samedi 22 juin 2024

Monnaies arabes - Le Millares chrétien, contrefaçon des Moumini et Nasri (Aspre) islamiques d'Andalousie

 

Figure 1 – Nasri en argent (de forme carrée) adopté par les Almohades Nasrides d’Andalousie (1147-1269). Son origine est le Moumini créé par les Almoravides (Al Mourabitounes) [1056- 1147JC] au Maghreb pour remplacer le Dirham en argent (de forme ronde) du système monétaire arabo islamique.

Face : écriture arabe en style Naskh en 3 lignes : /La Ilah Illa Allah (Il n’y a pas d'autre divinité que Dieu) / Al Amrou Kollouhou Lillah (Il n'y a pas de commandement qui ne soit de Dieu) / La Qouwata Illa Billah (Il n'y a pas de pouvoir sinon venant de Dieu)

Revers : écriture arabe en style Naskh en 3 lignes : /Allah Rabouna (Dieu est notre maître) / Mohamed Rassoulouna (Mohamed est notre prophète) / Al Mahdi Imamena (Le Mahdi est notre imam)

Le Nasri (Aspre) en argent, de forme carrée, a été l’unité de compte monétaire secondaire de la régence beylicale de Tunis, la première unité étant la Piastre espagnole avant d’évoluer en Ryal tunisien. Hérité des Hafsides dès le 13ème siècle et maintenu par les ottomans depuis leur conquête de la Tunisie en 1574. Sa dénomination remonte aux Almohades Nasrides (1147-1269 JC) qui ont repris le pouvoir aux Almoravides (1056- 1147JC) en Andalousie espagnole  et qui lui ont attribué une dénomination liée à leur émir « En Nasser ».

Son origine remonte au calife Almoravide Abdel Moumen (1130-1163) qui, pour se démarquer du Dirham arabe rond (2 cm, 3.5g), a créé cette emblématique monnaie de forme carrée désignée par Moumini (1.6cm, 1.5g) en référence à son créateur Abdel Moumen. Ce dernier a également fait baisser le poids du Dinar en or de 4.1g à 2.5g, tout en créant le « double dinar » de poids de 4.5g.

De ce fait, Abdel Moumen a bouleversé le système monétaire arabo islamique, exemplaire durant plus de 4 siècles en pureté (Titre de 900 pour mille et plus) et en clarté (indications d’identification), pour le rendre difficile à identifier par le non indication du gouvernant, du lieu et la date des monnaies, sauf rare exception.

Les monnaies des Almoravides, puis des Almohades Nasrides, n’indiquaient plus sur leurs faces et revers que des inscriptions religieuses caractérisées notamment par les inscriptions : « La Ilaha Illa Allah : Point de Dieu que Dieu», « La Ghaliba Illa Allah : Point de vainqueur que Dieu», « Mohamed Rassoul Allah : Mohamed messager de Dieu » ou « Al Mahdi Imamena : Le Mahdi est notre Imam ».

Le Moumini Almoravide, puis le Nasri Almohade des Nasrides, de titre appréciable en argent de 900 pour mille, frappés en très grand nombre, ont eu beaucoup de succès à tel point qu’ils ont été imités par les divers pouvoirs chrétiens aux alentours pour profiter de leurs succès économiques. Des imitations non réussis, en plus de la baisse du titre en argent et de l'allongement des cotes, ce qui fait du Millares une monnaie plus grande et moins épaisse que le Nasri.

En 1262, le Nasri carré est imité à Montpellier par Jacques 1er d’Aragon en le faisant appeler Millares, avec un titre inférieur de 750 pour mille, un poids de 1.3g et des cotes allongées, ce qui confère au Millares une épaisseur plus mince et des dimensions distinguables du Mimouni et du Nasri plus épais et plus petits.

Les inscriptions religieuses islamiques reprises sur le Millares ont fait émouvoir en 1266 le pape Clément 6, ce qui a poussé le roi d’Aragon à cesser leur production.

Il est à noter qu’en 1250, le pape est intervenu pour interdire la production du dinar en or reproduit avec ses inscriptions islamiques par les pouvoirs chrétiens

Toutefois, résultat de leur succès, leur frappe s’est poursuivie à Pise ou à Gênes. Le bémol pour les numismates, c’est que, mal frappées, ces Millares sont indéchiffrables. Il en existe même des exemplaires dont les inscriptions sont des cafouillis loin de l’écriture arabe.

Figure 2 – Millares en argent de forme carrée, imitation du Nasri des Nasrides (1147-1269) – Le Millares a été émis à Montpellier en 1262 par Jacques 1er d’Aragon et dans plusieurs pays chrétiens, Pise ou Gênes – La particularité de ce Millares est son cafouillis d’écriture n’ayant rien à voir avec l’écriture arabe.

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jeudi 6 juin 2024

La Chapelle de Carthage du Saint Louis 9 édifiée en 1841 par Ahmed 1er Bey (1837-1855), rasée en 1950 par le « Protectorat » français en Tunisie

Mais quelle mouche a piqué le « Protectorat » français pour détruire une aussi belle petite chapelle pleine d’émotions historiques et religieuses. Un magnifique petit écrin lumineux perché en haut de la colline de Carthage en hommage au Saint Louis 9 dont la dépouille a été ensevelie avec dignité sur cette terre accueillante berbéro punique. Depuis la fin des croisades et pour la première fois, la croix chrétienne est perchée ouvertement sur un bâtiment en terre d’Islam. Une chapelle témoignant de l’ouverture aux cultes monothéistes par ce petit pays flanqué à l’extrême pointe de l’Afrique en face de l’Europe appelant toujours à la paix entre les peuples et ayant toujours contrecarré avec justesse les courants extrémistes de tous bords.

Photo de gauche : Chapelle du Saint Louis 9 de style néogothique photographiée en 1888 - Construite sur la colline de Carthage sous l’impulsion du Roi de France Louis Philippe 1er , tout près du lieu où périt le Saint Louis 9 en route vers Jérusalem pour la dernière de ses croisades – Les travaux de sa construction débuteront en 1841 pour s’achever en 1845 sous la dynamique du puissant Guiseppe Raffo, « Oncle et Ministre» du Bey, et de Lella Jeannet, Francesca Rosso la Tabarquine de Sardaigne, mère d’Ahmed 1er Bey (1837- 1855) dit le Bey Sarde – Elle sera détruite en 1950, geste malheureux du « Protectorat » français, pour ne laisser place qu’à la grande basilique édifiée en 1890. 

Photo de droite : Dès le début des travaux, le Roi de France Louis Philippe 1er a commandé une statue de Louis 9 qui sera sculptée en marbre par Charles Emile Seurre et envoyée à Carthage en 1841  -– Réf. ARTmedina-tounes –

LAbbé Fourcade a été le premier à avoir posé ses simples bagages à la Chapelle St Louis 9 et consacré sa vie à son entretien, en veillant chaque année le 25 Août à la remémoration du Saint Louis 9 à l’occasion de la date de son décès.

Assez diplomate, intègre, pieux et croyant à la paix entre les différentes communautés monothéistes arabes, chrétiennes et juives, il a tissé des relations amicales avec les habitants d’alentour. Il a créé une école et un dispensaire hôpital. Passionné d’archéologie, il était parmi les premiers à avoir prospecté les ruines de Carthage la punique. Ouvert, il a partagé ses connaissances et trouvailles en publiant pas moins de 5 publications. L’actuel musée de Carthage a été  bâti sur le lieu créé à cet effet par l’Abbé Fourcade.

En guise de récompense, l’Abbé Fourcade a été diabolisé pour ses positions jugées  pro arabes et éloigné des coins merveilleux de sa Carthage et de la piété du Saint Louis. Extrêmement affecté, on l'a  laissé mourir à l’agonie à cause de ses positions politiques. En extrême précarité dans une misérable demeure au Mont rouge près de Paris.

Paix à l’âme de l’Abbé Fourcade et reconnaissance à l’œuvre de ce petit Franco-tunisien de cœur qui a réalisé autant d’entreprises de bienveillance que la mère Théresa. Il mérite en effet le prix Nobel de la paix.

Monhel

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