jeudi 20 avril 2023

Bijoux berbères de Tunisie – De l’habit de la Melia des nomades aux Keswas des sédentaires

 Le présent article est tiré du chapitre Généralités – point 6 du cahier artistique n°04 : « Bijoux berbères en argent de Tunisie, Monhel, 2023, 244 pages, Amazon »*.  Publié également sur :https://heliouiahmedmuseum.blogspot.com/

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Evolution des bijoux de la Melia des nomades en bijoux des Keswas des sédentaires

Comme susmentionné, la 1ère classe des bijoux en argent des berbères nomades se distingue par des œuvres en argent massif, le métal mystique et bienveillant des berbères. Parfois, avec simple apport de coquillages, de pierres en verre coloré et autres perles et coraux.

La deuxième classe de bijoux berbères fait suite notamment à l’évolution du statut social des berbères redevenus sédentaires, à l’évolution des techniques et à des contraintes socio-économiques et géopolitiques. Elle se distingue par des bijoux assez légers tout en reprenant les modèles antérieurs avec adjonction de design innovant, de sertissage de pierres semi-précieuses et de dorure, en rupture avec les traditions ancestrales et les tabous.

Fig.G06 -  Bijoux berbères en argent de 2ème génération.

Photo de gauche: Pendentif de forme rectangulaire conçu à base de feuille et fil d’argent mince, doré et émaillé, avec multitudes d’anneaux de connexion pour pendeloques et chainettes.

Photo de droite: Berbère sédentaire habillée en Keswa régionale, de conception et couleurs différentes de celles de l’habit de la Melia de la berbère nomade. Les bijoux de la Keswa ont nettement évolué par rapport à ceux de la Melia: La parure de poitrine (Chapitre 06) est désormais constituée de 2 fibules rondes reliées par un ensemble de pierres semi-précieuses et de coraux rouges, avec un élément central de forme rectangulaire en argent doré et émaillé. Bracelets de main en argent sertis de pierres totalement différents de la sobre Hadida en argent. Collier du cou en perles. Parure de tempe en tissu ornementé d’éléments rectangulaires en argent dorés et émaillés.

Réf. ARTmedina-tounes. Annexe sur le copyright et les œuvres tombées dans le domaine public. 

La 2ème génération des bijoux berbères est imprégnée des techniques en usage dans les villes où la conception des bijoux est fortement influencée par les civilisations colonisatrices de la Tunisie dont celle byzantine avec ses modèles de ronds, carrés et rectangulaires ; dorés, émaillés et striés.

Les circonstances géopolitiques du 17ème siècle, notamment l’expulsion en masse des mauresques et juifs d’Espagne, ont aussi contribué énormément à l’essor de la classe 2 des bijoux berbères en particulier et au développement de l’économie de la régence de Tunis en général. Tout en impulsant la croissance dans tous les domaines, de l’industrie à l’agriculture, jusqu’aux arts de la bijouterie et de l’argenterie. Des expulsés juifs généreusement accueillis par des Deys et Beys visionnaires, Othman Dey (1594-1610) et son successeur Youssef Dey (1610-1647), en les répartissant judicieusement à travers la régence, ce qui a permis la création de nouvelles cités florissantes à l’exemple de Testour au nord et de Soliman au Cap Bon.

Les habits de Keswas régionales

Liés au départ à l’habit de la Melia, les bijoux berbères en argent connaitront des évolutions régionales significatives avec l’évolution de l’habit de la Melia (jusque-là indémodable et fédératrice) en divers habits de Keswas régionales, plutôt séparatistes.

En évoluant, les premières Keswas régionales de la femme berbère sédentarisée ont gardé la conception de base de la Melia nouée avec des fibules Khlel avant de s’en débarrasser définitivement. L’évolution s’est fait ressentir surtout au niveau du choix des tissus, des couleurs et du design de bijoux dorénavant dorés, émaillés et sertis de pierres semi précieuses. A partir du 20ème siècle, la conception des Keswas régionales ne faisait plus appel à la fibule (Khlel), élément essentiel de la Melia ancestrale. Mais si la conception de l’habit a nettement évolué, celle des modèles antérieurs de bijoux berbères sont restés la plateforme de base pour l’évolution et l’innovation.


Fig.G07 - Bijoux en argent d’origine berbère de Tunisie de 2ème génération.

Photo de gauche : Pendentif en forme de poisson conçu à base de feuille et fil minces en argent ; doré et serti de pierre en verre coloré (Musée Helioui Ahmed de l’argenterie et des arts)**.

Photo de droite: Keswa régionale de Mahdia brodée avec du fil d’argent doré (ou en or pour les plus fortunés) en nette évolution et innovation au 21ème siècle. Toutefois, les bijoux et accessoires, comme le pendentif en forme de poisson ou la parure de tempe en Sultani et Mahboub (Monnaies beylicales d’origine ottomane), gardent toujours le lien avec les modèles de bijoux antérieurs – Réf. ARTmedina-tounes. Anonyme. 

Les Keswas et leurs bijoux de la classe 2 sont aujourd’hui sauvegardés par de nombreuses «Familles tunisiennes», à saluer. Synonyme de fierté identitaire des régions et des villes, les Keswas et leurs bijoux sont fièrement apprêtés par ces familles, encore généreuses, à l’occasion des cérémonies de mariage et autres évènements festifs.

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Monhel

Copyright 

*https://www.amazon.fr/Bijoux-berb%C3%A8res-en-argent-Tunisie/dp/B0BSWY5XH1/ref=sr_1_4?qid=1682040910&refinements=p_27%3AMoncef+Helioui&s=books&sr=1-4

**https://heliouiahmedmuseum.blogspot.com/

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