Patrimoine de Tunisie – Porte d’entrée de la caserne militaire du Bardo qui a abrité en 1847 les nouveaux locaux de l’hôtel des monnaies de la régence de Tunis. Armoiries beylicales au-dessus de la porte, placées entre deux canons à boulets. Dénommé Dar Essika, l’hôtel des monnaies du Bardo fermera ses portes définitivement en 1891, date à laquelle la frappe des monnaies sera entreprise en France. Même après l’indépendance, les monnaies de Tunisie continuent à être émises à l’étranger – Réf.ARTmedina-tounes.
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Mise à jour du 10.6.2025: ajout des paragraphes 4 à 6 présentant les nouvelles monnaies de la réforme monétaire de 1847 d'Ahmed 1er Bey (1837-1855), créateur de Dar Essika
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A l’entrée des ottomans à
Tunis en 1574, la frappe des monnaies de la régence beylicale a été maintenue à
l’hôtel des monnaies de Tunis, situé à la Kasbah depuis l’époque Hafside (1228-
1574). Il ne changera de place que deux fois durant la longue période ottomane
qui s’est étalée sur plus de quatre siècles de 1574 à 1882.
Ce sera Ali 1er Bey (1735-1756) qui le déplacera une première fois à El Hafsia, pas loin de son emplacement initial de la Kasbah de Tunis, avant qu’Ahmed 1er Bey (1837-1855) l’installe en 1847 au Bardo, juxtaposant son palais, à l’emplacement de l’actuelle caserne militaire du Bardo.
Après sa visite solennelle de 1846 en France sur invitation directe du Roi Louis Philippe, une première dans les relations diplomatiques de l’époque car sans l’aval de la porte sublime, Ahmed 1er Bey (1837-1855) fortement ébloui par le développement technologique de la puissance coloniale déjà installée en Algérie, est rentré à Tunis avec plein de projets de développement pour sa petite Tunisie. Il confiera la mise à niveau de l’Hôtel des monnaies de Tunis à son compère et ami de jeunesse, le bouillonnant entrepreneur Mahmoud Ben Ayed qui mènera le projet à bon port grâce à son fidèle ingénieur français Charles Benoit. Avec l’apport de nouvelles machines importées de France, Ahmed Bey optera pour leur installation dans un nouveau local. Ce sera au Bardo, la banlieue résidentielle beylicale de Tunis.
Dar
Essika, le nouvel hôtel des monnaies de Tunis frappera pour la première fois
les nouvelles monnaies conçues par la réforme monétaire de 1847 basée sur un
système bimétallique : argent et cuivre. Les anciennes monnaies en argent dont
le titre a dégringolé à 200 pour 1000 ont été écartées et remplacées par les
nouvelles monnaies de 5 et 2 Ryals avec un titre rehaussé à 900 pour 1000.
Quant
au système monétaire en cuivre du Fals - hérité
du système monétaire arabo-islamique du 7è siècle et battant tous les records
de longévité -, il a été définitivement écarté et remplacé par le nouveau
système du Nasry** en cuivre avec la création de trois monnaies : 1 Nasry,
2 Nasrys et 3 Nasrys.
**A ne pas confondre avec le Nasri en argent, l’emblématique monnaie Hafside de forme carrée. Réf. « Système monétaire de la régence de Tunis 1574-1891 : Répertoire des monnaies beylicales en images, Moncef Helioui, 21 février 2025, Amazon. https://www.amazon.fr/Livres-Moncef-Helioui/s?rh=n%3A301061%2Cp_27%3AMoncef%2BHelioui
Les
monnaies en argent et en cuivre d’Ahmed 1er Bey (1837- 1855) ont été
frappées avec une nouvelle iconographie basée sur les feuilles de palmier,
d’olivier et de laurier, s’écartant des anciennes symboliques ottomanes. Le
fait saillant de cette iconographie a été la suppression du titre honorifique «Izza
Nasrou (Honneur au victorieux) » du Sultan ottoman. Un fait qui indique déjà en
1847 la volonté d’Ahmed 1er Bey, dit le Bey Sarde, d’affirmer son indépendance
de la vassalité ottomane.
L’hôtel des monnaies de Tunis, dorénavant connu sous le nom de Dar Essika par les tunisiens de l'époque, sera fermé définitivement en 1891 par les autorités françaises à l’occasion de la nouvelle réforme monétaire instaurant le Franc et le Centime. Depuis, jamais plus les monnaies tunisiennes ne seront frappées en Tunisie. Et ce, même après la factuelle indépendance. Même après la dite révolution.
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