mardi 30 avril 2024

Patrimoine beylical de Tunisie - L' ordre du Nichan Eddam offert au Duc de Montpensier

 

Figure 01 - Arrivée au port de La Goulette à Tunis en Juin 1846 du Duc de Montpensier, fils du dernier roi de France Louis Philippe (1830-1848) – Accueil solennel devant le palais beylical Essrarfia en face de la citadelle de La Goulette – Palais malheureusement démoli après l’indépendance, ainsi que le Faubourg de la « Petite Sicile » le juxtaposant, par un despote éclairé qui a laissé tomber en ruine durant un règne sans partage de plus de 25 ans l’ensemble du patrimoine beylical de Tunisie – Réf. ARTmedina-tounes.

Lors de sa visite à Tunis en juin 1846, le Duc de Montpensier a reçu du Bey Ahmed 1er la décoration du Nichan Eddam, la plus haute distinction du Beylicat de Tunis, entièrement sertie de diamants et pierres précieuses.

Figure 02 - Décoration du Nichan Eddam beylical sertie de diamants et pierres précieuses – C’est Ahmed 1er Bey (1837-1855) qui, en plus de la réorganisation de l’ordre du Nichan El Iftikhar créé par son père Mustapha Bey (1835-1837), créa un deuxième ordre d’une seule classe: le Nichan Eddam attribué uniquement aux princes de la famille beylicale et aux personnalités royales étrangères – Réf. ARTmedina-tounes.

L’ordre du Nishan Eddam, ou ordre du Sang, a été fondé en 1839 par Ahmed Ier Bey pour distinguer les princes de la famille beylicale qui avaient vocation au pouvoir. Il ne fut conféré à titre étranger qu’à de très hautes personnalités comme le duc de Montpensier (offert par le Bey Ahmed 1er) ou, beaucoup plus tard, au général de Gaulle (offert par le « Protectorat français » en Tunisie).

Figure 03 - Portrait du Duc de Montpensier réalisé en 1846 par le peintre Franz Xaver Winterhalter (1805-1873) montrant  la décoration beylicale tunisienne de l’ordre du Nichan Eddam - Huile sur toile: 80 cm X 52,5 cm - Commandé en double et offerts, en souvenir de la visite du duc de Montpensier en Tunisie en juin 1846, par le roi Louis-Philippe au Bey Ahmed 1er et à Mahmoud Ben Ayed, ministre du Bey et ami intime du Duc - Le portrait offert au Bey devrait être conservé dans les collections nationales tunisiennes. Celui de Mahmoud Ben Ayed, propriété privée, a été vendu aux enchères. On ignore le nouveau propriétaire – Réf. ARTmedina-tounes.

Au retour à Paris du Duc de Montpensier et en guise d’estime et de reconnaissance au Bey, Louis Philippe commanda deux portraits de son fils arborant le Nichan Eddam qu’il offra au Bey Ahmed 1er et à son bras droit Mahmoud Ben Ayed, ami intime du Duc et initiateur de sa visite à Tunis en juin 1846 pour préparer celle du Bey à Paris qui eut lieu en novembre 1846. Une visite mémorable en France d’un souverain arabo-musulman, la première en son genre sans l’aval de la porte sublime ottomane, déterminante pour l’avenir des relations entre Orient et Occident, entre la France et la Tunisie.

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samedi 27 avril 2024

Monnaies beylicales de Tunisie - Kharouba (argent),,Kharoub (cuivre), Nasri (argent) et Nasry (cuivre) : Clarifications des dénominations.

 Quelques monnaies beylicales posent encore un problème de confusion suite à leurs dénominations non concordantes dans diverses documentations numismatique et universitaire. A titre d’exemples: les confusions entre Kharouba* en argent et Kharoub** en cuivre. Entre Nasri*** en argent et Nasry**** en cuivre.

La Kharouba en argent et le Kharoub en cuivre, de même valeur monétaire de 1/16 Ryal, devraient avoir la même dénomination sur le plan monétaire et le fait de les nommer avec la même dénomination Kharouba ou Kharoub n’est pas erroné. A.Fenina (3) nomme ces deux monnaies de métal différent « Kharouba » alors que d’autres documentations numismatiques comme le KM (Catalogue mondial des monnaies) les nomment « Kharoub ». Ces différentes dénominations, en l’absence de norme unique, introduisent la confusion de distinction entre la monnaie en argent et celle en alliage de cuivre. Dans son cahier ARTmedina-tounes n°03 sur les monnaies beylicales de 1574 à 1891 (2020, Amazon), Monhel a opté pour le discernement entre les deux types de métaux en nommant la monnaie en argent Kharouba et celle en cuivre Kharoub, en sachant que Kharouba et Kharoub sont identiques en valeur monétaire égale à 1/16 Ryal (Piastre).

Fig.01 – Monnaies beylicales de Tunisie – Monnaie de 1 Kharouba en argent émise en 1163 de l’Hégire (1755 JC) durant la période du sultan ottoman Mahmoud 1er (1730-1754) et du Bey de Tunis Ali 1er (1735-1756) Réf. ARTmedina-tounes.

*La Kharouba en argent, de même valeur que le Kharoub, égale à 1/16 Ryal, a été émise par Ali 1er Bey (1735-1756) plus d’un siècle avant son équivalent le Kharoub en bronze créé par Mohamed 2 Bey (1855-1859). La dernière émission de la Kharouba en argent, retombée à l’état de billon (titre bas de 200 pour mille) suite à l’inflation, remonte au règne d’Ahmed 1er Bey (1837-1855) et ce, avant la réforme monétaire de 1847 rehaussant la monnaie en argent à son titre de prestige de 900 pour mille et instaurant le Nasry**** en alliage de cuivre à la place du Fals en cuivre d’origine arabe.

Fig.02 –Monnaies beylicales de Tunisie – Monnaie de 1 Kharoub en cuivre émise en 1281 de l’Hégire (1863 JC) durant la période du sultan ottoman Abdulaziz Khan et du Bey de Tunis Mohamed Sadok (1859-1882).

**Le Kharoub en cuivre de valeur 1/16 Ryal a été émis par Mohamed 2 Bey (1855-1859) en remplacement du Nasry**** en cuivre d’Ahmed 1er Bey (1837-1855) [dont la valeur par rapport à l’unité du Ryal demeure aussi confuse en l’absence de documentations d’archives officielles].

Fig.03 – Monnaies beylicales de Tunisie – Monnaie de 1 Nasri en argent plus connu par les européens par la dénomination Aspre. L’identification des Nasris demeure assez difficile du fait de l’absence en général de la date d’émission ou du lieu (Voir méthode qualitative d’identification dans le cahier artistique ARTmedina-tounes n°03).

***Le Nasri (Aspre) en argent, de valeur 1/52 Ryal, est la monnaie Hafside adoptée par les ottomans à leur entrée à Tunis en 1754. Il a été définitivement écarté par Hussein 2 Bey (1824-1835).

Fig.04 – Monnaies beylicales de Tunisie – Monnaie de 1 Nasry en cuivre émise en 1269 de l’Hégire (1851 JC) durant la période d’Ahmed 1er Bey (1837-1855).

****Le Nasry en alliage de cuivre (que d’autres nomment Nasiri ou le confondent avec le Nasri) est l’unité de compte du système monétaire en cuivre créé par la réforme monétaire de 1847 d’Ahmed 1er Bey (1837-1855) à la place du Fals. [Le Fals étant l’unité de compte en cuivre d’origine arabe en vigueur en Tunisie depuis un millénaire].

Fig.05 – Monnaies beylicales de Tunisie – Monnaie de 1 Fals en cuivre émise en 1174 de l’Hégire (1762 JC) durant la période du sultan Mustapha 3 (1757-1774) et Ali 2 Bey (1759-1782).

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jeudi 25 avril 2024

Monnaies beylicales de Tunisie - Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906) et Ali 3 Bey (1882-1902)

 

Parution du n°04 des Livrets numismatiques ARTmedina-tounes relatif aux monnaies des Beys de Tunisie Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906) et Ali 3 Bey (1882-1902), Monhel, Avril 2024, Amazon*.


Ci-après, la note de description publiée sur Amazon :

« ..

Le présent livret numismatique ARTmedina-tounes, le quatrième de la série, présente les monnaies de Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906) et d’Ali 3 Bey (1982-1902).

Quatre années de règne de Mohamed 4 Hédi Bey (1902-1906) ont donné lieu à l’émission de 3 catégories de monnaies en or, en argent et en alliage de «Cuivre (950) – Etain (40) – Zinc (10)» caractérisé par son teint rouge. Le tout correspondant à 7 types de monnaies répertoriées (et listées en feuille1 de l’annexe).

Quant aux vingt années de règne d’Ali 3 Bey, elles ont fourni également 3 catégories de monnaies en or, en argent et en alliage de cuivre correspondant cette fois ci à 23 types de monnaies répertoriées (et listées en feuille 2 de l’annexe). En plus, le règne particulier d’Ali 3 Bey s’est distingué par l’émission de monnaies relevant du système monétaire du Ryal durant la première période de 1882 à 1891 et l’émission de monnaies relevant du système monétaire du Franc durant la période de 1891 à 1902.

Un monnayage répertorié avec la cotation Monhel qui se distingue par la fixation de deux limites de prix. La limite inférieure correspond à l’état de conservation «Beau», alors que la supérieure correspond à l’état «Splendide»; tout en tenant compte du degré de rareté. De la sorte, le détenteur est en mesure d’évaluer sa propre monnaie.

La cotation Monhel est établie en fonction de spécificités tunisiennes révélant parfois des degrés de rareté plus prononcés en comparaison avec les données de « Maisons numismatiques » à l’international et en conséquence, des limites de valeurs plus élevées ou inversement. Elle vient combler un vide d’information numismatique spécifique à la Tunisie.

Si l’état de la monnaie est en dessous de la limite inférieure correspondant à « Beau », la monnaie ne vaut plus que par son poids de métal et en général ne représente plus de valeur numismatique.

Les états de conservation d’une monnaie B « Beau », TB « Très beau », TTB « Très très beau », « Superbe », « Splendide », « Fleur de coin » et les degrés de rareté R1 à R8 sont spécifiés en annexe.

A titre d’exemple, l’état de limite inférieure « Beau » pour une monnaie du 19ème siècle indique beaucoup d'usure, de nombreux coups et rayures, mais toute inscription doit être lisible. L’état « Beau » pour une monnaie antique indique beaucoup d’usure et des légendes presque illisibles. Ce qui veut dire qu’en général, l’absence de légendes pour une monnaie légendée l’abaisse à la valeur de son métal (Mis à part les monnaies sans légende).

La particularité des Livrets numismatiques ARTmedina-tounes réside dans leurs annexes multiculturelles spécifiques à la Tunisie en lien avec l’objet du livret. Des notes sur Mohamed 4 Hédi Bey, Ali 3 Bey et sur Monhel y figurent. Figurent également des notes sur l’identification des monnaies beylicales, sur l’état de conservation et sur le degré de rareté des monnaies. Alors que les feuilles vierges sont enrichies par les photos de bijoux berbères en argent du patrimoine de Tunisie exposés dans « La Vitrine-Museum Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts », ici remerciée.

.. »

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* https://www.amazon.fr/Monnaies-Tunisie-R%C3%A9pertoire-1902-1906-1882-1902/dp/B0D29PB86B/ref=sr_1_3?dib=eyJ2IjoiMSJ9.ZvpRy0BPuaRawN22YziK4qrqyT6Uy7DvEHqoe6bQBFVkA_oIkkkWSAon6_MlbYA3_7CTJt5-Yu8AVJ35vDFSRiF_q1cJrW1vom_q4jF3yUDfYadwCUhfoEWYNVOJB74NrQZNzN11qU6Moe7Ws8rgNA.NuflSy1H_HyR4a00A0mcbTB_UAlLQ5TGZBiFMEQ9mOM&dib_tag=se&qid=1714087483&refinements=p_27%3AMoncef+Helioui&s=books&sr=1-3

mercredi 24 avril 2024

Le sesterce usurpé de Postumus le Gaulois

 


Figure 01 – Sesterce en bronze de l’usurpateur Postumus (260-268 JC) sans indication au revers des lettres SC relatives à la frappe du sénat de Rome. Au début de règne, Postumus a même usurpé les lettres SC (Voir figure 02) – Réf. Collection Bouchereau.

La plus remarquable des usurpations est celle qui a permis à l’empire Gaulois de renaître après trois siècles d’occupation romaine. C’est grâce à Postumus que la Gaule a pu se délivrer de l’occupation romaine et revivre « indépendante » de 260 à 270.


Figure 02 – Sesterce en bronze de l’usurpateur Postumus (260-268 JC) frappé au début de son règne avec indication au revers des lettres SC relatives à la frappe du sénat de Rome. – Réf. Monnaiesdantan.com.

Postumus est un général romain d’origine gauloise qui, pour usurper, n’hésitera pas à assassiner le propre fils de son mentor l'empereur romain Gallienus (coempereur 253-260 et empereur 260-268). Rusé et fin stratège, il repoussera deux attaques de Gallienus en 261 et 266.


Figure 03 - Antoninien de l’empereur romain Gallienus (coempereur 253-260 et empereur 260-268).

La Gaulle étant acculturée et romanisée depuis belle lurette, Postumus, de formation militaire romaine, dirigera la Gaulle selon le système sénatorial romain.

Le même système monétaire romain demeurera en vigueur avec la frappe à son effigie des monnaies en or, en argent (Antoninien en cuivre recouvert d’à peine 1% de métal noble) et en bronze (Sesterce).

Avec Postumus à la tête de la Gaulle, l’emblématique monnaie romaine le Sesterce en bronze fera sa dernière apparition. Un sesterce usurpé puisque n’indiquant pas à son revers la frappe classique des lettres S.C relatives à la « validation » du sénat romain.

La dernière frappe sénatoriale du sesterce de l’empire romain avec indication des lettres d’origine SC est à notre connaissance celui émis par l’empereur Gallienus. Un sesterce assez rare et de portée historique car coïncidant avec  la fin d’une monnaie emblématique du grand empire romain.


Figure 04 - Sesterce de l’empereur romain Gallienus (coempereur 253-260 et empereur 260-268).

Comme l’ensemble des usurpateurs de la période sombre de l’anarchie militaire désignée par certains de période des 30 tyrans, Postumus sera assassiné en 268 par ses propres pairs et les empereurs gaulois qui lui succéderont de 268 à 270 ne laisseront aux numismates que de piètres monnaies à l’exemple des Antoniniens de Tetricus ou de Victorinus.

mardi 23 avril 2024

Bijoux berbères en argent de Tunisie – Amulette ronde de conception creuse et en plaque (28)

 Amulette ronde de conception creuse

Figure 01 – Bijoux berbères en argent de Tunisie -  Pendentif amulette de forme circulaire et de conception creuse permettant de renfermer le Herz protecteur (écriture) et autres objets censés apporter protection et plénitude - Réf. ARTmedina-tounes ; Musée Helioui Ahmed des arts et de l’argenterie-

Figure 02 – Bijoux berbères en argent de Tunisie – Pendentif amulette de forme ronde et de conception creuse. Cette amulette se distingue par ses pendentifs originaux qui semblent caractériser la croyance chrétienne de sa propriétaire. En effet, au lieu et place des mains de fatma et des croissants lunaires caractérisant la croyance musulmane (fig.01), figurent tout d’abord un pendentif à l’effigie de la vierge Marie et deux autres pendentifs de formes et gravures assez originales en formes de cœur ou de poire - Réf. ARTmedina-tounes ; Musée Helioui Ahmed des arts et de l’argenterie-

Amulette ronde en plaque gravée

Figure 03 – Bijoux berbères en argent de Tunisie –Amulette pendentif suspendue à la fibule ronde de la Melia, conçue en plaque ronde gravée par des signes et écritures censés apporter protection et plénitude - Réf. ARTmedina-tounes. Photo de berbère sur carte postale orientaliste. Œuvres tombées dans le domaine public.

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