivre (950), Etain (40) et Zinc (10) se distinguant par un teint rouge assez prononcé par rapport aux monnaies en alliage de cuivre de teint plutôt jaunâtre (Bronze : alliage Cuivre-Zinc).

Pour la première fois, les inscriptions du revers ont été totalement écrites en Français. La première tentative tentée en 1887 par l’indication des inscriptions 15 F sur les monnaies beylicales a été perçue par la population locale comme un blasphème entrainant des protestations. La face indiquant le nom du Bey en arabe est demeurée en place jusqu’à l’indépendance en 1956.

L’iconographie du revers présente un double grènetis également innovant dont les « points » répétitifs sont de conception assez grosse et de forme en poire.

L’iconographie de ces monnaies a été reprise pour les beys successifs Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906), Mohamed 5 Ennaceur Bey (1906-1922) et Mohamed 6 Habib Bey (1922-1929), avant mise à l’écart à partir du règne d’Ahmed 2 Bey (1929-1942).

Monnaies beylicales de Tunisie – Revers de la monnaie de 5 centimes de Mohamed 4 Bey (1902-1906) émise en 1903 indiquant le double grènetis innovant en forme de poire – ARTmedina-tounes.

 Les monnaies de cuivre d’Ali 3 Bey (1882-1902)ont été émises en 4 valeurs monétaires sur la base du système monétaire français de l’unité de compte secondaire du Centime.

10  Centime

30mm, 10g, tranche lisse, émise de 1891 à 1893

5 Centimes

25mm, 5g, tranche lisse, émise de 1891 à 1893

2 Centimes

20mm, 2g, tranche lisse, émise en 1891

1 Centime

15mm, 1g, tranche lisse, émise en 1891

Malgré leur émission en grand nombre (Rareté courante R1), l’ensemble de ces monnaies se font de plus en plus rares à trouver sur le marché, ce qui se répercute sur leur valeur.

Ci-après leur cotation Monhel* :

Cotations limites selon la rareté et l’état de conservation de «Beau» à «Splendide»: 50 DT à 240 DT*

*Livret numismatique ARTmedina-tounes n°04, intitulé : « Monnaies de Tunisie - Répertoire et Cotation Monhel - Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906) - Ali 3 Bey (1882-1902) », 2024, Amazon.

ARTmedina-tounes

Copyright

lundi 27 mai 2024

Foudhat Lahlioui – Filigrane et gravure au repoussé (bombage)

 Pour l’imaginaire populaire dans le Souk de Tunis, Foufhat Lahlioui est associée aux bijoux en argent selon la technique du filigrane. 


Fig.01 – Bijoux ethniques en argent de Tunisie - Foudhat Lahlioui. – Ghabara (pouponnière pour contenir la poudre à joue) façonnée selon la technique du filigrane – Fait à la main - Création Ahmed Helioui (Hauteur: 9 cm, Diamètre: 7cm) - Réf. ARTmédina-tounes – Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

En réalités, Foudhat Lahlioui est le fruit de deux techniques aussi superbes sur le plan artistique : le filigrane, technique héritée du patrimoine punique (voir rares pièces au musée du Bardo) nécessitant assez d’adresse et de temps de soudure, et la gravure au repoussé (bombage) multiculturelle, appliquée par les Helioui aux motifs de la rose et ses feuilles, de bonheur et de glamour.

Fig.02 – Bijoux ethniques en argent de Tunisie - Foudhat Lahlioui. – Ghabara (pouponnière pour contenir la poudre à joue) façonnée selon la technique au repoussé de type bombage aux motifs floraux de la rose – Fait à la main - Création Ahmed Helioui (Hauteur: 11cm, Diamètre: 10cm) - Réf. ARTmédina-tounes – Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

Il est utile aussi de rappeler une autre technique de gravure sur argent aussi réputée que celle de Foudhat Helioui.

En effet, au début de ce 20ème siècle plein d’évènements historiques, sur la place artistique du Souk de Tunis, Foudhat Lahlioui à la gravure au repoussé de la rose sur argent s’est retrouvée en association avec la technique de ciselure, une gravure au trait sur argent dont l’imaginaire populaire l’associe à l’artisan tunisien juif Moshé Nemni* (Lemni pour la plupart) dont les motifs reproduisent l’étoile, le croissant, le poisson, la colombe et les feuilles ; et que Monhel*, dans son cahier artistique ARTmedina-tounes n°01*, l’interprète comme un appel à la paix éternelle entre les différentes communautés jusque-là s’entredéchirant.

Les produits innovants de Foudhat Lahlioui ont été induits du patrimoine identitaire. En effet, dans une période coloniale où les sentiments de nationalisme et d’indépendance se faisaient de plus en plus ressentir, les Helioui Ahmed et Mokhtar, ont choisi de se démarquer des concurrents européens en concevant une argenterie spécialisée dans le « trousseau de Laroussa »: le panier de la mariée citadine de Tunis.

Ainsi est née Foudhat Lahlioui, avec les Mrash (lance parfum), Mabkhara (encensoir), Ghabara (pouponnière), Mokhala (flacon à poudre noire des yeux), Anjassa (poire), Teffaha (pomme), Rommana (grenadine), Mraya (miroir), Taffala (tasse à shampooing d’argile»), Khallass (peigne)...

Les bijoux de Foudhat Lahlioui, au filigrane, pour les plus aisés, ou en métal d’argent gravé aux motifs de la rose selon la technique du repoussé (bombage), sont offerts par le futur époux à la mariée dans le Knastrou Laroussa (panier de la mariée).

Le tout accompagné par la Kanaouita, coffre en bois recouvert de feuille d’argent ciselée ou gravée au repoussé. Pour les plus riches, une Kanaouita, entièrement en argent, destinée à renfermer les bijoux en or et en pierres précieuses également identitaires confectionnés par Ahmed, le cadet des Helioui**, à l’exemple de la Yabnouza, bracelet conçu en bois noir décoré d’or et serti de diamants, émeraudes, rubis et saphirs.

*Cahier artistique ARTmedina-tounes n°01, intitulé : « La fibule berbère, la Melia et le vœu de Moshé Nemni », par Monhel, 2015 Rév.2017, Amazon.

**Note sur Ahmed Helioui annexée au Cahier artistiqie ARTmedina-tounes n°04, intitulé : « Bijoux berbères en argent de Tunisie », par Monhel, 2024, Amazon.

Monhel

ARTmedina-tounes

Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts

Copyright

dimanche 19 mai 2024

Bijoux ethniques de Tunisie - Le vœu de la paix de Moshé Nemni, toujours d’actualités.

 

En ces temps pénibles de calamités climatiques et d’extermination entre les cousins sémites d’orient, le vœu de la paix de Moshé Nemni* est plus que d’actualités.

Exposé pour la première fois par Monhel* en 2017, le vœu de la paix de Moshé Nemni est traduit par une œuvre d’art de gravure sur les bijoux ethniques en argent de Tunisie.


Figure 01 – Bijoux ethniques de Tunisie – Gravure en ciselé sur argent selon la technique de l’artisan tunisien juif Moshé Nemni – Gravure caractérisée par les motifs du croissant lunaire musulman, de l’étoile juive de David, des fleurs (terre), du poisson (mer) et du pigeon (ciel) - Réf. ARTmédina-tounes.

La «gravure de la paix de Nemni » est caractérisée par la présence simultanée des motifs significatifs du pigeon, du poisson, des fleurs, de l’étoile de David  et du croissant lunaire: «Ces cinq symboliques gravés sur un même bijou, traduisent le vœu de la paix pour que le ciel (le pigeon), la mer (le poisson) et la terre (les fleurs) soient un havre de paix pour les juifs (étoile de David) et les musulmans (croissant lunaire)». 

La gravure de type Nemni, de son véritable créateur Moshé Nemni*, artisan juif tunisien, est toujours vivace notamment à l’île de Djerba, grâce au transfert des techniques se relayant en harmonie entre les artisans tunisiens juifs et musulmans.

Mais hélas, dans les souks en Tunisie, on retrouve aujourd’hui des bijoux aux belles gravures de type Nemni mais qui ne reproduisent pas en totalité les cinq symboliques de la paix.


Figure 02 - Bijoux ethniques de Tunisie – Bracelet Hadida en argent gravé et ciselé selon la technique de l’artisan tunisien juif Moshé Nemni – Gravure caractérisée par les motifs des fleurs (terre), du poisson (mer) et autres symboliques- Réf. ARTmédina-tounes.

La paix de Nemni s’amenuise de plus en plus avec la montée en puissance des extrémistes de toutes parts. Extrémistes favorisés au nom d’une certaine démocratie comme celle qui a permis de mener le 3ème Reich à la commande ou de pénétrer de force dans le Capitole américain pour imposer la loi du plus fort.

A tous les artisans-artistes de raviver la flamme pour exaucer le vœu de paix de Moshé Nemni. Pour que demeure éternelle la paix entre toutes les communautés et d’interdire aux extrémistes de sévir et de ne plus reproduire d’Holocauste ou d’Apartheid.

*Note sur Moshé Nemni exposée en annexes du cahier artistique ARTmedina-tounes n°01 : « La fibule berbère, la Melia et le vœu de la paix », 2017, et du cahier n°04 : « Bijoux berbères en argent de Tunisie », 2023, distribués par Amazon.

 Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright

lundi 13 mai 2024

Numismatique antique – Hannibal ressuscité

 

Figure 01 – Monnayage punique – Shekel en argent ; 213-210 av. JC ; 6,1 g – Face : portrait dont l’attribution est plausible à Hannibal alors que la plupart des références* numismatiques l’attribuent à la divinité phénicienne Melqart. – Revers : éléphant évoquant la traversée des Alpes par Hannibal et la défaite des romains à Cannes en 2016 av. JC ; lettre punique.

L’honorable maison «Numismatica Genevensis SA» a mis aux enchères le 28.11.2012 à Genève un superbe shekel punique en argent de 6.1 grammes dont on ne connait que quelques rares exemplaires.

Une magnifique monnaie reflétant la prouesse artistique de la gravure : une œuvre d’art d’importance historique par son évocation de la bataille de Cannes et la défaite des romains contre les carthaginois.

La lettre punique au revers à l’exergue de l’éléphant, renforce l’attribution carthaginoise de la monnaie. Le poids en argent confirme qu’il s’agit d’un shekel punique daté aux alentours de 213-210 avant J.C. C’est-à-dire après la traversée des Alpes par les éléphants d’Hannibal et son éclatante victoire sur les romains.

Néanmoins, l’interrogation demeure toujours posée pour l’attribution du portrait de la monnaie. Les experts l’ont de tout temps attribué à une divinité, en l’occurrence Melquart, le dieu Phénicien des puniques.

A propos de cette attribution, voilà ce qu’en pense la maison « Numismatica Genevensis SA» dans sa présentation de la monnaie:

« Le portait lauré de l’avers est traditionnellement décrit comme celui de Triptolème ou d’Hercule-Melqart*, la divinité importée de Tyr par les colons phéniciens fondateurs de Carthage. Les traits réalistes et la présence de favoris font cependant penser que l’on est ici en présence du portrait d’un des membres de la famille d’Hamilcar Barca. Si l’absence de représentation contemporaine ne permet pas une attribution certaine, le choix d’Hannibal comme modèle est parfaitement plausible, ce qui ferait de cette monnaie le seul véritable portrait du célèbre général ».

L’attribution de divinités sur la face des monnaies antiques a perduré jusqu’à environ deux siècles avant J.C.

Ce sera Alexandre le grand et son lieutenant Ptolémée 1er qui vont oser les premiers défier les dieux et faire figurer leurs portraits sur les monnaies grecques.

Ils ont été suivis par les chefs Numides tels que Syphax ou Massinissa.

Figure 02 – Monnayage numide – Face : portrait de Syfax, chef de la tribu Massyle ; période 210 av. JC – Revers : cavalier galopant à gauche, inscription de Syfax - Réf. Collection Bouchereau (Vente Drouot 2014). [Obs : rare monnaie en cuivre de diamètre environ 25 mm et de poids 8g]

Pour les romains, il fallait attendre l’avènement de César et de Pompée pour voir apparaitre leurs portraits sur des monnaies romaines, c’est-à-dire une cinquantaine d’années avant J.C.

En Afrique du nord, la Numidie, voisine de Carthage mais « proche alliée» de la Grèce, émettait déjà le portrait du roi Syfax, chef de la tribu Massyle, sur son monnayage de la période 210 avant J.C.

Que dire alors des chefs carthaginois qui ont défrayé la chronique des guerres puniques, à commencer par Hamilcar, Hasdrubal ou Hannibal ?

La littérature numismatique actuelle ne veut toujours pas reconnaitre leurs portraits sur le monnayage punique.

En réalité, les romains, hégémoniques, grands vainqueurs des Grecs puis des Puniques, ont appliqué la politique de gommage de l’histoire de l’ensemble de leurs adversaires. A commencer par la destruction de leurs bibliothèques et/ou la falsification de preuves historiques pour qu’il ne reste que peu de traces de ces grandes civilisations adverses.

Le constat actuel est que les experts en numismatique ont admis tout ce que les romains ont voulu leur laisser. Les portraits sur le monnayage de la Numidie alliée de Rome ont été attribués aux chefs numides Syfax ou Massinissa pour perpétuer leur Histoire. Par contre, les portraits sur le monnayage de Carthage, éternelle rivale de Rome, ont été attribués aux divinités locales plutôt qu’à leurs chefs pour les faire oublier, gommer leur Histoire.

L’essentiel de cette politique de gommage romaine est de mettre aux oubliettes les grands chefs adverses tels qu’Hannibal. Si cela se comprend pour les rapporteurs romains de l’antiquité, cela ne se comprend pas pour les experts numismates contemporains qui continuent à reprendre les mêmes attributions erronées pour des considérations politiques aux dépens de la nécessité historique.

C’est dans ce cadre que la maison «Numismatica Genevensis SA» est à saluer pour son initiative de revisiter l’attribution de cette très belle monnaie carthaginoise dont le portrait pourrait être attribué au Grand Hannibal et non pas à la divinité punique Melquart comme relaté dans la plupart des références*.

Il est fort curieux de constater l’absence totale dans les livres et catalogues numismatiques de portraits attribués à Hannibal et d’autres grands chefs puniques et libyques contemporains de Syfax ou de Massinissa. C’est comme si les experts numismates se sont accordés à poursuivre le déni des romains et des grecs à l’encontre des Carthaginois et des Libyques.

Mise à prix à 50 000 CHF, cette superbe monnaie punique à la gravure d’art a été acquise en 2012 (lot 298) pour la somme record de 65 000 CHF.

A travers cette monnaie historique mémorable et plausible d’Hannibal, il y a lieu de revisiter l’ensemble des monnaies des peuples Puniques, Libyques et Numides de l’Afrique du nord dont les attributions* ont été réalisées à la va vite. Avec le préjugé antique des grecs et des romains pour qui, ces peuples, notamment les Libyques (Gétules, Nasamons, Garamantes …), sont des tribus sauvages désignées «Barbares» par Hérodote, incapables de gestion étatique et de frappe monétaire.

* Müller III, 34, 43 (Jugurtha); Mazard 73 (Jugurtha); Robinson Essays Mattingly p. 43, Serie 8 et pl. III, 8 a; Villaronga Tanger Hoard 91-95; Burnett Enna, 114-115.

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright


jeudi 9 mai 2024

Monnaies beylicales de Tunisie – L’Akce, la monnaie en argent d’origine ottomane frappée à Tunis

 

Grandeur réelle : 10mm

Figure 1 - Monnaie en argent Akce frappée à Tunis en 986 de l’Hégire (1581 JC) durant la période du sultan ottoman Mourad 3 (1574-1595 JC) et du Pacha* de Tunis Mustapha (1581-1585 JC).

L’identification de cette monnaie, dont les indications sont à moitié lisibles, a été faite sur la base de l’année et le lieu de frappe Tunis lisibles sur le revers. C’est l’année de frappe 986 AD (1581 JC) qui permet de déduire la période du sultan ottoman Mourad 3 (1574-1595 JC) dont le nom n’est pas visible sur la face et celle du Pacha Mustapha de Tunis* (1581-1585).

*Sinan Pacha, commandant de l’armée ottomane qui a expulsé définitivement l’Espagne de Tunis en 1574, a procédé à l’installation du pouvoir ottoman dans la nouvelle province de Tunis et ce, conformément aux pratiques du pouvoir et aux protocoles ottomans :

-installation du Pacha, le gouverneur et représentant du Sultan ottoman dans la province pour une durée renouvelable de trois ans.

-installation du Diwan, le Conseil des officiers supérieurs des janissaires (corps de l’armée turque), présidé par le Dey, membre élu par le Conseil.

-installation du Bey qui, à la tête d’un corps mobile, «Mahalla», est chargé de la collecte des impôts sur tout le territoire.

Le règne des Pachas nommés par le sultan ottoman pour une période renouvelable de 3 ans n’a duré que de 1574 à 1590, date à laquelle le Diwan des Deys a pris le plein pouvoir en ne laissant au Pacha que son titre honorifique et en respectant son statut de représentant du Sultan ottoman dans la régence.

Le début du 17ème siècle a vu la prédominance du règne des Deys à Tunis avant de laisser le pouvoir aux Beys Mouradites durant la 2ème moitié du 17ème siècle et définitivement aux Beys Husseinites dès le début du 18ème siècle.

L’Akce, la petite monnaie en argent d’origine ottomane de poids inférieur à 1g et de diamètre d’environ 10 mm, est l’unité de compte indivisible du système monétaire ottoman depuis le 14ème siècle avant l’avènement du Para sous le sultan Mourad 4 (1623 - 1640) et du Kurus sous le sultan Soulaymane 2 (1687 - 1691) -[Voir Annexe 9 du Cahier ARTmedina-tounes n°03 « Monnaies beylicales de Tunis 1574-1891 », Monhel, 2020, Amazon] -.

L’ « Akce tunisienne », monnaie assez rare du Patrimoine de Tunisie ci-dessus présentée en figure 01, a été frappée à Tunis en 986 de l’Hégire (1581 JC) et montre qu’au début de l’annexion de 1574, «l’Akce tunisienne» avait bien circulé dans la régence de Tunis.

Il existe également d’autres «Akces tunisiennes» qui ont été frappées lors des annexions de Kairouan ou de Djerba avant 1574. Mais il semble bien qu’à partir du 17ème siècle, l’Akce n’a plus été frappée à Tunis et a laissé la place à la monnaie Nasri (Aspre) en argent, de forme carrée, son équivalente tunisienne d’origine Hafside qui a prévalu dans la régence de Tunis ottomane jusqu’à sa mise à l’écart deux siècles plus tard sous le règne du Bey de Tunis Hussein 2 (1824-1835 JC).

Grandeur réelle : 10X10mm

Figure 2 – Monnaie Nasri en argent difficile à identifier en l’absence de la date et du lieu de frappe -  (Réf – ARTmedina-tounes L3).

L’ensemble des monnaies en argent Nasri (Aspre) d’origine Hafside sont difficilement identifiables à cause de l’absence de la date et du lieu de frappe. Monhel, dans son cahier ARTmedina-tounes n°03 - « Monnaies beylicales de Tunis 1574-1891 JC », 2020, Amazon -, s’est orienté sur une méthode qualitative d’attribution des Nasris sur la base de la longueur de leur cote. En effet, depuis leur création au 12è siècle sous les Almohades, leur cote de départ de  16mm n’a pas cessé de diminuer jusqu’à atteindre la cote de 10mm à la veille de leur mise à l’écart définitive sous la période du Bey de Tunis Hussein 2 (1824-1835).

Ainsi, sur la base de ses dimensions de 10X10mm, la période d’émission du Nasri en figure 02, non identifiable suite à l’absence de date, de lieu et du nom du gouvernant, pourrait correspondre à la fin du 18ème siècle ou au début du 19ème siècle. Il correspondrait alors à une émission de Hamouda 2 Pacha Bey (1882-1814) ou de Mahmoud Bey (1814-1824).

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright

mardi 7 mai 2024

Théodose et l’interdiction des jeux olympiques durant 17 siècles

Monnaies romaines – Monnaie en bronze à attribuer soit à Théodose 1er (379-395 JC) ou à Théodose 2 (408-450 JC). Pb182 lt 11.

Rappelez-vous que c'est l’empereur romain Théodose 1er (379-395 JC) qui fût à l'origine de l'interdiction du paganisme dans l'empire romain.

Par son édit d'interdiction* des cultes non monothéistes (paganisme) et d'instauration du catholicisme comme religion d'état de l'empire romain, Théodose 1er a cimenté en 380 JC la relation ETAT-RELIGION pour une longue période calamiteuse pour l'humanité.

Déjà, sous l'influence de l'évêque Ambroise de Milan, il supprima les dernières manifestations officieles du paganisme dans l'empire en interdisant les jeux Olympiques accusés de diffuser les religions païennes.Il publia également une loi interdisant l'homosexualité et punissant de mort les homosexuels.

Il aura fallu 17 siècles d'endurance pour que le monde civilisé puisse enfin séparer un tout petit peu l'ETAT de l'EGLISE. Avec beaucoup de mal et de sang. Les Français arrivent les premiers en 1789 à la déclaration universelle des droits de l'homme. Des droits bafoués pendant des siècles non pas par les concepts de la religion monothéiste mais par les "religieux politiques" qui se sont donné le droit de les appliquer en s'impliquant dans la gouvernance. Pendant des siècles, l'homme n'avait plus le Droit de penser, innover, créer, s'épanouir, construire...en dehors des commandements du créateur.

D'Hypathie la mathématicienne directrice de la bibliothèque d’Alexandrie, exécutée par ordre de l'église de Théodose, jusqu'à Galilée qui a osé affirmer que la terre tourne, que de calamités et d'endurance pour l'esprit humain provoqués par l'ingérence du religieux dans le pouvoir temporel. Alors que le créateur recommande dans ses trois livres saints de penser, d'innover, de créer, de s'épanouir, de construire...librement, sans aliénation.

Il aura fallu un autre Français, Pierre de Coubertin, deux siècles après la déclaration universelle des droits de l'homme, pour rétablir les jeux Olympiques dans leurs droits. Depuis, la flamme olympique ne cesse d’illuminer et d’unir « sportivement » l’ensemble des humains, sans discrimination de races ou de religions. Quoi que, soyons toujours vigilants, car les démons Théodosiens ne ratent aucune occasion pour assombrir la flamme.

*Le Code de Théodose ou Code théodosien (en latin : Codex Theodosianus) est un recueil de décisions impériales romain promulgué en 438 par Théodose 2 (408-450 JC). Il renferme en son sein, l’édit de Thessalonique de 380 JC prononcé par l’empereur Théodose 1er imposant le Catholicisme comme religion d’Etat de l’empire romain.

Monhel

ARTmedina-tounes

Copyright

 

lundi 6 mai 2024

Monnaies romaines - L’an 238 JC de Thysdrus la rebelle

 

Fig. 01 – Patrimoine de Tunisie - Théâtre romain deThysdrus, l’actuelle El Jem – Réf.ARTmedina-tounes.

En se rebellant au début de l’an 238 après J.C contre la hausse des impôts sous le règne de l’empereur romain Maximinus le Thrace, les habitants de Thysdrus, - l’actuelle El Jem de Tunisie, réputée pour son magnifique théâtre rivalisant toujours avec celui de la Rome impériale -, ne savaient pas encore qu’ils entamaient la propulsion sur le trône de Rome de pas moins de cinq empereurs en seulement quelques six mois.

Fig. 02 - Monnaies de l’empire romain – Sesterce en bronze de Maximinus  le Thrace 235-238 JC (plc.34- 2a, 30mm).

Trois d’entre eux étaient issus de la famille des Gordiens dont le premier assurait déjà le proconsulat de la province Africa (Carthage Tunis) et qui, suite à la révolte de Thysdrus, allait être proclamé empereur par les révoltés, proclamation très vite avalisée par le sénat de Rome en profitant de l’absence prolongée loin de la capitale de l’empereur Maximinus, le mal aimé et pas en bon terme avec les sénateurs.

Fig. 03 - Monnaies de l’empire romain – Sesterce en bronze de 
Gordianus 1er.(début de l’année 238 JC).

Octagénaire, Gordianus 1er ne pouvait pas refuser la décision des sénateurs de Rome. Malgré tout, il arrive à exiger le soutien de son fils Gordien 2 et obtient sa nomination en tant que coempereur.

Fig. 04 -  Monnaies de l’empire romain – Sesterce en bronze de 

Gordianus 2.(début de l’année 238 JC)

Les deux premiers Gordiens, père et fils, ne feront pas long feu sur le trône de Rome, car ils périront tout juste un mois après leur nomination au début de l’an 238 J.C suite à l’intervention foudroyante de la célèbre légion « Auguste III » stationnée en Africa et restée fidèle à l’empereur Maximinus le Thrace.


Fig. 05 - Monnaies de l’empire romain – Denier en argent frappé en l’honneur de la légion 3 installée en Africa..

Revanchard, l’empereur Maximinus le Thrace marcha sur Rome pour imposer son pouvoir et se venger des sénateurs traitres. En cours de route, il trouvera tragiquement la mort après le soulèvement de ses propres soldats à cause de ses excès de brutalité, diront certains.


Fig. 06 - Monnaies de l’empire romain – Monnaie en argent de l’empereur Balbinus..(février-mai 238 JC) (plc208. 3 - 1a ).

Le sénat, débarrassé de justesse de Maximinus le Thrace, nommera les deux vieux et sages sénateurs Balbinus et Pupienus à la place des deux défunts Gordiens. Les deux nouveaux coempereurs ne feront pas également long règne et seront décapités par la garde prétorienne en Juillet de 238 J.C.


Fig. 07 - Monnaies de l’empire romain – Sesterce en alliage de Pupienus..(février-mai 238 JC)(plc.74- 4a).

Après tant de bouleversements qui ont secoué les rênes de l’empire en si peu de temps, la carte gagnante pour le trône de Rome sourira au neveu des Gordiens, à peine adolescent, proclamé par la ferveur du peuple de Rome.

Fig. 08 - Monnaies de l’empire romain – Sesterce en bronze de Gordianus 3 (238-244 JC) (plc61, 30mm).

Fig. 09 - Monnaies de l’empire romain – Monnaie en argent de Gordien 3 (238-244 JC) (208. 2 - 2a).

Gordien 3 demeurera seul au pouvoir durant six ans, de juillet 238 à février 244 après JC, avant de trouver la mort à l’âge de 19 ans en laissant la place à son préfet de prétoire Philippe l’arabe, soupçonné de son meurtre et à qui est revenu l’honneur de fêter le millénaire de Rome en 248 après J.C.

Fig. 10 - Monnaies de l’empire romain – Monnaie en argent de Philippus (244-249 JC) (208.  7- 2a)

Les numismates passionnés de cette période de la révolte de Thysdrus ont remarqué surement la rareté des monnaies des quatre premiers empereurs : Gordien 1 et son fils Gordien 2, Pupiénus et Balbinus dont les règnes successifs se résument à quelques mois et dont les monnaies sont par conséquent assez rares et très recherchées par les collectionneurs.

Fig. 11 - Monnaies de l’empire romain – Sesterces en bronze – Portraits de face  de Gordianus 1er et de son fils Gordianus 2 portant la même titulature – Pour la distinction entre le père et le fils, les experts ont trouvé la parade en se fiant à … leur chevelure : le moins dégarni est plutôt le fils

La difficulté est de distinguer entre les monnaies des Gordiens 1 et 2, du fait qu’elles portent les mêmes titulatures. Pour les distinguer, les experts numismates ont trouvé la parade en faisant appel aux chevelures distinctes des deux empereurs père et fils, gravées assez nettement sur leur monnayage. Le plus drôle, c’est que la chevelure presque chauve a été attribuée plutôt au fils. Sur quel critère ? Surtout, ne me le demandez pas.

Ainsi donc, l’histoire des peuples et de leurs gouvernants, aussi mince la durée de leur règne, nous est racontée grâce à leurs monnaies. Grâce à la numérisation et aux travaux minutieux des musées et aux catalogues de numismatique qui se respectent, il devient plus facile aujourd’hui de s’informer sur les monnaies, de les visualiser admirablement et de les étudier. Certes, il est de plus en plus difficile d’être collectionneur numismate. mais grâce au Web, il est beaucoup plus facile de devenir numismate « virtuel» et d’apprendre sur l’histoire des civilisations grâce à leurs monnaies. Une question d’éducation dès le jeune âge, de formation dès l’école et du vouloir de chacun. Pourquoi cette dernière réflexion ? Pour ne pas dire qu’on ne peut pas être numismate parce qu’on n’arrive pas à s’approprier les monnaies. J’incite donc mes compatriotes, fervents et attachés au patrimoine, à s’intéresser aux monnaies et devenir numismate virtuel. La numismatique est un outil formidable pour se familiariser avec l’ensemble des civilisations. Une numismatique dont ils sont séparés à cause d’absence de stratégie pour sa promotion dès l’école en Tunisie.

ARTmedina-tounes

Monhel

Copyright

vendredi 3 mai 2024

Bijoux berbères en argent de Tunisie – Mains de Fatma et de Shaba en feuille mince

 

Bijoux berbères en argent - Pendeloque de main de Shaba à 7 doigts (identitaire de la communauté juive de Tunisie, découvert et dénommé de la sorte par Mohnel*) élaborée par découpage de feuille mince en argent. L’anneau, élaboré par un fil rond d’épaisseur consistante est fixé par le procédé de soudage. Poinçon règlementaire sur la face (poinçon de « tête de nègre » dénommé de la sorte par l’autorité du Protectorat français en Tunisie) - Réf. ARTmedina-tounes. Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

Ci-après, la reprise du paragraphe 8.1.2 du *Cahier artistique n°04 d’ARTmedina-tounes, intitulé : «Bijoux berbères en argent de Tunisie », par Monhel, 2023, Amazon.

(Obs. : Le paragraphe 8.1.1 étant réservé aux mains en argent massif)

« …

8.1.2 Mains en feuille mince élaborées par découpage

Les mains de Fatma en feuille mince sont élaborées par simple découpage d’une plaque fine en argent. Contrairement aux deux catégories de mains de Fatma ajourées avec anneau soudé en perpendiculaire et anneau sur le même plan du bijou, elles se répartissent en une seule catégorie présentant un anneau soudé en perpendiculaire au plan du bijou. L’anneau n’est pas en fil rond mais à base d’une tige plate dont un bout est soudé à l’extrémité de la face et l’autre bout soudé le long du revers pour plus de consolidation du bijou en feuille notamment pour les grandes œuvres.

Le concepteur des mains en feuille mince a élaboré aussi bien la main à 5 doigts, dénommée main de Fatma admise par la communauté musulmane, et la main à 7 doigts, dénommée par Monhel « main de Shaba », admise par la communauté berbère juive de Tunisie.

Main de Fatma à 5 doigts en feuille mince

….

Figure 76 - Bijoux berbères en argent - Pendeloque de main de Fatma à 5 doigts élaborée par découpage d’une feuille mince d’argent. L’anneau, élaboré à partir d’une tige plate, est fixé par le procédé du soudage. Poinçon règlementaire sur la face (poinçon de « tête de nègre » dénommée de la sorte par l’autorité du protectorat français) - Réf. ARTmedina-tounes. Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

Main de Shaba à 7 doigts en feuille mince

Figure 77 : Voir ci-haut

Figure 78 :

Bijoux berbères en argent - Pendentif de main de Shaba à 7 doigts élaborée par découpage d’une feuille mince d’argent ciselée de face. L’anneau, élaboré à partir d’une tige plate, est fixé au bijou non pas par soudure mais par la technique antérieure du cloutage - Réf. ARTmedina-tounes - Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts.

… ».

ARTmedina-tounes

Copyright