Durant
le 20è siècle, il n’était pas rare de voir dans les rues la femme tunisienne
couverte de son Sefsari blanc assez remarquable et distingué.
C’est
une étoffe en fil naturel de laine ou coton, soie (Harir) pour les citadines,
utilisée à couvrir la tunisienne de la tête au pied une fois passé la Atba (Perron)
de la maison. Le Sefsari à la couleur blanche de la chaux pure est typique de
la Tunisie. Il se contraste avec le Hijab de couleur noir d’orient. Un
habit remarquable adopté aussi bien par les tunisiennes musulmanes que juives, reconnaissables par leur calotte de tête en forme conique pointue.
L’évolution
du vestimentaire patrimonial tunisien a évolué durant les siècles et les
circonstances géopolitiques. Le phénomène de déculturation européenne, aidé en
cela par la propagande coloniale, a contribué au changement de mentalité de
quelques familles tunisiennes (oises) citadines des grandes villes notamment
Tunis, Sfax ou Sousse qui ont commencé à adopter le vestimentaire colonial
européen.
Auparavant
et dès la moitié du 19è siècle, Ahmed Bey (1837-1855) ; dit le Bey Sarde
en liaison avec l’origine de sa mère Francesca Rosso née en Sardaigne ; a
bouleversé le vestimentaire patrimonial tunisien au profit de celui européen en
introduisant le pantalon au sein l’armée, sans toutefois réussir à entrainer la
masse populaire et ce, jusqu’à l’indépendance du pays. Ce que n’a pas pu
réussir Ahmed 1er Bey, Bourguiba, l’instigateur du coup d’Etat constitutionnel de
1957 aidé en cela par le colonisateur, a pu le réussir.
Au
sortir de la France de Tunisie et à l’inverse de certains pays d’Orient,
Bourguiba submergé par la « modernité occidentale » s’est efforcé à
généraliser cette déculturation vestimentaire et autres coutumes patrimoniales
ou religieuses, en se cassant le nez cette fois ci devant le refus de ne pas
faire le Karem au sein de l’armée.
En
peu de temps, les Sefasari, Fouta et Blouza pour les femmes ; les Djebba,
Kachabia et Burnous pour les hommes, ont vite rejoint pour une large part le
banc de l’histoire. De même pour les bijoux en argent des berbéro bédouines et
leur habit de la Melia qui ont laissé place à la mode européenne. Sauf dans
certaines contrées éloignées ou délaissées comme l’ethnie berbère qui a pu
sauvegarder ses coutumes et langue en s’éloignant du côté des espaces
sahariens.
Curieusement,
au tournant du 21è siècle, on constate de plus en plus un retour aux coutumes
traditionnelles, un phénomène de rébellion contre l’offensive de la
mondialisation orchestrée dès la fin du 20è siècle.
Une
effervescence sans pareille s’est emparée des jeunes pour innover notamment
dans les secteurs vestimentaires en s’inspirant du Patrimoine. Si le costume
européen demeure encore dans l’Administration publique, l’Etat accentue tout de
même les efforts pour la sauvegarde de l’héritage vestimentaire ancestral de
Tunisie tel que la Djebba, Burnous, Fouta…avec ses spécificités écologiques
remarquables adaptées aux contextes climatiques et environnementales propres du
pays, un atout majeur pour s’ouvrir aux marchés promoteurs.
ARTmedina-tounes
Copyright