samedi 22 novembre 2014

Bijoux ethniques. Broche en SDAFF.

 Broche en SDAFF de couleur blanche avec armature cuivrique jaunâtre et formes décoratives en métal sombre.
(Réf. ARTmédina-tounes; CT171).

Une broche assez captivante et mystérieuse de part son origine, ses composants et sa forme longiligne en pointe de huit centimètres. 

Assez accrocheuse par la robustesse de son armature cuivrique, d'une conception inédite. Le SDAFF, d'un blanc laiteux, est à base de matériaux naturels de coquillages, faisant l'office de la pierre semi-précieuse de toute la structure. Il est taillé en un pourtour rappelant celui des emblèmes.



Le sertissage retenant la plaque de SDAFF, de technique de fabrication judicieuse, est à base de métal de cuivre, d'ailleurs assez joli. Pourquoi alors ajouter des formes décoratives en métal gris sombre (ferreux ?) à l'extrémité de l'armature et au beau milieu du SDAFF ? 


 Formes sombres (en fleur de Lys?) attachées à l'armature en cuivre jaunâtre de la broche.
Formes (en fleur et en grappe de raisin) attachées à la plaque de SDAFF.

En examinant de plus près l'armature de sertissage de la broche, on s'aperçoit que les petites formes métalliques sont "cloutées" à l'armature. C'est grâce à cette technique de cloutage fort intéressante que la plaque blanche de SDAFF sera retenue à l'armature alors qu'au départ, on se demandait comment elle était fixée.

Les formes métalliques cloutées, en apparence sombres, ne l'étaient point après un léger frottage du métal sombre, probablement oxydé par le temps, qui laisse alors entrevoir la beauté de l'éclat métallique.

S'agit-il de formes en alliage de Plomb ? L'étude continue pour pouvoir répondre à cette question et à d'autres liées à l'origine de cette broche de conception technique assez originale.  


ARTmédina-tounes
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jeudi 20 novembre 2014

Bijoux ethniques de Tunisie. Technique d’assemblage de perles de corail par enroulement de fil en argent.



Bijoux ethniques de Tunisie. Assemblage de coraux par fil d’argent. (Réf.ARTmédina CT171).

Assemblés de façon judicieuse par l’enroulement du fil d’argent, les trois pierres présentent à leurs extrémités deux anneaux permettant  leur emploi en colliers, en pendentifs ou en boucles d’oreilles.

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Collection privée. Copyright.

lundi 9 juin 2014

Monnaies ottomanes - La TUGRA, calligraphie originale du monnayage ottoman.

Fig 01 - TUGRA du sultan ottoman Mahmoud I (1730 -1754).

La TUGRA est une calligraphie ottomane reproduisant le nom du sultan et de ses titres honorifiques.

Fig 02 - TUGRA du sultan MAHMOUD II (1808 - 1839): «Mahmud - Khan - fils de - Abdülhamid Ier - victorieux - à jamais».

La TUGRA sera gravée pour la première fois sur la monnaie en argent «l’AKCE», de l’émir Suleyman (1402-1411) sous le règne de MEHMET 1er (1413-1421).
L’AKCE est la première monnaie de l’empire ottoman, apparue sous le règne du sultan ORHAN, fils d’OSMAN GHAZI (1280-1324). Entrant en concurrence avec le DIRHAM arabe en argent, elle servira pour la paye des soldats turcs à la veille d’une gigantesque conquête territoriale.
Après l’apparition de l’AKCE de 38 ans et sous le règne du sultan MOURAD 1er en 1362, apparait la première monnaie en cuivre de l’empire ottoman, dénommé le MANGUIR, l’équivalent du FELS arabe.
La première monnaie ottomane en or, le «SULTANI», ne fera son apparition qu’en 1477 sous le règne du grand MEHMET II, le tombeur de Constantinople la byzantine en 1453.

 Fig 03 - SULTANI en or de MEHMET II (1444- 1481) créée en 1477 en concurrence du florin en or de 3.56g /référence: BNF.

Curieusement, la TUGRA, principale caractéristique de la monnaie en argent, ne sera pas reprise sur le SULTANI en or de MEHMET II. De même pour son successeur, le sultan BAYEZID II (1481 - 1512). Ce dernier se fera connaître par une autre citation originale qui constituera la deuxième grande caractéristique du monnayage ottoman: «sultan des terres et des mers.., sultan … fils de sultan…».
Fig 04 - SULTANI en or de MEHMET 4 - Mohamed Ibn Ibrahim - (1642-1693) avec au revers la fameuse inscription : «Sultanul berreyni ve bakanul babreyni es sultan bin es sultan = Sultan des terres  et des mers, Sultan, fils de Sultan».

La TUGRA ne fera son apparition sur le monnayage en or de l’empire ottoman que sous le règne du sultan MUSTAPHA II (1695-1703), un amoureux des arts captivé par la beauté artistique de la calligraphie. Il ouvrira la porte aux artistes et aux graveurs qui créeront durant tout le 18ème siècle des œuvres d’art monétaire d’une qualité exceptionnelle.

Fig. 05 - Monnaie en Or (6.79g;31.5mm) de Mustapha II (1695 - 1703): Pour la première fois, la TUGRA est apposée sur le monnayage en or.

Sous le Sultan AHMED PACHA (1703 – 1730), la tulipe fera son entrée sur le monnayage ottoman en mettant en relief la beauté calligraphique de la TUGRA.

Fig. 06 - Monnaie en Or (16.30g; 42.8mm) d’Ahmed Pacha III (1703 - 1730): Le champ de la TUGRA est orné de tulipes.


Sous le règne de Mahmoud I (1730 - 1754), les graveurs innovent en mettant la TUGRA au centre de la monnaie avec un pourtour assez large orné de jolis rinceaux.

Fig. 07 - Médaillon en Or (16.62g; 50.9mm) de Mahmoud I (1730 - 1754): La TUGRA est centrée, entourée de larges rinceaux.

Sous Mustapha III (1757-1774), la TUGRA en relief englobe l’ensemble de la face de la monnaie. La bordure en rinceaux est remplacée par une bordure plus fine mais imposante en petites boules grenetis.

 Fig. 08 - Monnaie en Or (10.49g; 21,8mm) de Mustapha III (1757 1774): La TUGRA occupant l’ensemble de la face est entourée de grenetis.

Au début du 20ème siècle et à la veille de la disparition de l’empire ottoman, l’art de la TUGRA n’a pas pris de ride et sa présence raffinée est partout comme sur les timbres édités en 1901.

Fig. 09 - Timbre Ottoman de 1901 avec la TUGRA du sultan.

L’art de la calligraphie sur la base de la TUGRA dépassera les frontières ottomanes et fera beaucoup d’émules en Russie, au Japon, en Iran…
Dans les pays arabes, la fameuse BASMALA « BISM ALLAH ARRAHMAN ARRAHIM» (Au nom de dieu le miséricordieux) sera également reproduite en TUGRA:

Fig. 10 - BASMALA arabe en TUGRA: «Au nom de dieu le miséricordieux».

Monhel

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jeudi 29 mai 2014

Bijoux Monhel - Bijoux avec corail rouge de Monhel.

Boucles d'oreilles en argent avec corail rouge de Monhel.

En plus de son penchant pour la peinture, Monhel affectionne la création de bijoux. Pas n’importe lesquels. Des bijoux émotionnels renfermant la touche personnelle du créateur, comme pour les perles de roche de couleur rouge vif. Ces perles ont été synthétisées par Monhel suite à ses recherches pour la sauvegarde du corail naturel dont la beauté du rouge, si merveilleuse et unique, va causer sa disparition. Des recherches entamées dans le cadre des actions écologiques pour la préservation des massifs coraux sous marins en cours d'agonie suite à la pollution et à l'abattage sauvage.
Ces perles sont utilisées en l’état de synthèse par Monhel pour la création de ses bijoux, mais elles peuvent se soumettre aux techniques du polissage et du taillage comme pour le corail naturel. 

Collier avec perle de corail rouge de Monhel.
Bracelet avec perle de corail rouge de Monhel et poisson en argent.
Collier avec perle de corail rouge de Monhel et anneaux bédouins en argent.

Bracelet avec perle de corail rouge de Monhel.

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vendredi 23 mai 2014

Les peintures de la collection CHAUCHARD – Librairie PLON, 1911.

 COROT – Nymphe désarmant l’Amour

M. Alfred CHAUCHARD, né en 1828, mourrait à Paris le 5 Juin 1909 en léguant au musée du Louvre tous les tableaux et sculptures se trouvant dans son hôtel particulier au 5 Avenue VELASQUEZ et regroupant la plupart des maîtres français du 19ème siècle: MEISSONIER, DELACROIX, DUPRE, MILLET, ROUSSEAU, TROYON, ZIEM, COROT, DIAZ…

La librairie PLON - NOURRIT et Cie a édité en 1911 un livre sur  les peintures de la collection CHAUCHARD en reproduisant 80 héliogravures de ces peintres français désormais fameux et qui, de leurs vivants se débattaient dans la misère.
Cet ouvrage a été tiré en 250 exemplaires sur vélin de cuve des papeteries d’Arches, numérotés de 01 à 250.
Le présent exemplaire disponible chez ARTmédina-tounes est le numéro 187.Voici ci-après trois autres héliogravures du livre:

MEISSONIER 1814 – Campagne de France

 DIAZ – Le puits. Nymphes et amours

TROYON – Berger ramenant son troupeau


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mercredi 7 mai 2014

Tableau de peinture de monhel - La dévoreuse.

Tableau de peinture de monhel - La dévoreuse (67 X 50 cm).
Réf. ARTmédina-tounes.

La dévoreuse

La femme perd son ...
L’instinct naturel caché en chacun se rebiffe.
Elle pique, se pique et dévore.
Elle dévore et scrute plus loin pour dévorer.
Encore et encore.
Elle dévore et n'arrive plus à donner.
Ne subit plus d’émotion.
Le cœur arraché.
La fin.

monhel

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vendredi 2 mai 2014

Moncef Bey - Le Nichan damné, la décoration des nazis.

Article mis à jour le 25.6. 2015

Pour rendre hommage au Bey du peuple destitué injustement le 14 mai 1943, ARTmédina-tounes remet en ligne l’article publié le 2 mai 2014, avec mise à jour, et dédié à Moncef Bey à l’occasion du mois du patrimoine. 

Sommaire

Le Nichan damné
Moncef Bey le nationaliste, le protecteur des juifs
Les ordres de décoration des Beys Husseinites
La sauvegarde du patrimoine beylical

Le Nichan damné


Fig.01.Ordre de décoration du «Nichan El Iftikhar» de Moncef Bey-
(Réf. ARTmédina-tounes; CL8 - Nich4 - Diam.4.5 cm; 23 g - Vue de face).


En signant l’ordre de décoration du Nichan El Iftikhar attribué aux officiers nazis, Moncef Bey ne savait pas qu’il venait de signer l’acte de sa destitution du 14 Mai 1943.


Fig.02.Mohamed Al Moncef Bey - Bey de Tunisie du 19.juin 1942 au 14 mai 1943.

Moncef Bey n’a pas eu assez de vision diplomatique pour ne pas succomber au piège du Nichan damné, comme le laissent supposer certains. Pourquoi pas, tout simplement, un acte délibéré, fortement réfléchi par un Bey occulte, pour montrer sa sympathie pour les allemands, d’ailleurs comme beaucoup de tunisiens au cours de cette deuxième guerre mondiale, qui voulaient plutôt signifier leur mécontentement au protectorat français et non pas partager les thèses nazies.

Mais aux yeux de l’Histoire, le fait de signer la décoration des officiers nazis a été en contradiction avec sa position de neutralité vis à vis du conflit entre les Alliés et l’Axe fasciste. Pire encore, cela laisse planer la sympathie pour le camp nazi. Erreur fatale non commise par un certain Habib Bourguiba qui, de sa prison à Saint Nicolas en France, a pris position officielle pour le camp des Alliés.


Fig.03.Ordre de décoration du «Nichan El Iftikhar» de Moncef Bey – (Réf.ARTmédina-tounes; CL8 - Nich4- vue de revers).


Une signature de décoration fatidique qui sèmera toujours le doute sur le bey du peuple. On aurait voulu croire à une machination de décoration ou même à l’inexistence de son Nichan damné. Mais la réalité historique est brutale car l’ordre de décoration a été signé et le fameux Nichan EL Iftikhar de Moncef Bey existe bel et bien, dont voici un rare exemplaire de la collection privée d’ARTmédina-tounes.


Fig.04.Ordre de décoration du «Nichan El Iftikhar» de Moncef Bey- Partie centrale émaillée en vert et sur laquelle est gravée en arabe le nom de Mohamed Al Moncef Bey - (Réf. ARTmédina-tounes; CL8 - Nich4 - Vue du centre).

Moncef Bey le nationaliste, le protecteur des juifs

Mohamed Al Moncef Bey ne régnera sur la Tunisie que l’intervalle de 11 mois, plus exactement du 19 juin 1942 jusqu’à sa destitution le 14 Mai 1943. Son successeur désigné, Mohamed Lamine Bey, montera sur le trône le 15 Mai 1943.
Destitué puis déporté, Moncef Bey finira par abdiquer officiellement le 08 juillet 1943 suite aux dures conditions de sa détention dans le désert algérien à Laghouat. Il sera transféré à Tenes, petite ville côtière du nord de l’Algérie où il passera son premier exil jusqu’au 17 octobre1945. Le deuxième exil, celui de la mort, il le passera en résidence surveillée à Pau en France où il succombera le 01 septembre 1948.

La période de son court règne coïncidera avec les événements de la deuxième guerre mondiale et l’installation des troupes allemandes en Tunisie durant six mois, de novembre 1942 à mai 1943.

Il dira un non catégorique officiel à la demande Allemande de s’aligner avec l’Axe nazi. De même qu’il déclinera la demande de ROOSEVELT pour le «laisser passer» des troupes alliées, en optant pour la position de neutralité et ce, pour ne pas s’exposer à une réaction violente du protectorat Vichyste et des forces de l’Axe déjà à Tunis.

La législation anti-juive promulguée par le gouvernement français de Vichy ayant été adoptée en Tunisie par son prédécesseur Ahmed 2 Bey, ne sera pas appliquée par Moncef Bey qui, lors de la cérémonie de son intronisation, déclarera à ses invités juifs: «vous êtes mes fils, au même titre que les musulmans».
Il refusa également d’apposer son sceau sur le projet de décret Vichyste imposant aux juifs le port de l’étoile jaune. Le deuxième projet de décret qu’il refusera a trait au travail obligatoire pour le compte des forces de l’Axe. Il n’apposera pas également son sceau sur le projet d’exclusion des juifs des organismes économiques du pays. Bien entendu, le résident général de France Vichyste en Tunisie, l’Amiral Esteva, et le chef des troupes Allemandes Rudolph Rahn, passeront outre les refus successifs de Moncef Bey. Les camps de travail obligatoire seront remplis par les juifs raflés et les juifs obligés suite au chantage nazi. Et si les troupes alliées n’étaient pas arrivés à temps pour reconquérir Tunis en Mai 1943, le programme de déportation de juifs tunisiens vers les camps d’extermination aurait été vraisemblablement appliqué.

Moncef BEY, malgré son maigre pouvoir, n’hésitait pas à intervenir pour soulager les tunisiens juifs des exactions franco-germano-italiennes. Comme cela a été le cas pour libérer les cinq dirigeants du Conseil de la communauté juive arrêtés par les Allemands dès leur arrivée à Tunis.
Mais alors, pourquoi les juifs lui ont-ils craché dessus devant la résidence de France lors de son arrestation, la veille de sa destitution? S’agit-il vraiment d’un coup monté pour l’humilier publiquement sur la base de l’accusation de collaborateur nazi?

L’Avenir politique de Moncef Bey a ainsi basculé le jour où, sur ordre du résident général Esteva, il a décoré de ses mains le colonel français Sarton Du Jonchay et ses officiers entraînés à Tunis, qui se sont battus aux côtés des forces de l’Axe. Le Nichan damné a encore souillé Moncef Bey lorsque malgré un premier refus, il a fini par succomber à la deuxième demande d’Esteva en signant l’ordre de décoration d’une quarantaine d’officiers Allemands et Italiens.

Mais le véritable motif qui a poussé les français à se débarrasser de Moncef Bey a été sa politique nationaliste, sa personnalité indépendante et son immense popularité.

Le lendemain de son intronisation, il commence par supprimer le baise- main, en bousculant tout le protocole trois fois centenaires des Husseinites. Plus encore, il demande à être inhumé au cimetière d’El Jellaz; tout près de son peuple, disait-il, et non pas à la Tourbet familiale des Beys Husseinites.

Faisant siennes les thèses nationalistes, il adresse au Maréchal Petain un mémorandum sur les revendications tunisiennes: large pouvoir législatif, accès à tous les emplois publics, traitement et salaires égaux entre tunisiens et français, accès à l’instruction avec enseignement de la langue arabe au même titre que la langue française, abrogation du décret de 1898 sur les terres Habous, acquisition de terres domaniales, nationalisation des entreprises stratégiques…

Sans consulter l’Amiral Esteva, le résident général de France, il forme un nouveau gouvernement le 01 janvier 1943. En nommant comme premier ministre, Mhammed CHNIK, un diplomate libéral chevronné, sensible au miracle économique américain. Et surtout, en faisant participer les deux tendances du Destour en les personnalités de Mahmoud El Materi et Salah Farhat. En quelque sorte, un gouvernement de salut national avant la lettre. Ce qui est forcément de très mauvaise plaisanterie pour le protectorat français.

En plus, la France n’a jamais oublié son influence anti française sur son père le Bey Mohamed Ennaceur, au long règne de 1906 à 1922, le poussant au soutien des nationalistes du Destour. Le poussant même à l’abdication, provoquant ainsi un vaste mouvement populaire.Un acte de rébellion unique dans l’histoire des beys Husseinites sous le protectorat. La réaction française sera très violente et Mohamed Ennaceur Bey fera marche arrière tout en récoltant la «bastonnade» de sa vie qui finira très vite par l’emporter d’humiliation, d’impuissance et de chagrin et ce, à la désolation rancunière de son jeune fils Moncef, le futur Bey, âgé alors d’une quarantaine d’années.

Fig.05.Portrait jeune de Moncef Bey.

Récidiviste vingt ans plus tard, il fallait donc se débarrasser coûte que coûte de Moncef Bey et au plus vite. L’occasion était trop belle pour ne pas la rater. Aux yeux des forces alliées et du monde anti nazi, il n’y avait pas mieux comme argumentation pour sa destitution que cette grave erreur de la décoration d’officiers fascistes.

Ainsi donc, le Nichan El Iftikhar, l’ordre prestigieux des Beys Husseinites, a été pour Moncef Bey, le Nichan damné.


Les ordres de décoration des Beys Husseinites


L'ordre de décoration beylicale du Nichan El Iftikhar a été créé pour la première fois par le bey Mustapha (1835-1837) pour récompenser aussi bien les militaires que les civils, les tunisiens et les étrangers.



  Fig.06. Nichan El Iftikhar de Mustapha Bey (1835 -1837) -  Or et diamant - Le nom du Bey «MUSTAPHA» est écrit en arabe au centre du Nichan.

Son fils Ahmed 1er Bey (1837-1855) le réorganisera en plusieurs classes prenant exemple sur l’ordre de la légion française (Grand cordon, Grand officier, Commandeur, Officier, Chevaliers…).


Fig.07. Nichan El Iftikhar d’Ahmed 1er BEY (1837 -1855) - Or et diamant. Le nom du Bey «AHMED» est écrit en arabe au centre du Nichan.


En plus de la réorganisation du Nichan El Iftikhar crée par son père, Ahmed 1er Bey créera un deuxième ordre d’une seule classe: le Nichan Addam attribué uniquement aux princes et aux princesses de la famille beylicale et aux royautés étrangères.


Fig.08. Ahmed 1er Bey (1837 -1855)- Nichan Addam en or et diamant attribué à la famille beylicale et aux royautés étrangères.


Conçu au départ en or et pierres précieuses, le Nichan El Iftikhar constituait véritablement un bijou de grande valeur. Très vite, avec le règne de Mohamed Essadok Bey (1859 -1882), on voit apparaitre une nouvelle conception en métal d’argent à facettes diamantaires et émail. Une conception moins ruineuse pour l’Etat, déjà en graves difficultés financières qui le mènera au statut de protectorat en 1881.


Fig.09.Mohamed Essadok Bey (1859 -1882)- Nichan El Iftikhar en argent et émail. Le nom du Bey «Mohamed Essadok»est écrit en arabe au centre du Nichan.


A l’occasion de la commémoration du «pacte fondamental» promulgué par son prédécesseur, Mohamed Essadok Bey créera un troisième ordre de décoration beylicale: le Nichan Ahd Al Aman, de classe unique, serti de pierres précieuses et arborant les armoiries beylicales.


Fig.10.Nichan Ahd Al Aman - Mohamed Lamine Bey (1943 -1957) -. Le nom du Bey est écrit en arabe au carré central avec indication de l’année 1363 de l’Hégire(1944).


Le dernier ordre de décoration beylicale sera le Nichan Al Istiqlal, créé en 1956 à l’occasion de l’indépendance de la Tunisie par Mohamed Lamine Bey, premier roi du royaume indépendant de Tunisie.


Fig.11.Nichan Al Istiqlel (Ordre de l’indépendance) créé en 1956 – (Réf. ARTmédina-tounes; CL8bis Nich3; Diam.5 cm; 34g).

Les ordres beylicaux seront abolis par H.Bourguiba à l’occasion de la proclamation de la république tunisienne en 1957, sauf pour le Nichan Al Istiqlel qui demeurera en vigueur jusqu’en 1959 date à laquelle il sera remplacé par l’ordre de la république.

La sauvegarde du patrimoine beylical

Tous ces Nichans nous ramènent à se poser la question sur le patrimoine beylical de la Tunisie et sa sauvegarde. Car, il m’a été plus facile de retrouver les objets des Beys de Tunisie sur internet que dans les vitrines de musés.

Que dire alors des palais et des monuments Husseinites?
Le constat est désolant car, la plupart, pour ne pas dire l’ensemble, sont tombés en ruine depuis l’instauration de la république de 1957. Le patrimoine beylical trois fois centenaire de la Tunisie a été dérobé à la mémoire des tunisiens. De façon réfléchie? Aux historiens de le dire. A la nouvelle république de sauvegarder ce qui peut l’être. Car, ne l’oublions pas, la grandeur d’un pays repose sur son passé. A lui seul, le palais de Versailles fait la grandeur de la France d’aujourd’hui et la fait bénéficier des toutes premières recettes touristiques.
Notre palais Beylical à la Versailles pourrait correspondre à celui de la Mohammedia conçu par Ahmed 1 Bey, le premier Bey Husseinite à visiter la France suite à l’invitation mémorable et historique de Louis Philippe .Le palais de la Mohammedia a été dénommé au nom du successeur d’Ahmed 1Bey, décédé avant de pouvoir le terminer.


Fig.12.Ahmed 1 Bey (1837-1855) - Palais de la Mohammedia en1878.

Ébloui par la magnificence du palais du roi soleil, construit en banlieue parisienne, et ses majestueuses fontaines de haute technologie hydraulique, Ahmed 1Bey a également conçu son palais en banlieue, celle de la Mohammedia, et près des sources d’eau, celles de la Medjerda.


Tous les patrimoines de l’Etat font partie de la mémoire nationale et il est du devoir de l’Etat démocratique qui se respecte de les sauvegarder. De dresser leur inventaire et leur historique. De planifier leur restauration et de les faire entrer dans le circuit économique culturel.

Alors, même si la situation actuelle de sauvegarde du patrimoine beylical est désastreuse et même si, à titre d’exemple, le palais de la Mohammadia ou celui de la Marsa d’Ahmed II Bey sont tombés en ruine et vidés de leurs riches mobiliers et objets d’arts, la sauvegarde est toujours possible.
Aux musées nationaux de planifier pour enrichir régulièrement leur collection par l’achat des objets historiques qui se vendent sur le marché interne ou à l’international comme le font les plus grands musées de part le monde, dans le respect de la propriété privée.
Tout est question de volonté politique, de planification ordonnée et de budget. Une stratégie de sauvegarde pour l’ensemble du patrimoine culturel multiethnique de la Tunisie. Une stratégie économique rentable.

Et le patrimoine du Bey du peuple, qu’en reste t-il ?

Le palais Moncef Bey de Hamam Lif est squatté, en abandon. Les mobiliers, les tableaux et les objets d’arts départagés sans traces nulle part. Des monnaies à son nom introuvables, même pas dans les musées…Un coup de chance ou un hasard heureux pour que je puisse posséder le Nichan El Iftikhar du Bey du peuple que je prédestine comme la pièce phare de ma galerie d’exposition «ARTmédina –tounes» pour la promotion du patrimoine culturel multiethnique de la Tunisie.

monhel

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mardi 22 avril 2014

Jeanne de Castille – Folies de l’amour. Du pouvoir. Du religieux.


 Écu de Séville:« IOANA ET KAROLVS » - Rois d’Espagne et de Sicile -
[… HISPANI.ARVM REGES SIC...]-
Réf. (Au 2) 3,3 g 2,4 cm.

La magnifique pièce en or à l’honneur de Jeanne de Castille (IOANA) et de son fils (KAROLUS), plus connu par son homonyme de Charles Quint fait partie des « escudos » les plus célèbres de Séville, frappés en début du 16ème siècle. Rarissime et tant convoitée par les collectionneurs numismates, les nostalgiques conquistadores, les dramaturges, les radicaux catholiques... Une monnaie chargée d’histoires, pleine d’énigmes liées au pouvoir, à l’amour, à l’infidélité, à la folie de l’amour, corporel et spirituel, à la triste histoire de l’Inquisition espagnole intimement liée à l’église catholique…

La folie de l’amour a joué de mauvais tours à JEANNE, fille de la grande ISABELLE de Castille (1451-1504), la fameuse reine catholique qui a fait chasser les musulmans et...les juifs en dehors d’Espagne à la fin du 15ème siècle.

La folie du pouvoir s’est emparée du père de JEANNE, le roi FERDINAND II (1452-1516), roi d’Aragon, en faisant emprisonner sa fille afin de lui confisquer le royaume de Castille, hérité de sa mère par testament.

Radicale sera la folie religieuse qui a engendré l’inquisition espagnole sous le règne des rois catholiques, les parents de Jeanne. Sous leur règne, environ 2000 marranes et morisques -juifs et musulmans reconvertis- furent condamnés au bûcher des flammes par le tribunal de l’inquisition.


Les parents de Jeanne ont été surnommés « les rois catholiques » pour avoir rendu l’Espagne au catholicisme, en venant à bout du dernier royaume musulman de Grenade. Pour avoir instauré « l’inquisition espagnole», un tribunal catholique radical, sur autorisation du pape Sixte IV en 1478. Pour avoir imposé par la force la religion catholique en persécutant et en pourchassant les musulmans et les juifs. Pour avoir pratiqué la purification ethnique par la « propreté du sang » (« limpieza de sangre ») – bien avant le pouvoir nazi- en identifiant les personnes ne possédant pas d’ancêtres juifs et musulmans.

JEANNE était très attachée sentimentalement à son mari PHILIPPE de Habsbourg qu’elle épouse en 1496 à son plus bel âge de 18 ans. Elle a vécu la belle folie de l’amour. Epanouie durant ses 10 années de mariage, elle eut six enfants dont CHARLES QUINT marquera profondément l’histoire de l’Europe et du nouveau monde, l’Amérique, fraîchement découverte par C. COLOMB en 1492.

Au contraire de sa mère ISABELLE dont la sexualité a été plutôt complexée depuis son jeune âge passé chez les sœurs, JEANNE était de nature spontanée et ne cachait nullement son amour vif et extrême pour le plus beau des maris, dénommé à juste titre « Philippe le beau », descendant des HABSBOURG, fils de l’empereur Maximilien et de la Duchesse de Bourgogne. Le comportement naturel et libéral de JEANNE choquait à l’époque une cour conservatrice menée par la main de fer d’une reine Catholique dont l’émancipation de sa fille est sûrement un dérangement. Un péché pour les catholiques radicaux. Mais Jeanne ne pouvait pas cacher ses émotions naturelles et la flamme de son amour passionné.

Malgré toutes les dérives comportementales de sa fille, la reine catholique ISABELLE, comme toutes les mères, ne pouvait songer qu’à sa protection. Dans son testament, elle la désignera héritière de son royaume de Castille et …insistera à « christianiser » l’Afrique du nord. Elle était loin de se douter que la folie du pouvoir poussera son mari Ferdinand II à ne pas respecter son testament. De même que son petit fils CHARLES QUINT. Tous les deux écarteront l’héritière légitime du royaume de Castille.

Quand la mort d’ISABELLE survint en 1504, Jeanne était au plus mal, sentimentalement. La multiple vie amoureuse de Philippe le beau, en réalité un coureur de jupon à succès, dont les femmes ne pouvaient rester indifférentes à son charme et à sa beauté virile, alla la précipiter vers la descente aux enfers. Le calvaire de la jalousie l’emmènera de l’amour fou à la folie amoureuse.

Deux années plus tard en 1506, survint la mort du mari infidèle que Jeanne continuait malgré tout à adorer dans l’absolue éternité. La double séparation de deux êtres aussi chers fût un choc doublement terrible pour une héritière aux déboires. Son père, le roi catholique Ferdinand II, profita de l’état psychologique de sa fille et de la minorité de ses petits-fils pour l’écarter du pouvoir en Castille. Taxée de folle, il l’enferma en 1509 à Tordesillas avec l’approbation d’une cour qui sauta sur l’occasion tant attendue pour se débarrasser de l’impie.
Le destin tragique de JEANNE fera de sorte qu’elle ne régnera jamais sur le royaume de Castille. Car même après la mort de son père en 1516, le véritable gouverneur des royaumes de Castille et d’Aragon sera son fils CHARLES QUINT qui, plus cupide que son grand père et plus cruel, maintiendra sa mère prisonnière toute sa vie.

Sous le règne de CHARLES QUINT, la folie religieuse de l’inquisition espagnole reprendra de plus belle, mais cette fois ci sous la supervision directe du pape. Elle ne sera abolie officiellement que beaucoup plus tard, durant le 20ème siècle. Entre temps, l’église radicale catholique se remplira bien les poches de la confiscation des biens des marranes juifs et des morisques musulmans,… des pédérastes et de tous ceux pris en déviation des dogmes radicaux catholiques.

monhel

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