samedi 4 juillet 2015

Alexandre Roubtzoff – Un legs inestimable pour le patrimoine multiculturel de Tunisie.

Fig.01 – Tableau d'Alexandre Roubtzoff = Bédouine de Tunisie en train de préparer les légumes pour le couscous - La Melia de la bédouine, de couleur "bleue indigo" (la couleur originale de la Melia berbère de Tunisie) est nouée avec deux fibules triangulaires en argent - ( Réf. ARTmédina-tounes).
Ébloui par le charme arabesque orientaliste et par la lumière vive ensorcelante de la Tunisie,  Alexandre Roubtzoff décide d’y séjourner en se faisant naturaliser en 1924, tout comme son compère et ami, le photographe Rudolph Lehnert. Tout les deux ont choisi de ne plus quitter leur Tunisie de cœur, pour y mourir et y être enterrés.
Fig.02 – Alexandre Roubtzoff - Tableau peint en1923 à Tunis:

La bédouine est habillée en Melia berbère, parée de ses bijoux en argent (parure aux fibules rondes pour nouer la Melia au niveau de la poitrine; collier au raz du cou avec chaînettes; parure de tête avec boucles pendantes au niveau des oreilles; bracelets de main). Elle est en train de préparer le couscous à l’aide de ses ustensiles en poterie écologique  = 
- Le Kanoun (01)à trois piliers (feu au Fham à base de bois d’olivier) sert à chauffer la Marmite (02) remplie avec la sauce du couscous (à moitié pleine de légumes et de viande); 
- Le Keskes (03), contenant la semoule humidifiée, est placé au dessus de la marmite. Son fond, troué de multitudes de petits trous, laisse passer la vapeur d’eau responsable de la cuisson de la semoule. Pour une deuxième évaporation, la semoule est prélevée du Keskes puis humidifiée par de l’eau de la Charbia (04) (Carafe) avant sa remise de nouveau dans le Keskes - ( Réf. ARTmédina-tounes).

         Alexandre Roubtzoff a étalé sa peinture entre portraits et scènes tout en étant captivé par les bijoux berbères en argent portés par les berbéro bédouines de Tunisie, qu’il ne cessa d’admirer et de croquer sur ses superbes toiles.
Les œuvres d’Alexandre Roubtzoff constituent un héritage artistique d’importance identitaire pour le patrimoine multiculturel de la Tunisie. Rien que pour les bijoux ou le savoir faire quotidien des bédouines et leurs ustensiles ancestraux en poteries écologiques, les merveilleuses toiles d’Alexandre Roubtzoff dégagent une identité historique inestimable pour le patrimoine de Tunisie.
Comme pour le photographe orientaliste R.Lehnert, certains regards critiques émanant du sud de la méditerranée surtaxent A.Roubtzoff comme peintre d’Harem de femmes nues: une critique jugeant les scènes de nus arabes offensantes à l’identité arabo-musulmane.


Fig.03 – Alexandre Roubtzoff, Tunis, 1939 – Dessin de femmes nues - ( Réf. ARTmédina-tounes). 

A. Roubtzoff, me semble t-il, n’est pas un «peintre de nus». Sensible à toutes les expressions d’Art, sa peinture dégage un baume de chaleur et de lumière qu’il n’a pu ressentir que dans sa Tunisie de cœur. Il a peint avec amour et émerveillement les paysages, les oasis, les portraits, les scènes, les rues et bien entendu, de rares jolis nus.
Ses bédouines de Tunisie, portant fièrement leurs magnifiques bijoux berbères en argent constituent certainement le summum de son œuvre.
Sur le marché de l’Art, le monde redécouvre aujourd’hui en Alexandre Roubtzoff, le spécialiste de portraits des bédouines typiques de la Tunisie. Ses tableaux sont dorénavant cotés à des milliers d’euros. Le tableau «Bédouine de Tunisie»* , fait à Tunis en 1935  et présenté à la vente à Paris le 08 Juin 2010 par l’honorable maison ARTCURIAL, a battu le record de vente aux enchères pour l’artiste en réalisant la somme de 434300 euros.

 Fig.04 – Tableau d’Alexandre Roubtzoff peint à Tunis en 1935 et présenté par la maison ARTCURIAL, dans son catalogue à la vente à Paris le 8 Juin 2010, sous la dénomination «Bédouine de Tunisie»*- ( Réf. ARTmédina-tounes).

*Le tableau sus mentionné en figure 04 a été présenté à tort sous la dénomination «Bédouine de Tunisie», puisque celle-ci, telle que peinte par A.Roubtzoff, ne porte pas les habits des bédouines et notamment la Melia, comme pour la bédouine en figure 03. Il s’agit plutôt d’une citadine tunisienne de la médina en 1935, portant les habits de la ville qui ont perduré jusqu’à la moitié du 20ème siècle et qui sont essentiellement: la Fouta (bleue rayée en blanc) qui est une large étoffe, en laine ou en coton, enveloppant la moitié du corps allant des hanches jusqu’aux chevilles, et la Blouza (bleue turquoise) mettant en relief la poitrine, portée sur une chemisette (ocre brun). La calotte, légèrement pointue, semble indiquer qu’il s’agit d’une tunisienne juive. Les carreaux céramiques du mur sont assez typiques des demeures anciennes de la Médina de Tunis.


Fig.05 – Alexandre Roubtzoff
  dans son atelier de peinture, pris en photographie probablement par son ami et complice Rudolph Lehnert.

Alexandre Roubtzoff est né le 24 Janvier 1884 à Saint Petersbourg en Russie.
A l’académie des beaux arts de Saint Petersburg, il décroche plusieurs prix avant de rejoindre Tunis en Avril 1914.
Il décède le 26 Novembre 1949 à Tunis où il est inhumé au cimetière du Borgel, dans sa terre de prédilection qu’il a aimée de tout cœur.

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