Figure 01 – Horlogerie
suisse – Montre en argent signée BARBIER - De quel Barbier s’agit-il? – (Réf.
ARTmedina-tounes)
L’histoire commence par une montre signée
BARBIER. Elle finit par une montre signée VACHERON et CONSTANTIN.
Figure 02 A – Horlogerie
suisse - Montre ancienne signée VACHERON
ET CONSTANTIN de Genève - (Réf. ARTmedina-tounes)
Au début, je voulais identifier une
montre signée BARBIER en ma possession (figures 01), éparpillée parmi la
collection privée ARTmedina-tounes.
Figure 01B
Rien que sur le dictionnaire des
horlogers et fabricants anciens de montres suisses (en référence au site «fr.
worldtempus.com»), ils ne sont pas moins de 5 «Barbier» qui y figurent:
- Barbier C.H, horloger de Genève à
la fin du 19ème siècle et successeur de la maison de la marque
Zentler frères.
- Barbier Jacques, dit Brunet,
horloger à Genève au 17ème siècle avant de s’établir à Lyon en 1669.
Il est connu pour avoir formé Etienne Bouvier en 1660.
- Barbier Antoine, mentionné à
Genève en 1860 et 1874.
- Barbier Louis, mentionné à Genève
en 1862.
- Barbier P, horloger à Genève et
dépositaire de la marque Crédo en 1900.
Lequel de ces Barbiers horlogers,
ayant exercé à Genève qui pourrait correspondre à la montre en figure 01?
Figure 01 C
En accentuant les recherches, je
tombe sur un autre Barbier suisse, non horloger cette fois-ci, de Genève
également, mais en rapport étroit avec l’Art et le patrimoine.
Un Jean Paul Barbier qui s’est
avéré un «Grand», tellement imbu de culture qu’il m’a fait oublier ma montre
par la découverte d’une formidable collection artistique multiethnique, construite
à coup d’amour de l’art, ayant comme ligne de conduite le slogan: «Contre
l’oubli» des minorités dont la culture est vouée à la déperdition.
Un Jean Paul Barbier dont la
destinée a voulu qu’il devienne en 1955 le beau-fils du plus grand
collectionneur d’arts primitifs, Joseph Mueller, et qu’il fonde en 1977, le «Musée Barbier-Mueller» installé au numéro 10 de la rue
Jean-Calvin à Genève.
Figure 03 - Entrée du Musée
Barbier-Mueller à Genève – Suisse, au n°10 Rue Jean Calvin.
Voici des extraits de la présentation
de ce musée familial, à partir d’un communiqué de presse:
«
Fondé
en 1977, le musée est installé au cœur de la Vieille Ville de Genève. Il a pour
vocation de conserver, d’étudier et de publier une collection commencée par
Josef Mueller dès 1907 et poursuivie jusqu’à nos jours par ses héritiers.
Cette
collection compte aujourd’hui plusieurs milliers de pièces et comprend des
œuvres d’art de l’Antiquité tribale et classique, ainsi que des sculptures,
tissus, ornements provenant des civilisations du monde entier. Nombre de ces
pièces sont considérées comme des chefs-d’œuvre incontournables.
Le
musée Barbier-Mueller organise deux expositions temporaires par an, présentant
une sélection d’objets de la collection. Seules ces pièces sont visibles par le
public.
En
outre, le musée Barbier-Mueller s’est acquis une reconnaissance internationale
par des expositions itinérantes, des prêts consentis à d’autres musées et par
la publication de nombreux catalogues et livres d’art. Trois points essentiels
le particularisent :
- Les
collections ont commencé après la Première Guerre mondiale, ce qui explique la
forte présence de pièces "historiques", introuvables aujourd’hui.
- Cette
collection privée est la plus importante du monde.
- Le
musée publie constamment de nouveaux ouvrages pour accompagner ses expositions
dans le monde (dans une centaine de musées en 37 ans)
».
Figure 04 – Logo « Fondation
culturelle - Musée Barbier-Mueller »
Poursuivant son œuvre de
bâtisseur, Jean Paul Barbier crée la «Fondation Barbier-Mueller pour la culture»,
en partenariat avec une autre maison aussi réputée, la «Maison VACHERON
CONSTANTIN», l’une des plus anciennes de l’horlogerie suisse, créée depuis
1755.
De cette histoire artistique,
comme je les aime, ce qui m’a interpellé à l’émotionnel, c’est le slogan de
Jean Paul Barbier résumé en trois mots: «Fondation contre l’oubli».
Sur le site de sa fondation, voici
l’introduction qu’il a rédigée en avril 2010:
""
-"En
Afrique, quand un vieux meurt, c'est une bibliothèque qui brûle"-
Amadou Hampaté
Bâ
Cette
vérité doit nous hanter. Comment nous, hommes de l’écriture, armés pour
conserver le patrimoine de l’humanité, pouvons-nous assister impassibles à
l’extinction, à la disparition de mythes aussi riches que le furent ceux de la
Grèce ?
Force
est de constater que l’immense mouvement des recherches ethnologiques
entreprises au XXe siècle s’est surtout focalisé sur les peuples les plus «
visibles », ceux qui fourmillaient de richesses culturelles : masques,
sculptures, sociétés initiatiques, mythes d’origine complexes, etc. Or il est
apparu qu’il existe, parfois à proximité immédiate d’une ville où les
anthropologues se rendent fréquemment, de tous petits groupes possédant une
forte identité individuelle, et qui restent ignorés.
Au
cours de ses trente-trois ans d’existence, le musée Barbier-Mueller a trouvé le
temps, et les enquêteurs qualifiés pour en étudier quelques-uns. Néanmoins,
rapidement, il s’est avéré que cette activité annexe ne pouvait pas, ne devait
pas être poursuivie sur une plus grande échelle par une institution ayant pour
principal objectif de faire connaître les qualités plastiques des œuvres
élaborées dans le contexte magico-religieux des « peuples sans écriture ». En effet, nombre de ces petits groupes
isolés n’ont aucun objet de culte, aucun masque, aucun « fétiche ». Ils n’ont
pour eux qu’une étonnante organisation socio-politique, des cultes complexes
fondés sur des statues en terre crue, périssables, des préoccupations
religieuses aniconiques, bref ! Rien qui puisse être exposé dans un musée, ou
peu de choses.
J’espère qu’aucun être humain,
aucune religion, aucune culture, si petite soit-elle, ne disparaîtra sans avoir
laissé une trace claire.
""
Le 22 décembre 2016, Jean Paul
Barbier-Mueller nous quittait pour un monde où sa place d’artiste l’attendait, en
laissant un legs inestimable pour le patrimoine mondial. Que son âme repose en
paix.
Son slogan «Contre l’oubli» n’a
cessé de raisonner en moi.
Il m’a rappelé mes écrits figurant
déjà sur ce blog et sur les numéros 01 et 02 de mes cahiers artistiques
ARTmedina-tounes, qui mettent en relief des groupes ethniques de Tunisie
également oubliés: les berbéro-bédouins, descendants des Libyco-berbères, les
premiers peuples d’Afrique du nord, et les Tabarquins d’origine génoise,
immigrés en Tunisie depuis 1542 à l’îlot de Tabarka au nord-ouest de la Tunisie.
Des écrits où je me prononce
contre leur oubli, mais encore plus, pour le pardon de ceux qui les ont
maltraités.
Les berbéro-bédouins, femmes,
enfants et hommes, ont été dénudés de leur
dignité et offerts nus de par le monde…sur les cartes postales de la France
colonialiste.
Figure 05 –
Berbéro-bédouine dénudée sur une carte postale éditée en France colonialiste –
(Réf. ARTmedina-tounes)
Quant aux Tuniso – Tabarquins, après
leur intégration et participation à l’essor économique de la régence beylicale
de Tunis durant plus de deux siècles, ils ont subi en 1741 les affres du bagne
de Tunis sous le règne d’Ali 1 Bey (1735-1756). En 1756, c’est au
tour du bagne d’Alger de les accueillir avant leur libération contre payement de
leur rançon par les deux Charles, le roi de Sardaigne et le roi d’Espagne. Et même
immigrés en Sardaigne, les Tabarquins ont été capturés en 1798 par les
corsaires de Hamouda 2 Pacha Bey (1782-1814) et ont subi encore l’esclavage.
Les groupes ethniques Berbéro-bédouins
et Tabarquins n’existent plus en Tunisie. Ne les oublions pas. Leur culture
fait partie intégrale du patrimoine de Tunisie.
Les premiers, sédentarisés, ont
évolué pour devenir ce qu’on appelle, aujourd’hui, les ruraux, dont la plupart des
femmes travaillent dans les champs. Dans des conditions dures pour ne pas dire
esclavagistes. Une évolution à la « mondialisation » qui leur a fait
perdre beaucoup de leurs coutumes et leur langue ancestrale. Appauvries, elles
ne s’habillent plus de la Melia originelle tissée en fils naturels de laine
et/ou de coton. Dorénavant, Foulards en dentelle et mufle en plastique. Leurs
bijoux en argent, démodés; dont la parure typique aux fibules tient un rang
particulier parmi les produits sauvegardés d’ARTmedina-tounes (figure 06); ont été
vendus dans les souks à bas prix pour subir les fournaises de recyclage des
bijoutiers tout le long de la 2ème moitié du 20ème
siècle. Et j’en passe. C’est la raison pour laquelle j’ai commencé à publier les
cahiers artistiques ARTmedina-tounes dans l’optique de la sauvegarde et de la
promotion de ce patrimoine. L’important, c’est de laisser la trace, comme
disait Jean Paul Barbier.
Figure 06 – Patrimoine
de Tunisie – Bijoux en argent des Berbéro – Bédouins - Parure constituée de
chaines en triple rangée, de pendentifs de mains de Fatma et d’un rond lunaire avec
étoile à 5 branches. Les extrémités de la parure seront liées aux deux fibules
qui vont attacher les bouts de l’étoffe de la Melia sur la poitrine de la
Berbéro-bédouine – (Réf. ARTmedina-tounes)
Figure 7 – Patrimoine
de Tunisie - Berbéro-bédouine portant la fameuse parure aux fibules nouant les extrémités de l’étoffe de la Melia, de couleur originelle en bleue indigo
– Réf. Carte postale du photographe orientaliste Rudolf Lehnert (1878-1948) -
De même que les berbéro-bédouins, le
groupe ethnique des Tabarquins n’existe plus en Tunisie. Ce qu’il en reste a
fondu dans la population. Le destin des Tabarquins a voulu qu’ils se conservent
en se reconstituant ailleurs.
Figure 08 – Patrimoine
de Tunisie – Ilot de Tabarka au nord-ouest de la Tunisie, avant sa connexion
naturelle au continent par une bande de sable au début des années 1940 – Ce qu’il en reste
des vestiges de l’époque Tabarquine est le Fort espagnol au sommet, construit
du temps de Charles Quint pour la garnison espagnole de défense de l’îlot – (Réf.ARTmedina-tounes)
L'évolution des Tabarquins s’est refaite en
Sardaigne d’Italie, un peu moins en Espagne où le groupe s’est presque dissous aujourd’hui
dans la population et la culture espagnole. Par contre, le groupe de Sardaigne,
sur les îlots de Saint Pierre et de Saint Antonio, ne cesse d’augmenter en
nombre pour atteindre les 10000 habitants au début de ce millénaire. Le plus
remarquable est que leur évolution s’est faite en sauvegardant leurs coutumes depuis
le débarquement de leurs ancêtres génois en 1542 à l’îlot de Tabarka, et de
leur langue patoise Tuniso-Génoise. Contre l’oubli, ils se commémorent, chaque
année, la pêche du Thon de Sidi Daoud qui a contribué, en plus de la pêche du corail, à leur essor et à l’essor
de l’économie de la régence beylicale, leur première patrie d’accueil.
Au slogan de « Contre
l’oubli », si cher à Jean Paul Barbier, j’ai ajouté celui de « Pour
le pardon »:
- des torts causés aux berbéro-bédouins, par la France
colonialiste,
- et des torts causés aux Tabarquins, par la régence
beylicale.
Le «Pardon» de la France
colonialiste, je l’ai relancé en 2018 auprès de la présidence de la république
française et de son ambassadeur à Tunis et ce, à l’occasion de la visite
officielle de M.Macron à Tunis. Sans réponses, pour le moment. Auparavant, je
l’ai déjà soulevé dans le n°01 de mes cahiers artistiques ARTmedina-tounes,
intitulé: «La fibule berbère, la Melia et le vœu de la paix» (distribué par
Amazon).
Figure 09 - Couverture
du cahier artistique n° 01 d’ARTmedina-tounes publié chez Amazon.
Voici des extraits de son annexe 04
sur le photographe orientaliste Joseph Garrigues:
«
…ils ont
été à l’origine du lancement de la mode de la nudité* sur les cartes postales par le biais des bédouines indigènes.
Etaient-ce pour des raisons commerciales pour rivaliser avec les peintres
orientalistes qui se faisaient déjà du succès avec les nus? Ou, étaient-ce pour
des visées colonialistes avec comme premier objectif l’acculturation par la
dégradation identitaire des peuples colonisés ?
*NB: Apparemment, dans une Europe du 19ème siècle encore
conservatrice, on ne pouvait pas montrer facilement des européennes,
chrétiennes, nues sur des cartes postales. Avec la colonisation et un esprit
dominateur rampant et hautain, on pouvait se le permettre avec les indigènes
qui se sont même retrouvés exposés derrière des grilles au même titre que les
animaux, dans les expositions coloniales en France. Pour amuser la galerie,
sûrement. Pour se faire de l’argent facile, certainement. Pour la propagande de
la colonisation dominante des peuples indigènes, surtout. En portant un coup
énorme à l’honneur et à la fierté des groupes ethniques les plus pauvres et les
plus faibles qui, un siècle plus tard,
méritent les excuses officielles des responsables colonisateurs.
Fig.116 – Berbéro bédouine dénudée - Carte postale du photographe
orientaliste Joseph Garrigues – (Réf. ARTmédina-tounes)
………»
Quant au «Pardon» pour les torts
causés aux Tabarquins par la régence beylicale, à ce que je sache, personne n’y
a pensé. Dorénavant, je m’y attache. A commencer par le présent article où, en
tant que citoyen tunisien, j’exprime peine et compassion à tous les Tabarquins
qui ont subi injustement les affres du bagne et de l’esclavagisme. Ne les
oublions pas.
Justement, c’est contre leur oubli
que j’ai publié chez Amazon le n°02 de mas cahiers artistiques
ARTmedina-tounes, intitulé: «Les Tabarquins et le corail rouge de Tunisie».
Figure 10 - Couverture
du cahier artistique n° 02 d’ARTmedina-tounes publié chez Amazon.
D’histoire en histoire et d’un
cahier à l’autre, on va finir par oublier la montre suisse signée BARBIER en
figure 01. Je vous laisse le soin d’identifier de quel Barbier s’agit-il? Car,
je ne suis pas arrivé à le faire.
Par contre, ce que j’ai pu retracer
avec une autre montre signée VACHERON et CONSTANTIN - la maison horlogère suisse
entrée en partenariat avec Jean Paul Barbier-Mueller pour la création de la
«Fondation Barbier-Mueller pour la culture», comme mentionné ci-dessus -, figure
déjà dans un article du présent blog en rubrique « tounes Antiquités». En voici
des extraits:
«
mercredi 30 septembre
2015
VACHERON ET CONSTANTIN
– Le logo des premiers pas à Genève
Logo
d’époque de la maison VACHERON ET CONSTANTIN
(Réf.ARTmédina-tounes - CL08
.01A ; 2X3 cm)
C’est une vieille montre entassée parmi d’autres dans
le tiroir…Toutes ont été dénudées de leurs bracelets et le temps leur a fait
subir tant de chocs dans leurs « carrosseries » et tant d’émotions à
leurs maîtres.
Bloc
de montre d’époque de VACHERON et CONSTANTIN.
(Réf.ARTmédina-tounes
- CL08 .01B ; 2X3 cm)
Un vulgaire bloc de montre emblématique par son logo
de VACHERON ET CONSTANTIN. Il est rectangulaire (2 X 3 cm) et le revers de sa
« carrosserie » est de la beauté du jaune d’or. Sans conteste et en
son temps, il s’agit d’un bijou de haute classe. Aujourd’hui, il s’agit d’un
objet du patrimoine horloger suisse.
Bloc
de montre d’époque de VACHERON et CONSTANTIN.
(Réf.ARTmédina-tounes
- CL08 .01C ; 2X3 cm)
Ce petit bloc rectangulaire d’apparence
« réformée », est une pièce de musée car, en son sein, regorge tant
d’informations technologiques et de savoir-faire d’époque de l’horlogerie
suisse.
Des informations épatantes sautent aux yeux des
amateurs avertis. Le logo de la fameuse maison VACHERON ET CONSTANTIN, tel
qu’il a été conçu par ses premiers maîtres, n’est plus le même.
Logo
actuel de la maison VACHERON CONSTANTIN.
Le logo d’aujourd’hui a fait introduire la croix de
Malte. En plus, l’élimination du « et » du logo d’époque fait croire
que VACHERON CONSTANTIN est une seule personne, alors que le logo originel fait
mention aux deux associés : VACHERON ET CONSTANTIN.
…
»
Monhel
ARTmedina-tounes
Copyright